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Le dispositif commissaire vidéo de l’UCI précisé

C’était dans l’air du temps depuis un petit moment. Et puis le contentieux Bora – Hansgrohe contre l’UCI au sujet de l’incident entre Peter Sagan (Bora – Hansgrohe) et Mark Cavendish (Dimension Data) a sans doute accéléré les choses (lire ici). A moins que ce ne soit un hasard de timing avec l’arrivée du nouveau Président de l’Union Cycliste International (UCI), David Lappartient. En tout cas dès 2018 certaines courses vont disposer d’un commissaire assistant vidéo ( « Support Commissaire » dans le communiqué de l’UCI, en anglais) pour aider les commissaires de course. Guy Dobbelaere, commissaire international, a eu l’occasion de préciser le dispositif à Sporza et au Het Nieuwsblad.

Premièrement on sait les courses qui seront concernées : Les cinq Monuments à l’exception du Tour de Lombardie (Milan-San Remo, Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège), les trois Grands Tours (Giro, Tour de France, Vuelta) et les Championnats du Monde. Sur chacune de ces courses le panel de commissaires habituel sera assisté d’un commissaire assistant dédié à la détection d’infractions par vidéo. Sur chacune de ces courses le commissaire sera du pays de l’épreuve (excepté Championnats du Monde qui est un cas à part). Pour l’ensemble de ces courses, quatre commissaires ont donc été désignés pour cet exercice : un Italien, un Belge (Guy Dobbelaere), un Français et un Espagnol.

Concrètement, et contrairement à ce qu’on peut souvent lire, il ne s’agit nullement de l’introduction de l’arbitrage vidéo dans le cyclisme puisque celui-ci existe en réalité depuis des décennies. Systématiquement, en cas d’arrivée litigieuse par exemple, les commissaires se basent uniquement sur les vidéos (quand elles existent) pour déterminer s’il y a faute ou non. Dans le cas Sagan, Cavendish sur le dernier Tour, c’est d’ailleurs bien sur la base de vidéo que les commissaires ont décidé d’exclure Sagan. Le problème était justement qu’un arbre obstruait la vue aérienne au moment du contact. En soit d’ailleurs, en pareil cas, avoir un commissaire supplémentaire ne changerait pas forcément grand chose, vu que ce jour là, l’ensemble du jury des commissaires a scruté le sprint sous tous les angles (vidéos) pendant près de deux heures après l’arrivée pour prendre sa décision. Dans le meilleur des cas le commissaire assistant est plus compétent qu’un commissaire sportif « classique » pour utiliser les outils vidéos et ainsi mieux analyser les images mais déjà, en général, les commissaires ont à disposition par l’organisation une partie des régies qui servent à la retransmission et sont entourés de professionnel de la vidéo.

Mais alors à quoi va servir ce commissaire  vidéo ? Son apport se verra surtout durant le déroulé de la course. « Le téléspectateur en voit plus que les commissaires ! Ce commissaire de soutien (support commissaire) pourra alerter ses collègues sur la course en temps réel » avait déclaré David Lappartient au journal Le Monde. Une phrase un peu malheureuse puisqu’en réalité les commissaires, dont la tâche n’est pas simple, voient aussi beaucoup de choses que les caméras ne voient pas, notamment dans la file des voitures, qui est l’endroit le plus propice aux dérives (les communiqués quotidiens de l’ensemble des sanctions pris à la fin d’une course ou d’une étape sont là pour en témoigner). Mais il est vrai aussi qu’une infraction diffusée en direct à la télé posent problème quand il n’y a pas un commissaire à côté pour la voir et la sanctionner. Même si comme on l’a dit, les arbitres pourront le faire à posteriori (et ne s’en privent généralement pas), en revoyant les images dans le camion de production TV… mais après l’arrivée donc (à l’image de l’exclusion a posteriori de Gianni Moscon lors du Mondial de Bergen). Ce qui n’est pas toujours compris du public.

Le problème est que pour l’instant l’ensemble des commissaires destiné à sanctionner la régularité de la course évoluent uniquement à l’échelon course et peu sont les organisateurs qui ont les moyens de mettre des télés dans les voitures de commissaires (comme il en existe dans toutes les voitures de directeur sportif). Et quand bien même il y en a, la TV en voiture ne marche pas souvent (notre liver peut vous le confirmer). Ainsi par exemple quand Gianluca Brambilla et Ivan Rovny se battent, en face de la caméra, en direct à la TV alors qu’ils sont en échappée sur la seizième étape du Tour d’Espagne 2014, il y avait bien un commissaire juste derrière mais de dos et avec la taille du groupe, il a décidé de laisser la décision au Président du Jury. Or celui-ci, qui se trouve dans la voiture derrière le peloton, n’ayant pas vu l’incident, devait d’abord visionner les images. Mais à cet endroit la connexion n’était pas bonne et il a fallu qu’il attende que le réseau cellulaire revienne pour télécharger la vidéo afin de juger correctement l’incident et y apporter la sanction adéquate. Ce qui explique que les deux coureurs soient restés encore un petit moment dans l’échappée après la bagarre avant qu’on ne leur notifie leur exclusion de la course. Le commissaire assistant vidéo pourra lui prendre la décision de lui-même et immédiatement (comme tout commissaire il peut aussi décider de laisser la décision au vote de l’ensemble du jury ou au Président du Jury s’il l’estime nécessaire). En terme d’image auprès du public, la régularité de la course devraient donc être améliorés.

Mais ça ne s’arrêtera pas là. L’autre apport du commissaire assistant vidéo est qu’il aura accès à toutes les caméras en permanence et donc pas uniquement à l’image diffusée à la télé. A l’heure actuelle, les commissaires peuvent demander à visionner toutes les vidéos existantes pour sanctionner correctement une possible violation des règles. Mais si l’image, bien que filmée, n’a pas été diffusée en direct et qu’il n’y avait de commissaire aux alentours du fait litigieux, alors comment en avoir connaissance et savoir où chercher ? (à moins de visionner toutes les bandes après chaque fin d’étape, ce qui est quasiment impossible). Le commissaire assistant vidéo surveillera lui en temps réel toutes les images à disposition. Les chances pour des coureurs ou directeurs sportifs ayant commis une infraction de s’en tirer vont donc diminuer.

Ce nouveau dispositif, mis en place à partir de 2018, n’introduit donc pas la vidéo dans l’arbitrage puisqu’elle est utilisée par les commissaires quasiment depuis que les courses cyclistes sont retransmises. L’objectif de l’UCI avec le commissaire vidéo est de mieux tirer partie de l’apport de la vidéo et ainsi améliorer l’image de régularité de la course et surtout de ne plus avoir de situation où un coureur commet une infraction, filmée et diffusée en direct, qui ne soit pas sanctionnée ou du moins pas immédiatement. Par contre pas sûr que ce nouveau commissaire vidéo permette d’éviter des situations comme celle de Sagan/Cavendish sur le dernier Tour de France, aussi rares soient elles. Pour ça la seule solution semble être d’élaguer les arbres pour ne pas boucher la vue aérienne… Mais c’est un peu hors de proportion et ça risque de ne pas plaire aux écologistes.

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