Wout van Aert n’est pas encore prêt à dire au revoir au cyclo-cross
Impérial ! Wout van Aert (Belgique) a dominé ces Championnats du Monde de la tête et des épaules. Comme l’an passé il ne partait pas comme principal favori et comme l’an passé, il a pris possession de la course comme si c’était la sienne. À la différence d’un Peter Sagan, van Aert n’est pas le premier à s’imposer trois fois consécutivement sur les Championnats du Monde de sa discipline, loin de là même puisque Eric De Vlaeminck s’était lui imposé six fois consécutivement, mais la performance du coureur de 23 ans reste remarquable. Surtout à quelques semaines de s’atteler à un autre défi : les classiques pavées.
Wout, quel est le sentiment ?
C’est une grande surprise pour moi. Je ne pensais pas avant la course être en mesure de réaliser une telle performance. Mathieu n’était pas à son niveau normal. C’était une course difficile pour lui alors que moi j’étais dans un excellent jour. Il reste l’homme de la saison. Il a été très fort durant l’intégralité de la saison de cyclo-cross. Pour moi, aujourd’hui ce fut l’un des meilleurs jours de ma vie. Je me sentais très fort et tout s’est bien passé dans les secteurs de course à pied. Une journée comme celle-ci n’arrive pas souvent dans une carrière et quand ça tombe le jour des championnats du monde, c’est magnifique.
Comment avez-vous géré ?
Mon objectif était de suivre Mathieu dans le premier tour. Je ne voulais pas accélérer au début car quand Mathieu revient et se met à partir seul, il est trop fort. Mieux vaut faire la différence sur toute la course. Dans le premier tour, j’ai eu du mal à le suivre. Cela m’a coûté beaucoup d’énergie mais je m’y étais préparé et je savais que la suite de la course dépendrait de ma capacité à rester avec lui. Puis dans le deuxième tour je me suis senti très fort. Je suis passé devant, j’ai pu imprimer mon rythme et j’ai rapidement créé un écart. Je ne m’y attendais pas. Je suis quelqu’un qui fonctionne beaucoup au mental. C’est ce qui me permet de me dépasser.
Il y a quand même eu une petite frayeur avec cette chute.
La chuté m’a un peu déconcentré. J’ai fait une erreur et ça m’a un peu fait perdre le rythme. Je savais qu’il restait une vingtaine de minutes à faire et j’ai vraiment lutté pour me re-concentrer et retrouver mon rythme. J’ai fini vidé. Sur ce circuit il était impossible de ne pas commettre d’erreurs.
Qu’est-ce qui a fait, après une saison pas à la hauteur de vos attentes, qu’aujourd’hui vous avez dominé tout le monde.
Je n’avais rien à perdre. Je n’avais pas de stress ou de pression particulière. Mathieu était l’homme de la saison. Je pense que c’est ce qui a fait qu’il a eu un jour compliqué. Ce n’est pas simple de se concentrer sur un objectif d’une seule journée.
Cette victoire sauve votre saison.
Non. Je me ridiculiserais à dire ça. La saison dure 6 mois. J’ai fait un planning différent cette saison avec d’autres objectifs. J’ai eu du mal à trouver ma forme en première moitié de saison. Pour aujourd’hui j’avais l’avantage d’avoir deux titres mondiaux derrière moi. Maintenant la période des classiques (sur route, ndlr) arrive bientôt mais cette année, ce sera avant tout un apprentissage.
Vous allez donc vous attaquer pour la première fois aux grandes classiques pavées. Ce troisième titre mondial ne pourrait-il pas être une sortie par la grande porte ?
J’aime tellement ce sport. Il est si beau. Je ne peux pas lui dire au revoir. Ce n’est pas mon but de passer complètement à la route. C’est mon troisième titre consécutif. Je pense que c’est quelque chose d’historique dans le cyclo-cross. Ceux qui l’ont fait avant moi sont des icônes de ce sport et c’est un rêve de faire partie de ce petit comité. J’ai travaillé dur pour y arriver et maintenant il est temps de profiter.