Richie Porte, l’occasion ou jamais ?

En 2017 Richie Porte (BMC) abordait le Tour de France comme grand favori de l’épreuve. Même s’il arrive sur ce Tour 2018 avec le Tour de Suisse dans la poche (alors qu’il avait perdu le maillot jaune le dernier jour du Critérium du Dauphiné en 2017) l’Australien ne jouit pas du même statut aujourd’hui. Pourtant le coureur de BMC semble plus détendu que jamais ici au Vendéspace de Mouillon-le-Capitf où le Tour de France a pris ses quartiers en attendant le départ samedi. Le coureur de BMC est récemment devenu papa et confie que durant les deux semaines qui ont séparé sa victoire au Tour de Suisse du Grand Départ du Tour, il s’est initié aux changements de couches. Malgré tout, Porte sait que la première semaine sera cruciale.

« Les neuf premières étapes seront très piégeuses. Il faudra déjà passer cette première partie et je pense que tout le monde pourra souffler au premier jour de repos. L’avantage, c’est que nous avons une très bonne équipe pour cette première semaine avec de solides rouleurs comme Patrick Bevin, Stefan Küng qui est le meilleur chronoman ici au départ, Michael Schär, qui est un excellent coureur, largement sous-estimé mais excellent pour le type de course qu’on devrait retrouver en première semaine. Quant à Greg Van Avermaet, il n’est pas trop mauvais sur les pavés (sourire) » . 

Si la première semaine est source de stress, elle contient aussi un objectif : le contre-la-montre par équipes de Cholet, le troisième jour. À la fois un objectif naturel pour l’équipe de Jim Ochowicz et pour Porte lui-même qui peut espérer prendre du temps à ses adversaires mais aussi un point stratégique important. Car la première semaine est effectivement piégeuse avec des étapes qui pour certaines ressemblent à des classiques. « Pour nous, il est important de gagner ce contre-la-montre par équipes, confirme d’ailleurs Stefan Küng. Peu importe qui prendra le maillot mais ce n’est jamais trop tôt pour prendre le maillot car avec une semaine si nerveuse, bénéficier du respect du maillot pour courir à l’avant est un objectif important » .

Le point d’orgue de cette première semaine, ce sera bien sûr l’étape des pavés, dimanche 15 juillet, la veille de ce fameux premier jour de repos. Sur les voies romaines du Nord de la France, Porte ne s’était pas trop mal débrouillé en 2014, parmi les favoris tout du moins. « Je dois créditer Geraint (Thomas) pour l’étape des pavés de 2014 car ce n’est pas vraiment mon truc, mais je pourrai m’appuyer sur une super équipe pour cette étape avec Greg bien sûr. Les autres coureurs visant le général n’auront pas l’équipe que nous avons pour les pavés » . À l’inverse, dans la montagne, Tejay Van Garderen et Damiano Caruso risquent d’être un peu limité face à des armadas comme Sky, Movistar, Bahrain – Merida voire même Astana.

Interrogé sur ses adversaires, comme tous les principaux favoris, Porte souligne la densité de prétendants mais lorsqu’il est interrogé sur les coureurs qui l’ont le plus impressionné dernièrement, Porte cite d’emblée Jakob Fuglsang (Astana). « C’est celui qui m’a le plus surpris. Sur le Tour de Suisse, il a perdu du temps sur le chrono par équipes mais il a ensuite été super en montagne et a fait un dernier chrono impressionnant. (Romain) Bardet et Geraint (Thomas) semblaient très forts sur le Dauphiné. Il y a beaucoup de prétendants cette année mais pas un grand favori » . Et Froome ? « J’espère qu’il sera lessivé du Giro (sourire). J’étais ici en 2011 quand Alberto Contador a tenté le doublé (Porte faisait partie de la garde rapprochée de Contador sur le Giro et le Tour de France, ndlr). Il a gagné le Giro mais a terminé cinquième du Tour… Cependant Chris a fait le Giro avec une super équipe et vient sur le Tour avec une équipe peut-être encore plus forte. S’il y a quelqu’un qui peut faire ce doublé, qui n’a pas été accompli depuis 20 ans, c’est bien lui. Avec l’affaire du Salbutamol qui vient d’être classée, il va sans doute être plus motivé que jamais mais j’espère quand même qu’il sera fatigué de son Giro. Des coureurs comme Nairo Quintana et Vincenzo Nibali, qui seront plus frais, l’attaqueront » . 

Quant à la triplette Movistar (Quintana, Valverde, Landa), Porte pointe sans hésitation les faiblesses stratégiques pour lesquelles l’équipe Movistar est bien connue. « C’est toujours mieux d’avoir trois leaders mais il faut aussi savoir quand jouer ses cartes. Sur le Tour de Suisse Mikel Landa a attaqué (lors de l’arrivée au sommet de Leukerbad, ndlr) avec le vent de face et alors que j’avais encore des équipiers avec moi comme Greg Van Avermaet. Quintana a lui attaqué à 26 kilomètres de l’arrivée (lors de l’arrivée au sommet d’Arosa, ndlr)… »

Depuis le Tour de Suisse, en plus de changer les couches de son jeune fils, Porte a aussi perdu du poids mais sans excès. « En 2015 sur le Giro, je stressais beaucoup sur mon poids et finalement dans la première semaine de course, le poids n’est pas crucial. Ça reste important mais ça ne doit pas être une obsession » . Si Porte ne semble pas aussi fort physiquement que l’an passé, l’Australien semble avoir gagné en expérience et en maturité. Après sa terrible chute sur le Tour 2017, après un début de saison 2018 compliqué par des pépins de santé, Porte arrive en forme au bon moment. À 33 ans, ce Tour de France est peut-être sa dernière chance de prouver qu’il est bel et bien en mesure de remporter un Tour de France. Si l’an passé, il débutait le Tour comme grand favori, son élimination sur chute fait que son meilleur résultat en Grand Tour sa cinquième place sur le Tour 2016.

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