John Degenkolb : « Ça a été très dur pour moi »
« C’est fini ! » C’est ce que John Degenkolb (Trek – Segafredo) a dit à Christian Prudhomme lorsqu’il arriva au podium protocolaire pour célébrer sa victoire. Le coureur allemand fait bien entendu référence à cette période qui a commencé le 23 janvier 2016 lorsque lui et cinq de ses équipiers d’alors (chez Giant – Alpecin) ont été renversé violemment par une conductrice du côté de Calp alors qu’ils s’entrainaient. De nombreuses fractures, des plaies profondes, l’index de la main gauche partiellement sectionné… Cet accident avait particulièrement ému le monde du cyclisme. Si Degenkolb, à force de courage, a réussi à revenir à la compétition en mai et a renoué avec la victoire dès 2016, il n’était depuis pas revenu au niveau qui lui a permis de remporter Milan-Sanremo et Paris-Roubaix en 2015. En s’imposant à Roubaix aujourd’hui sur la 9e étape du Tour, à quelques mètres du vélodrome, John Degenkolb s’offre donc cette victoire au terme d’une étape hors du commun devant le maillot jaune Greg Van Avermaet (BMC), un autre ancien vainqueur de Paris-Roubaix.
John, quel est le sentiment ?
Je pense que c’est… fantastique. Je n’ai pas les mots. Bien sûr ça ramène les souvenirs de 2015 quand j’étais ici même (il fait référence à la conférence de presse qui a lieu à l’intérieur le Stab’, le vélodrome couvert, comme pour Paris-Roubaix, ndlr)
Après tout ce que vous avez enduré, n’est-ce pas la plus belle victoire de votre carrière ?
Si on ne prend que les deux dernières années, oui, on peut le voir ainsi. Mais quand même… avoir le pavé à la maison a encore plus de valeur pour moi. C’est juste mon approche personnel. Mais c’est vrai que cette victoire aujourd’hui est une telle délivrance que le sentiment est un peu similaire à quand j’ai gagné Roubaix.
Quelle a été la chose la plus dure depuis l’accident ?
Ça a été très dur pour moi. Beaucoup de monde ne croyait plus en moi et pensait que je ne reviendrai jamais au niveau où j’étais avant. C’est sûr qu’il y a eu plusieurs retour en arrière. Il y a quelques mois, ici même sur Paris-Roubaix, je suis tombé et j’ai eu une vilaine blessure au genou. Je n’ai pas pu faire de vélo durant 4 semaines… C’était encore un retour en arrière. Vous vous mettez à douter de vous-même et c’est la partie la plus difficile : perdre la confiance. Je suis tellement content que ma femme et ma famille m’aient toujours donné la force. La force de travailler à 100%. Et c’est ce qui m’a permis de croire en ma réussite.
Arrivant avec Van Avermaet et Lampaert justement, vous croyiez en vos chances ?
Les dix derniers kilomètres avaient un air de déjà vu. C’était le même groupe que l’année où j’ai gagné Roubaix et ça m’a aussi aidé dans le final et qui m’a permis de croire en mes chances de les battre, de croire en mon sprint. J’avais de bonnes jambes et je n’étais pas à fond et j’avais gardé de la réserve.
Quelle est la différence entre Paris-Roubaix et cette étape du Tour de France ?
C’était très différent, c’est sûr. Dès le départ fictif, c’était très nerveux. Je pense que le plus important pour tout le monde aujourd’hui était d’éviter les problèmes et les chutes. Les intérêts des équipes sont très différents sur une étape comme celle là qu’à Paris-Roubaix.
Vous avez dédié votre victoire à un de vos amis qui est récemment décédé. Pouvez-vous nous en dire plus ?
C’était le meilleur ami de mon père et il m’a toujours supporté quand j’ai commencé le vélo. Dès le début, il nous a beaucoup aidé, allant à toutes les courses où nous allions en Europe. En octobre dernier il a eu un accident horrible à son travail et n’a pas survécu. J’ai dédié tout mon travail hivernal à sa mémoire. Quand les gens ne croyaient plus en moi, je gardais en moi que je devais au moins encore obtenir une grande victoire pour lui.