Amstel Gold Race : Philippe Gilbert puissance 4
Le nouveau format de l’Amstel Gold Race a offert un grand spectacle ce dimanche dans le Limbourg néerlandais. Au terme d’une dernière heure de course très mouvementée, c’est finalement Philippe Gilbert (Quick Step Floors) qui s’est offert l’épreuve batave pour la quatrième fois de sa carrière. Habitué des attaques dans le Cauberg, désormais placé plus loin de l’arrivée, le champion de Belgique s’est cette fois-ci porté à l’avant à plus de quarante kilomètres du but avant de s’isoler avec Michal Kwiatkowski (Team Sky) dans les dernières minutes. Le vainqueur du Tour des Flandres s’est alors payé le lauréat de Milan-San Remo au sprint, que le Polonais a lancé de très loin. Michael Albasini (Orica-Scott) s’est adjugé la troisième place en réglant un groupe de poursuivants décramponné par le duo à seulement cinq kilomètres de la ligne. Philippe Gilbert poursuit son printemps de rêve après son triomphe sur le Ronde et ses victoires aux Trois Jours de La Panne. Il devient aussi le troisième coureur de l’histoire à remporter le Ronde et l’Amstel la même année, tels Eddy Merckx et Jan Raas avant lui, preuve de sa grande panoplie.
Dès le baisser de drapeau, les premières offensives sont lancées dans le paquet. Stijn Vandenbergh (AG2R-La Mondiale) initie un mouvement, suivi des Néerlandais Lars Boom (LottoNL-Jumbo) et Tim Ariesen (Roompot-Nederlandse Loterij). Le trio se construit un petit avantage mais ça repart en contre, et ce sont finalement neuf coureurs qui se joignent à eux pour former une échappée de douze hommes. On retrouve là, en dehors des trois déjà cités, Nikita Stalnov (Astana), Mads Wurtz Schmidt (Katusha-Alpecin), Michel Paluta (CCC-Sprandi Polkowice), Brendan Canty (Cannondale-Drapac), Johan Van Zyl (Dimension Data), Kenneth Van Rooy (Sport Vlaanderen Baloise), Pieter Vanspeybrouck (Wanty-Groupe Gobert), Vincenzo Albanese (Bardiani-CSF) ainsi que Fabien Grellier (Direct Energie). Le peloton laisse filer cette grosse échappée et lui accorde jusqu’à huit minutes et trente secondes d’avance, au pied du premier passage sur le Cauberg. Il reste alors plus de 200 kilomètres et l’écart se stabilise, grâce au travail de la Sunweb et de la Lotto-Soudal dans le peloton. C’est sur un train modéré que s’effectue ainsi les trois premières heures de course, effectuées à 40 km/h de moyenne. Les équipiers de Michael Matthews et Tim Wellens continuent leur travail de sape et ramène l’écart à cinq minutes à environ cent kilomètres de la ligne. Dès lors, l’écart ne fera plus que de diminuer.
Quelques chutes émaillent l’avancée du peloton mais aucun favori n’est touché et c’est ainsi que la ligne d’arrivée à nouveau franchie, à 85 kilomètres de la ligne, par un paquet encore bien compact et pointé à moins de quatre minutes. Le rythme est encore raisonnable à cet instant, et ce ne sera plus le cas pour longtemps. À 75 bornes de l’arrivée, la BMC vient prendre les commandes et accélère vivement l’allure. Le peloton s’étire mais seuls les plus faibles lâchent prise. L’équipe américaine maintient son étreinte pendant une vingtaine de kilomètres alors que l’échappée se disloque. Fabien Grellier part seul à plus de 50 kilomètres de l’arrivée et voit tous ses compagnons repris par un peloton désormais lancé à pleine vitesse. Se profile alors une portion de quinze kilomètres comprenant cinq bosses et la tension monte d’un cran. Grellier passe le Gulpenerberg en tête mais est repris peu avant le Kruisberg, à 40 bornes du but. Le peloton arrive plein pot dans ce mont, et les attaques ne tardent pas se produire. Tiesj Benoot (Lotto-Soudal) lance les hostilités, d’abord suivi par Sergio Henao (Team Sky), Philippe Gilbert (Quick Step Floors) puis part Bert-Jan Lindeman, Michael Albasini (Orica-Scott), Nathan Haas (Dimension Data) et encore plus tard par Ion Izagirre (Bahrain-Merida) et Jose Joaquin Rojas (Movistar).
Ce groupe de huit prend ses distances avec le reste de la meute et l’allure y est très élevée. La Sunweb tente de rouler pour Michael Matthews mais la course se décante au fil des kilomètres. Dans l’Eyserbowsweg, Benoot est victime d’un saut de chaîne et doit abandonner sa place en tête. Derrière, ça relance sans cesse dans le peloton et Tim Wellens, ayant écho de la mésaventure de son coéquipier, passe à l’attaque. dans le Fromberg ! Le Belge tente d’aller faire la jonction seul alors qu’Enrico Gasparotto et Roman Kreuziger se retrouvent à terre et éliminés de la course. Puis c’est le Keutenberg qui se présente face aux coureurs. Wellens est sur le point de faire la jonction, mais le peloton revient fort et les favoris se dévoilent. Greg Van Avermaet (BMC) attaque, suivi par Alejandro Valverde (Movistar) et Michal Kwiatkowski (Team Sky). Wellens est repris, le groupe Gilbert est à portée de fusil, mais seul Kwiatkowski parvient à faire le jump. Aussitôt revenu devant, le Polonais met son coéquipier Henao à contribution. Au sommet, Van Avermaet et Valverde ne sont qu’à quelques mètres, mais on ne les attend pas en tête. La vitesse est effrénée et une lutte s’instaure. Devant, Gilbert, Henao, Albasini, Haas, Izagirre et Kwiatkowski travaillent, avec Rojas dans leur roue, tandis que Wellens, Van Avermaet, Felline, Valverde, Jungles, Rui Costa et Barguil tentent de collaborer en contre. Mais au fil des kilomètres, c’est le premier groupe qui semble prendre un avantage. À 20 kilomètres du but, l’écart est déjà de 30 secondes alors que le peloton est lui pointé à près d’une minute. L’ascension du Cauberg est avalée sans que la moindre attaque ne se produise à 18 bornes du but.
Au passage sur la ligne, Van Avermaet et ses collègues d’infortune sont pointés à près de 40 secondes, le peloton à plus d’une minute. Et l’allure ne s’atténue pas lors des kilomètres qui suivent en tête de course. Chacun y met du sien, à l’exception de Rojas, qui joue la carte Valverde. L’allure reste constante grâce aussi au travail de Sergio Henao, parfait coéquipier pour Kwiatkowski. L’écart grandit peu à peu et le contre semble rendre les armes dans les dix derniers kilomètres. Devant, les hommes de tête s’en vont affronter les pentes du Bemelerberg, dernière difficulté du jour. Kwiatkowski attaque d’emblée, mais Gilbert s’accroche, tout comme le reste du groupe. Puis le champion de Belgique contre, suivi comme son ombre par le Polonais. Au sommet, le groupe est quasiment roue dans roue mais Haas se relève et personne ne prend la roue du duo Gilbert-Kwiatkowski. Après quelques secondes, le Wallon s’en aperçoit et relance l’allure. Le vainqueur de La Primavera le relaie et leurs compagnons de fuite se retrouvent piégés. Personne ne semble réellement faire l’efforts, et ceux individuels de Haas puis de Rojas sont infructueux. En l’espace d’un kilomètre, Gilbert et Kwiatkowski prennent le large et s’en vont se jouer la victoire en duel. On compte même 20 secondes d’écart à deux kilomètres et les deux hommes s’observent alors une fois la flamme rouge passée. Gilbert mène devant son rival, qui le laisse faire. Un jeu du chat et de la souris s’instaure et Kwiatkowski essaie finalement de surprendre le Belge avec un démarrage à près de 250 mètres du but. Il prend quelques mètres sur son accélération mais Gilbert ne lâche pas prise et remonte progressivement pour finalement le dépasser à 30 mètres de la ligne ! Après le Ronde, Gilbert s’offre sa 4e Amstel, devant Kwiatkowski, tandis qu’Albasini règle le groupe de contre pour la troisième place.
Classement
1 Philippe Gilbert (Quick-Step Floors)
2 Michal Kwiatkowski (Team Sky) m.t
3 Michael Albasini (ORICA-Scott) à 0’10
4 Nathan Haas (Dimension Data) m.t
5 José Joaquín Rojas (Movistar Team) m.t
6 Sergio Luis Henao (Team Sky) m.t
7 Ion Izagirre (Bahrain Merida Pro Cycling Team) à 0’14
8 Michael Gogl (Trek – Segafredo) à 1’10
9 Sonny Colbrelli (Bahrain Merida Pro Cycling Team) à 1’11
10 Michael Matthews (Team Sunweb) m.t
Plus d’informations à venir…