Christopher Froome : « Une étape brutale »
Cette neuvième étape du Tour de France restera dans les annales. Et Christopher Froome (Team Sky) en est l’un des grands gagnants. Le triple vainqueur du Tour prend la troisième place de l’étape, les 4 secondes de bonifications et voit surtout un certain nombre de sérieux prétendants perdre beaucoup de temps au général. Daniel Martin (Quick Step) passe à 1’44 après sa double chute dans la descente du Mont du Chat, Nairo Quintana (Movistar) passe à 2’13, Alberto Contador (Trek – Segafredo) passe à 5’15… et bien sûr le principal prétendant sur le papier, Richie Porte (BMC) qui disparaît de la course après sa terrible chute.
« Je m’attendais à ce que le classement général soit complètement bouleversé avec cette étape et ça a été le cas, racontait Froome après l’étape. Le classement général est maintenant beaucoup plus étalé avec plus que 4 coureurs dans la minute, alors que nous étions encore une dizaine ce matin… Ça a été une étape brutale. De bien des manières. Pour nous, nous avons perdu Geraint (Thomas) et pour la course, c’est un énorme choc de perdre Richie. Personne ne veut voir un des principaux prétendants au sol comme ça. C’est terrible ! ».
A chaque jour son moment de frayeur néanmoins. Hier c’était un tout droit dans une descente, aujourd’hui c’est un changement de vélo en pleine ascension du Mont du Chat. Vraiment pas le moment idéal. « Chris avait demandé à changer de vélo, expliquait son directeur sportif Nicolas Portal. Mais la route était très étroite et nous ne parvenions pas à remonter avec la voiture ». Mais alors que Froome s’arrête pour changer de vélo, Fabio Aru (Astana), pourtant derrière le Britannique au moment où celui-ci lève le bras attaque. Froome est en train de changer de vélo alors que Aru part avec Quintana, Porte et d’autres dans la roue… Heureusement le groupe attend le maillot jaune. Lorsque Froome revient dans le groupe, il y a eu un léger contact entre lui et Aru. Rappel à l’ordre ?
Non selon Froome ! « Je ne savais même pas que Fabio avait attaqué quand j’avais eu mon problème. On me l’a appris à l’arrivée. Au moment de l’incident en lui-même, j’étais tellement absorbé par mon changement de vélo, par savoir où était ma voiture… Apparemment Richie a dit aux autres d’attendre, leur aurait dit que ce n’était pas le moment d’attaquer quand le maillot jaune avait un problème. Merci à lui et aux autres qui ont attendu. Donc non quand je suis revenu dans le groupe je n’étais pas conscient de cette attaque. Donc non je ne lui ai pas parlé après quand je suis revenu. J’ai juste un moment perdu le contrôle mon guidon ».
Le classement général se redessine et l’équilibre des forces aussi. Désormais les adversaires sont Fabio Aru (Astana), deuxième du général à 18 secondes et Romain Bardet (AG2R La Mondiale), troisième du général à 51 secondes qui a été à l’attaque sur la fin de l’étape. « Dans le final il fallait absolument rentrer sur Bardet, explique Portal. Sinon un coureur dangereux au général aurait repris du temps. Vu l’étape qu’il a faite, il est clairement solide. Il avait les jambes pour le faire. Je pense qu’il est un bon ton au dessus de l’an passé ».
Froome est l’un des grands gagnants de la journée à la fois parce qu’aucun de ses adversaires n’a su le mettre en danger mais d’autant plus de par la force collective démontrée par son équipe Sky. Alors qu’aux moments les plus difficiles, les adversaires de Froome n’avaient pas de coéquipiers, si ce n’est épisodiquement des coureurs lâchés du groupe de tête, Froome a régulièrement pu s’appuyer sur Mikel Nieve, Mikel Landa et Sergio Henao qui n’ont disparu que lorsque la course des leaders s’est vraiment décantée dans le Mont du Chat. Une démonstration de force de la part de Sky !
Heureusement c’est encore loin d’être fini. Froome n’a pas non plus un avantage colossal et si Sky a fait une démonstration collective, comme à La Planche des Belles Filles, l’équipe AG2R La Mondiale a été assez remarquable également et Bardet a montré qu’il n’avait pas peur d’attaquer, même si ce n’est qu’un rappel puisque nous le savions déjà. Quant à Astana, ils peuvent s’appuyer, comme au Dauphiné, sur le duo Aru et Fuglsang, qui est lui pointé à 1’37 en cinquième position du général.