Le prodige Adrien Costa prend encore un peu plus ses distances
Rien ne dit que l’on reverra un jour Adrien Costa dans une course professionnelle. Le jeune et talentueux Américain, espoir s’il en est du cyclisme mondial, a décidé de prolonger sa pause décrétée l’été passé. Après une première année espoirs couronnée de succès, avec sa victoire finale sur le Tour de Bretagne, ses bouquets sur le Tour de l’Avenir, le Tour de Savoie Mont-Blanc ou encore ses podiums au général du Tour de l’Avenir (3e), du Rhône Alpe-Isère Tour (3e) ou bien même Tour de l’Utah (2e), le tout à seulement 18 ans, le jeune homme avait décidé, en juillet 2017, de faire une pause avec le vélo, dans un souci de bien-être personnel et pour découvrir autre chose.
Compréhensive, son équipe Axeon-Hagens Berman, depuis promue en division continentale professionnelle, lui avait tout de même réservé une place dans son effectif 2018. Place qu’Adrien Costa a finalement refusé, comme il l’a annoncé hier dans un long communiqué expliquant son choix de rester encore – et de manière non définie – à l’écart du cyclisme professionnel.
« Je ne suis pas encore prêt à revenir, a-t-il simplement exposé. Et plus j’y pensais, plus je me rendais compte que je ne voulais pas prendre une place dans l’équipe quand cela signifiait priver quelqu’un d’autre de cette opportunité. Depuis que j’ai arrêté de courir en avril 2017, j’ai beaucoup appris sur moi-même et j’ai réalisé à quel point le cyclisme prenait une place importante et disproportionnée chez moi. Je savais que si je reprenais la course, ce serait d’une manière différente, plus détendue. Je n’étais plus capable d’avoir cette obsession et cette précision dans l’entraînement et la compétition, avec lesquelles je me réveillais tous les jours pendant un moment. Je savais que je devais m’appuyer sur d’autres choses dans la vie pour me procurer plus d’équilibre et plus de bonheur de manière générale. »
« Après un certain temps aux Etats-Unis, j’ai voyagé et travaillé en France, ce qui m’a permis d’explorer mes autres intérêts tout en revenant à la joie fondamentale de faire du vélo pour le plaisir. Quand il s’agissait de penser à la course, néanmoins, je pouvais dire que mon cœur n’y était pas à 100%. Et le cyclisme est un sport si dur qu’on ne peut pas tricher quand c’est le cas. Du coup, alors que le stage d’Axeon approchait, je me suis rendu compte que l’équipe méritait plus qu’une version de moi à 50%. J’ai décidé que je ne voulais pas prendre la place de quelqu’un de beaucoup plus méritant, de beaucoup plus motivé, et que je ne voulais pas être payé pour courir médiocrement sur quelques courses en 2018 ».
« Je suis enthousiaste quant à l’année qui se profile. Je vais retourner à l’Université d’état de l’Oregon pour terminer mes études en ‘Outdoor Leadership and Tourism’, et peut-être commencer la psychologie en cours de route. J’aimerai toujours être dehors, pour la randonnée, le ski, l’escalade et le vélo, sur route et dans les bois, et je ne veux pas que ma passion et mon amour pour tout cela soient gâchés. J’ai aussi très hâte de voir quelles courses extraordinaires les gars d’Axeon disputeront cette année. Le groupe est plus dynamique, motivé et fort que jamais, et je n’ai aucun doute sur leur succès cette saison. Je veux vraiment prendre un moment pour remercier Axel [Merckx] et le reste du staff d’Axeon du fond du coeur. Pour dire vrai, je ne me sens pas digne de leur générosité, de leur compréhension et de leur flexibilité en cette période, et pour cela, je leur suis éternellement reconnaissant et j’espère un jour être en mesure leur rendre la monnaie de leur pièce. J’ai hâte de passer du temps sur mon vélo à nouveau, de revoir des amis, anciens et nouveaux, et de continuer à m’amuser. Et qui sait ce que le futur réserve ? Comme je l’ai appris, tout est possible. »
Avec ce retrait, peut-être bien permanent, Hagens Berman Axeon disposait donc d’une dernière place dans son effectif, qu’elle a offert au jeune Sean Bennett à la dernière minute. Ancien pensionnaire de l’équipe Jelly Belly, le jeune Américain de 21 ans avait rejoint le Team CCB Foundation-Sicleri cet hiver. Cette dernière a accepté de le libérer pour s’engager dans la formation d’Axel Merckx. « J’avais Sean dans mon radar depuis un moment, a déclaré ce dernier. Quand j’ai reçu un message de Neilson [Powless] après le le Tour de l’Avenir, me disant à quel point Sean était bon et fort, j’ai voulu le faire entrer dans l’équipe. Mais nous n’avions plus de place. Après avoir parlé avec Adrien, Sean a été le premier gars à qui j’ai pensé. »