Le Président de l’UCI impuissant face au « scandale » Sky

L’équipe Sky est dans la tourmente. Même si en l’état actuel des choses rien ne lui est reproché de la part du pouvoir sportif (le rapport du DCMS émane du Parlement britannique qui n’a aucun pouvoir sportif), la pression est énorme contre l’équipe de Dave Brailsford. Une inadéquation qui fait réagir le Président de l’Union Cycliste Internationale, David Lappartient, qui vient publiquement d’appeler à ce que la CADF (Cycling Anti-Doping Fondation) lance une enquête sur le Team Sky. Mais le motif de la saisine reste flou pour le moment.

Pas simple d’être Président de l’Union Cycliste Internationale en ce moment. Le Français David Lappartient est arrivé à ce poste en septembre 2017, et, la veille de son élection, l’UCI était notifiée du contrôle anormal de Christopher Froome (Team Sky) sur la dernière Vuelta, qu’il avait remportée. Pas simple, car Lappartient est arrivé à ce poste avec plein de promesses, et à la fois l’enquête parlementaire sur Sky, et à la fois le contrôle anormal de Froome sont deux procédures sur lesquelles le Président de l’UCI n’a absolument pas la main alors que les attentes sont énormes.

Ce lundi le DCMS (Parlement britannique) à publié un rapport sur le sport et le dopage qui accable le Team Sky en affirmant qu’il y aurait eu des détournements des Autorisations à Usage Thérapeutique (AUT) pour améliorer les performances des coureurs et notamment de Bradley Wiggins, le vainqueur du Tour de France 2012. L’opinion publique est en très grande majorité vent debout contre l’équipe britannique, beaucoup de monde appelle à la suspension de la formation dirigée par Brailsford et de plus en plus de spécialistes du cyclisme prédisent même que Sky ne sera pas au départ du prochain Tour de France. Mais c’est faire fi de la réalité factuelle.

Car le rapport du DCMS cite clairement qu’aucune violation des règles antidopage n’a été relevée. Sur l’abus des AUT, le rapport statue également que tout a été fait dans les règles, mais insiste sur une omission volontaire des règles éthiques. Toutefois, aucun fait nouveau n’est réellement apporté. La base de ce jugement repose avant tout sur le timing très suspect, il est vrai, des AUT délivrées à Bradley Wiggins pour utiliser du triamcinolone, un puissant corticoïde, avant des échéances importantes comme son Tour victorieux. Mais ces révélations proviennent en réalité du piratage des serveurs de l’Agence Mondiale Antidopage par les Fancy Bears, un groupe de hackers russes (piratage datant de 2016). Depuis, malgré des mois d’investigation et des moyens énormes, l’enquête parlementaire n’apporte rien de vraiment nouveau.

Le rapport DCMS joue donc essentiellement sur l’effet d’annonce. Et ça marche très bien puisqu’à l’évidence l’opinion générale est actuellement très hostile à Sky. Mais cela crée aussi une distorsion importante entre l’appréciation générale de l’affaire et la réalité légale qui est qu’il n’y a pour l’instant aucune charge réelle contre l’équipe Sky. Pour démontrer ses allégations, le rapport DCMS s’évertue à prouver que le système de délivrance des AUT permettait des abus, sans dire que seule Sky en aurait profité… mais ce système a de toute façon été réformé depuis plusieurs années, à l’évidence car il ne donnait pas pleine satisfaction. L’UCI et son Président, mais le monde du cyclisme en général, se retrouve donc dans une position très inconfortable de nouveau.

Pour tenter de rétablir l’équilibre, David Lappartient appelle à l’ouverture d’une enquête par la CADF. «Dans ce rapport, d’après ce que j’ai lu, on peut voir que les substances n’étaient pas utilisées pour des problèmes de santé ou de grosses douleurs mais pour améliorer les performances donc effectivement, c’est inacceptable pour moi et la philosophie que nous avons, même s’il semble qu’il n’y ait pas de violation des règlements. Nous avons la Fondation antidopage du cyclisme, elle a le pouvoir d’ouvrir une enquête. J’aimerais qu’elle le fasse, pour voir s’il y a eu violations ou non des règles antidopage », déclarait-il dans L’Equipe. Mais clairement les mots de Lappartient prouve son impuissance. C’est même presque antinomique : demander l’ouverture d’une enquête tout en affirmant qu’il n’y a pas eu violation des règles.

Si la recherche de la vérité ne peut être critiquée, il est toutefois difficile d’imaginer que l’UCI, association de droit privée, soit capable de trouver ce que le Parlement britannique, avec les moyens de l’Etat qui héberge le Team Sky, est incapable de fournir. Et c’est bien malheureux car la première victime reste le cyclisme.

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