Dubai Tour : Le prodige Brandon McNulty a fait trembler les favoris
Si certains n’avaient jusqu’à hier qu’une vague idée de qui était Brandon McNulty, ils sont désormais fixés. Il est ni plus ni moins celui qui a semé la panique dans le peloton du Dubai Tour, vendredi, et fait frémir les multiples équipes WorldTour jusqu’aux tous derniers mètres de l’étape reine, à Hatta Dam. Certains ont donc joué avec le jeu, n’ayant peut-être pas conscience du pedigree du jeune Américain. Car s’il ne fêtera ses 20 ans qu’en avril prochain, le coureur de la Rally Cycling possède déjà de sacrées lignes à son palmarès. Lauréat d’épreuves références chez les jeunes, tels que la Course de la Paix, le Trofeo Karlsberg ou le Tour d’Abitibi, Brandon McNulty s’était particulièrement révélé en décrochant le titre de champion du monde juniors en 201, à Doha. Il y a quelques mois, seul le Danois Mikkel Berg avait pu l’empêcher de réaliser le doublé chez Espoirs, du côté de Bergen. On l’aura compris, le natif de Phoenix est une bête à rouler, sans pour autant être dénué d’arguments en bosse, comme l’illustre sa troisième place au Tour Alsace 2017.
Tous ces éléments, le peloton ne les avait sans doute pas vendredi sur le Dubai Tour. Il a ainsi laissé l’écart gonfler en faveur des six échappés, avant de voir la moitié d’entre eux lui opposer une réelle résistance. McNulty s’isolait alors avec son coéquipier Robin Carpenter et l’Irlandais Connor Dunne, maintenant alors un bel écart face à la meute. Ce n’est que dans l’ultime bosse que l’homme de la Rally Cycling a déposé ses deux compagnons pour tenter l’exploit. « C’était le plan de l’équipe que Robin et moi fassions la route ensemble, et nous avons été en mesure de l’exécuter parfaitement, racontait McNulty dans son récit d’après course. Au départ, nous pensions que le final en côte conviendrait mieux à Robin, mais à environ 30 kilomètres de l’arrivée, Robin m’a dit qu’il avait du mal. Je me sentais bien, alors il a tiré de longs bouts droits dans le vent avant de nous laisser, Connor Dunne et moi. »
Lorsqu’il s’est enfuit en solitaire, McNulty disposait d’un matelas d’à peine deux minutes. Un matelas réduit à une minute à 7 kilomètres de la ligne et à une trentaine de secondes sous la flamme rouge. « À un kilomètre de l’arrivée, je pensais avoir gagné, se remémore-t-il. À 500 mètres, je pensais encore avoir gagné la course. Puis, à 200 mètres de l’arrivée, j’ai atteint la partie raide de la montée et mes jambes se sont bloquées. J’ai regardé en arrière, j’ai vu le peloton, et j’ai tenu jusqu’à 50 mètres de la ligne. Tout d’un coup, un tas de coureurs me passait sous le nez ». Passé tout proche de sa première victoire professionnelle, au termine d’un final évidemment déchirant, McNulty a passé la ligne à la vingt-et-unième place, juste derrière Mark Cavendish. Il n’en restera pas moins le héros malheureux de cette étape, et un prodige dont chacun se souviendra désormais.
« Aujourd’hui, j’ai montré que je vais très bien en ce moment, et cela me donne un peu de confiance en vue du Tour d’Oman et des arrivées qui me conviennent », a-t-il conclu. C’est son directeur sportif Eric Wohlberg, on ne peut plus fier vendredi soir, qui a livré le mot de la fin : « Être dans une situation où les meilleurs cyclistes du monde sont à la poursuite de l’un de nos coureurs après que notre tactique se soit déroulée comme prévu, c’est un très bon signe. Robin s’est totalement dévoué, et Brandon a presque réussi le ‘grand coup’. Nous sommes passés à rien de l’étape et du maillot jaune. Bien sûr, la défaite est decevant, mais je pense que nous avons montré ce qu’il est possible de faire avec un peu d’esprit old school et en mettant la main à la pâte. »