Tro Bro Leon : La résurrection de Damien Gaudin
Damien Gaudin retrouve des couleurs et un nouvel élan au sein de l’équipe de l’Armée de Terre. Après deux victoires dans des courses de second rang ces dernières semaines, le coureur de 30 ans s’est magistralement imposé sur le Tro Bro Leon en ce lundi de Pacques. Ancien cinquième de Paris-Roubaix, non-conservé par AG2R-La Mondiale l’hiver passé, Gaudin a mené à bien une entreprise démarrée à près de cinquante kilomètres de la ligne. Il a devancé au sprint son compagnon de fuite Frederik Backaert pour s’offrir son première victoire au très haut-niveau depuis 2013. Il apporte également son deuxième succès en trois jours à l’Armée de Terre, tandis que Benjamin Giraud (Delko-Marseille Provence-KTM) complète le podium du jour. Quatrième, Laurent Pichon (Fortuneo-Vital Concept) accentue pour sa part son avance au classement de la Coupe de France.
C’est sous une météo très convenable que le Tro Bro Leon version 2017 est lancé, peu avant midi. Sur cet « Enfer de l’Ouest », ils sont nombreux à vouloir intégrer l’échappée et ainsi se frotter aux premiers ribinou en tête de course. Ils sont peut-être trop, car aucun groupe de fuite ne parvient à se former pendant près d’une heure. Malgré quelques tentatives, le peloton est toujours groupé après 50 bornes. Finalement, c’est après quasiment soixante kilomètres qu’un trio parvient à se faire la malle. On retrouve Quentin Pacher (Delco-Marseille Provence-KTM), Luuc Bugter (Delta Cycling Rotterdam) et Sander Cordeel (Vérandas Willems-Brelan). Les tous premiers secteurs empierrés sont alors abordés et le peloton se décide enfin à laisser partir. Malgré tout, à la mi-course, alors que sept des vingt-cinq ribinou ont déjà été franchis, le trio de tête compte à peine une minute d’avance sur la meute, pas décidée à lâcher trop de lest. D’ailleurs, à peine rentrées dans la seconde moitié du parcours, quelques équipes, dont la FDJ d’Arnaud Démare, accélèrent l’allure. L’écart diminue rapidement et l’échappée doit rendre les armes à plus de 70 kilomètres du but. Une nouvelle course débute et c’est le Danois Mathias Krigbaum (ColocQuick CULT) qui relance les débats. Son aventure ne dure que quelques kilomètres et le peloton, désormais très tendu, est pris en main par la formation de l’Armée de Terre.
Les « soldats » haussent le ton sur les ribinou et Damien Gaudin profite de cette rampe de lancement pour porter son estocade. L’ancien 5e de Paris-Roubaix accélère dans les secteurs de Plouguerneau, à près de 50 bornes de la ligne, et prend immédiatement ses distances. Il avale alors les deux hommes de tête, dont Frederik Backaert (Wanty-Groupe Gobert), qui parvient à prendre la roue du Français. Le duo collabore et compte déjà 30 secondes d’avance sur le peloton, ou plutôt ce qu’il en reste, à 35 kilomètres du but. Arnaud Démare et la FDJ tentent alors de secouer le paquet, qui se réduit à une trentaine d’unités. Pour autant, c’est bien le duo de tête qui fait la différence et qui augmente son avantage au gré des kilomètres. À 30 bornes du but, le poursuivant Gaëtan Bille est avalé mais la FDJ ne parvient pas à contenir l’avance des deux hommes, désormais estimée à une minute. Trois coureurs travaillent pour Arnaud Démare, sans franc succès. Gaudin et Backaert aborde ainsi le 21e ribin, celui de Kerandraon avec 1’10 d’avance et en ressortent avec seulement 10 secondes de moins. Alors, à l’entame des vingt derniers kilomètres, leur écart est encore conséquent pendant que le groupe de poursuite perd des éléments. AG2R-La Mondiale prête main forte à la FDJ mais au premier passage sur la ligne d’arrivée, l’écart est encore de 45 secondes. Il reste alors trois boucles autour de Lannilis et le peloton ne s’avoue pas encore vaincu.
Les coéquipiers d’Arnaud Démare et de Rudy Barbier poursuivent leur travail et réduisent l’écart à 35 secondes à deux tours du but, soit à moins de dix kilomètres de l’arrivée. Le duo résiste face à Matthieu Ladagnous, Mickaël Delage et Nans Peters, qui font l’essentiel du travail en chasse. L’écart tombe malgré tout sous les trente secondes à l’entame du dernier tour. La FDJ continue son énorme travail pour Arnaud Démare et déboule dans le dernier ribin, à moins de 3 kilomètres de la ligne, avec une quinzaine de secondes de retard. Gaudin et Backaert lâchent toutes leurs forces dans la bataille et parviennent à conserver une petite marge sous la flamme rouge. Les deux hommes se montrent suffisamment impliqués et forts pour aborder les derniers hectomètres en tête et se jouer ainsi la victoire, malgré l’attaque de Stijn Devolder (Verandas Willems) et Anthony Delaplace (Fortuneo-Vital Concept) en contre. Dans la dernière ligne droite, Frederik Backaert et Damien Gaudin lancent leur sprint, et après quelques instants côte à côte, c’est le Français qui fait clairement la différence et qui s’envole vers la victoire. Le coureur de l’Armée de Terre peut alors célébrer, non sans une certaine folie, son premier succès au plus haut-niveau depuis 2013. Derrière le duo, Benjamin Giraud (Delko-Marseille Provence-KTM) règle le groupe de poursuivants devant Laurent Pichon (Fortuneo-Vital Concept), qui accentue lui son avance au général de la Coupe de France.
Classement
1 Damien Gaudin (Equipe Cycliste Armée de Terre)
2 Frederik Backaert (Wanty – Groupe Gobert) à 0’02
3 Benjamin Giraud (Delko Marseille Provence KTM) à 0’07
4 Laurent Pichon (Fortuneo – Vital Concept) m.t
5 Kévin Le Cunff (HP BTP – Auber 93) m.t
6 Mathias De Witte (Cibel – Cebon) m.t
7 Arnaud Démare (FDJ) m.t
8 Damien Touze (HP BTP – Auber 93) m.t
9 Sylvain Chavanel (Direct Energie) m.t
10 Hugo Hofstetter (Cofidis) m.t
Article intéressant, superbe course qui mériterait, au vu de la foule, des paysages et du déroulement (notamment les fameux ribinous) le statut world tour. Petite imprécision dans l’article, gaudin a été repris par les deux coureurs (backert, bille) et non l’inverse.