Tour des Alpes : Grande première pour Pavel Sivakov !
Ce Tour des Alpes 2019 semble être parfait pour quiconque souhaite ouvrir son palmarès chez les professionnels. Après Tao Geoghegan Hart hier, c’est un autre jeune du Team Sky en la personne de Pavel Sivakov qui a conquis ce mardi son tout premier succès dans l’élite. Le Russe de 21 ans est parvenu à prendre la mesure de Jan Hirt (Astana) dans la bosse finale après avoir pris place dans une échappée à dix kilomètres de l’arrivée. Sivakov se pare qui plus est du maillot de leader aux dépens de son compère Tao Geoghegan Hart, plus en difficulté dans le final. Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) et Rafal Majka (Bora-hansgrohe), les premiers « grands favoris » à en terminer, ont franchi la ligne environ trente secondes plus tard tandis que Chris Froome a lui été décroché dans la longue descente du Passo Monte Giovo.
La bagarre est intense ce mardi matin, peu après 10h30, au départ de la deuxième étape du Tour des Alpes. Bon nombre de concurrents ont pour idée d’intégrer l’échappée du jour, sur un parcours qui inclut le Passo Monte Giovo à plus de quarante kilomètres de l’arrivée. De fait, de nombreuses tentatives sont annhillées avant que le bon coup ne se détache après une vingtaine de bornes. Ce sont alors six hommes qui se retrouvent en tête de course : Ruben Dario Acosta (Nippo Vini Fantini), Juan José Amador (Manzana-Postobon), Sergio Samitier (Euskadi-Murias), Giovanni Visconti, Edoardo Zardini (Neri Sottoli-Selle Italia-KTM) et Filippo Rocchetti (Team Colpack). Le peloton mené par la formation Sky du leader Tao Geoghegan Hart laisse les échappés prendre le large et l’écart grimpe à trois minutes après la première heure de course. Un peu plus loin, les échappés se disputent le premier grand prix de la montagne du jour, à Tulles, et c’est Samitier qui l’emporte. Le peloton continue pour sa part d’avancer à un train de sénateur, qui permet donc aux hommes de tête de cumuler plus de cinq minutes d’avance à cet instant de la course.
C’est à cette hauteur que le chronomètre se stabilise finalement à l’approche de la mi-course. Et lorsque les échappés basculent à Brenner, vers le pied de la principale ascension du jour, le paquet se décide enfin à passer à la vitesse supérieure. Très exactement, les six fuyards démarrent le Jaufenpass (ou Passo Monte Giovo, 15km à 7,5%) avec 4’30 d’avance sur le peloton, à soixante kilomètres de la ligne. Dans l’échappée, dès le pied, les plus faibles craquent, à savoir Amador et Rocchetti. Sergio Samitier se montre le plus entreprenant et imprime un gros rythme. Cela met également en difficulté Giovanni Visconti, qui tente de résister quelques mètres derrière le jeune Espagnol, Acosta ainsi que son compère Zardini. Pendant ce temps, le peloton est pris en main par la Bahrain-Merida de Vincenzo Nibali et stabilise d’abord l’écart à environ 3’30. Mais à la mi-ascension, ça se décante à nouveau. Zardini place une belle offensive en tête et s’isole à l’avant de la course. Il passe le panneau des 50 derniers kilomètres en solitaire, mais quelques instants plus tard, au rythme, Samitier parvient à recoller à sa roue.
On retrouve alors un duo en tête, alors que la Bahrain-Merida hausse clairement le ton et réduit le peloton à une trentaine d’unités tout en ramenant l’écart sous les deux minutes. L’Autrichien Hermann Pernsteiner est le dernier pion du Requin de Messine, et son ultime accélération, à 4-5 kilomètres du sommet, fait éclater le groupe des favoris. Lorsqu’il s’écarte, ils ne sont plus qu’une quinzaine dont son leader Nibali, qui préfère néanmoins temporiser. C’est alors la Bora-hansgrohe qui prend les commandes pour Rafal Majka mais le rythme faiblit quelque peu et quelques coureurs sont en mesure de faire leur retour. À l’avant, Samitier et Zardini continuent de collaborer à l’approche du sommet alors que leur avance passe sous la minute et que le brouillard fait son apparition, à plus de 2000 mètres d’altitude. Le duo latin parvient à résister jusqu’à la bascule, où Samitier parvient à fournir une accélération pour prendre le maximum de points. Visconti passe une demi-minute derrière les deux hommes tandis que le peloton franchit le sommet à 45 secondes de la tête de course, avec une bonne vingtaine d’unités en son sein. C’est alors une très longue descente, relativement sinueuse et légèrement détrempée, qui se présente devant les coureurs.
Dès les premiers lacets, Samitier se monte plus à l’aise que Zardini. L’Italien, trop prudent, se voit repoussé à une dizaine de secondes tandis que la Bahrain-Merida se charge de mener le « peloton » à une demi-minute. Visconti est donc avalé dès les premiers kilomètres tandis que Zardini recule encore et se voit bientôt menacé par la Bahrain-Merida, à l’entrée dans les 30 derniers kilomètres. L’Italien résiste quelques minutes supplémentaires devant un groupe de favoris qui se scinde également dans la descente. Parmi les piégés, on retrouve Chris Froome ou Alexis Vuillermoz. À vingt bornes du but, finalement, la véritable descente s’interrompt, mais un faux-plat descendant permet à Nikita Stalnov (Astana) de sortir du premier groupe de poursuivants et de reprendre, dans un premier temps, Zardini. Sergio Samitier compte encore pour sa part 30 secondes d’avance à cet instant, mais ça continue de bouger derrière lui. Alors que le groupe Chris Froome ne parvient pas à opérer la jonction, Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) se montre particulèrement actif et place plusieurs petites banderilles. Ces divers efforts permettent au premier groupe à faire la jonction avec Stalnov et Zardini à seize bornes de la ligne. Mais les coureurs d’Astana sont en supériorité numérique dans ce premier groupe d’une quinzaine de poursuivants, et les hommes d’Alexandr Vinokourov continuent d’harceler leurs concurrents.
Conséquence logique, Sergio Samitier voit son avance se réduire très franchement. L’Espagnol tente de rester concentré sur son effort alors que les offensives se multiplient derrière. Stalnov repart, Pavel Sivakov (Team Sky) accompagne, tout comme Mattia Cattaneo, Fausto Masnada (Androni-Sidermec), Hermann Perneister (Bahrain-Merida), Jan Hirt (Astana) et Pawel Poljanski (Bora-hansgrohe). En quelques instants, ce groupe parvient à rentrer sur l’homme de tête, qui voit son entreprise s’interrompre à un peu plus de dix kilomètres de la ligne. Ils sont donc huit aux commandes et l’écart grimpe de suite à 20 secondes avec la deuxième partie du groupe, où ça s’observe, et ça s’enterre. Roland Thalmann (Suisse) et Alexander Vlasov (Gazprom-RusVelo) tentent malgré tout de partir avec un temps de retard tandis que Nibali, Majka et Geoghegan Hart se neutralisent. Alors, au pied de la bosse finale, à cinq bornes de la ligne, le groupe tête possède 40 secondes sur le groupe du leader. La formation Astana imprime un gros train dès le pied tandis que la Bora-hansgrohe rappelle Poljanski pour faire le train en faveur de Majka, un peu derrière. Grâce au Polonais, Vlasov et Thalmann sont repris dans un premier temps et l’écart ramené à 30 secondes.
En tête, la première véritable offensive est l’oeuvre de Fausto Masnada, mais ses concurrents le suivent … et Pavel Sivakov le contre aussitôt ! Le Russe du Team Sky insiste et décolle tout le monde de sa roue à trois kilomètres de la ligne. Un peu plus loin, Vincenzo Nibali place une belle offensive et n’emmène que Rafal Majka avec lui. Le leader Tao Geoghegan Hart coince tandis que son compère Sivakov mène les débats. Mais Jan Hirt s’isole en poursuite derrière le Russe et grignote mètre par mètre. À deux kilomètres de la ligne, l’écart n’est que de 30 mètres, et le Tchèque s’empresse des les boucher. Le duo compte encore 30 secondes sur Nibali-Majka à cet instant, et légèrement plus sur Geoghegan Hart et Bilbao, mais leurs principaux concurrents sont Masnada et Cattaneo, revenus à une dizaine de secondes sous la flamme rouge. Se présente néanmoins une courte descente avec la butte finale de 500 mètres. Jan Hirt passe en tête du duo, mais Sivakov reprend les rênes à 350 mètres de la ligne et produit finalement son effort final à 200 mètres du but. Hirt tente de s’accrocher mais le Tchèque craque de la roue à 150 mètres de l’arrivée, sur ce final en montée. Sivakov s’envole alors vers la victoire, sa toute première chez les pros. Hirt prend la deuxième place, Cattaneo la troisième à une quinzaine de secondes tandis que Majka et Nibali en terminent à 30 secondes.
Classement de la deuxième étape
1 Pavel Sivakov (Team Sky)
2 Jan Hirt (Astana) à 0’04
3 Mattia Cattaneo (Androni Giocattoli – Sidermec) à 0’17
4 Fausto Masnada (Androni Giocattoli – Sidermec) à 0’22
5 Hermann Pernsteiner (Bahrain Merida) à 0’29
6 Rafał Majka (BORA – hansgrohe) à 0’30
7 Vincenzo Nibali (Bahrain Merida) m.t
8 Tao Geoghegan Hart (Team Sky) à 0’43
9 Pello Bilbao (Astana) à 0’44
10 Nikita Stalnov (Astana) à 0’52
Général après la deuxième étape
1 Pavel Sivakov (Team Sky)
2 Jan Hirt (Astana)
3 Mattia Cattaneo (Androni-Sidermec) à 0’44
4 Rafal Majka (Bora-hansgrohe) à 0’39
5 Hermann Pernesteiner (Bahrain-Merida) m.t
6 Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) m.t
7 Tao Geoghegan Hart (Team Sky) à 0’43
8 Pello Bilbao (Astana) à 0’53
9 Nikita Stalnov (Astana) à 1’02
10 Roland Thalmann (Vorarlberg) à 1’08