Tour de France : Nairo Quintana tient sa revanche, Julian Alaphilippe résiste
Le Tour de France prenait de la hauteur ce jeudi. Au fil des 208 kilomètres de course reliant Embrun à Valloire, il y avait alors trois cols à plus de 2100 mètres à escalader. Une échappée de 34 coureurs s’est dégagée à l’abord de ce copieux programme après une bagarre de près de 45 kilomètres et a ouvert la route de cette 18e étape. Sorti de cet imposant groupe, Nairo Quintana s’est envolé dans l’ascension finale du Col du Galibier. Il a parfaitement résisté dans la descente pour s’offrir une revanche après un début de Tour difficile. Il se replace de fait au général, terminant avec plus de cinq minutes d’avance sur les favoris. Romain Bardet devait lui se contenter du premier accessit, mais pouvait se consoler avec le gain du maillot à pois. Alexey Lutsenko a pris la troisième place. Au rang des favoris pour le général, Egan Bernal s’est montré le plus fort dans la dernière ascension et a repris une trentaine de secondes aux autres leaders. Julian Alaphilippe conserve lui son maillot jaune et devance désormais le jeune Colombien au classement. Le tenant du titre Geraint Thomas recule au troisième rang.
Au contraire de la veille, la bataille est particulièrement intense dès le départ d’Embrun. Les attaques se succèdent en vain pendant près d’une heure, jusqu’à une attaque de Daryl Impey (Mitchelton-Scott). Le champion d’Afrique du Sud emmène trois coureurs avec lui à l’approche du sprint intermédiaire des Thuiles, au km45. Là, Thomas De Gendt (Lotto Soudal) prend les commandes du peloton et orchestre une cassure au service de son coéquipier Tim Wellens, porteur du maillot à pois. De Gendt s’écarte et permet à une trentaine de coureurs de rejoindre la tête. C’est alors juste après le sprint intermédiaire que se constitue la bonne échappée. Ils sont 34 en tête avec Dylan Van Baarle (Ineos), Maximiliano Richeze (Deceuninck-Quick Step), Romain Bardet, Mikael Chérel, Mathias Frank (AG2R-La Mondiale), Damiano Caruso (Bahrain-Merida), Matthieu Ladagnous (Groupama-FDJ), Nairo Quintana, Andrey Amador, Carlos Verona (Movistar), Alexey Lutsenko, Gorka Izagirre (Astana), Amund Jansen, Mike Teunissen (Jumbo-Visma), Alberto Bettiol, Michael Woods (EF Educaton First), Adam Yates, Daryl Impey, Christopher Juul-Jensen (Mitchelton-Scott), Greg Van Avermaet, Simon Geschke, Serge Pauwels (CCC), Sergio Henao (UAE-Team Emirates), Julien Bernard (Trek-Segafredo), Nikias Arndt, Lennard Kämna (Sunweb), Pierre-Luc Périchon, Stéphane Rossetto (Cofidis), Jasper De Buyst, Tiesj Benoot, Tim Wellens (Lotto Soudal), Paul Ourselin (Total Direct Energie), Nils Politt (Katusha-Alpecin) et Amaël Moinard (Arkéa-Samsic).
Le peloton refuse de laisser filer dans un premier temps, mais doit s’avouer vaincu après une première heure intense. Les coureurs y parcourent 45,7 kilomètres, le peloton des favoris décide alors de baisser les bras. L’écart augmente rapidement à six minutes au pied du Col de Vars (1ère cat., 9,3km à 7,5%), la première grosse difficulté du jour. Deceuninck-Quick Step conduit le peloton par Yves Lampaert, Michael Morkov et Kasper Asgreen, deuxième la veille à Gap. L’échappée, Wellens en tête devant Bardet, arrive au sommet, à 2109 mètres, avec 7’30 » d’avance sur le peloton maillot jaune. Le groupe de tête perd quelques unités, mais se reforme au complet dans la longue descente. A l’arrière, la bataille n’est pas non plus lancée. C’est alors un peloton encore bien garni qui rallie le sommet. Dans la descente, George Bennett (Jumbo-Visma) et Nicolas Roche (Sunweb) tombent lourdement, mais parviennent à repartir.
La descente passe sans encombre en tête de course, mais les premières attaques voient le jour. Arndt tente le premier, mais est vite repris. Ce sont ensuite Bernard et Van Avermaet qui s’en vont à l’approche du Col d’Izoard (hors cat., 14,1km à 7,3%). Ce duo attaque la difficulté avec 1’05 » d’avance sur le reste de l’échappée et 8’05 » sur le peloton. La course se décante à la mi-ascension, à l’avant comme à l’arrière. En tête, AG2R-La Mondiale profite de son surnombre pour durcir la poursuite du duo de tête. Au sein du peloton, c’est Movistar qui accélère par l’intermédiaire de Marc Soler. Une grosse sélection s’opère de part et d’autres. Bernard se défait lui de Van Avermaet et s’envole seul vers le sommet de l’Izoard. Le groupe de poursuite emmené par Bardet reprend le champion olympique, avant de dépasser l’homme de tête à 40 mètres du sommet. Caruso sprinte et prend le maximum de points à 2360 mètres d’altitude devant Bardet et Bernard. Ils sont alors sept en tête dans la plongée vers Briançon avec Caruso, Bardet, Bernard, A. Yates, Woods, Quintana et Lutsenko. Le groupe maillot jaune réduit à dix-neuf unités coupe le sommet avec un retard de 5’15 ».
Kämna et Pauwels profitent de la descente pour recoller sur le groupe de tête. L’allure diminue au sein du groupe maillot jaune ce qui permet à nombre de distancés de revenir. Le groupe de tête ne s’entend plus non plus et permet à Tim Wellens de revenir dans la traversée de Briançon. Le maillot à pois ramène avec lui Van Avermaet, Geschke, Benoot, Amador, Van Baarle et Pauwels. Les fuyards ne s’entendent plus du tout et procèdent par attaques successives. Ils perdent alors du terrain sur le groupe maillot jaune désormais conduit par le train Ineos. Au fil des attaques, sept hommes se dégagent et abordent le Col du Galibier (hors cat., 23km à 5,1%) avec une avance minime sur leurs poursuivants. Van Avermaet s’écarte rapidement après avoir travaillé pour Pauwels. La tête ne s’entend toujours pas, ce qui permet le retour rapide du groupe Bardet. Les favoris du Tour ne refont pas de terrain sur les dix hommes de tête. Pauwels, Woods, Lutsenko, Kämna, Benoot, Caruso, Chérel, Bardet, Adam Yates et Quintana arrivent alors ensemble à la mi-ascension avec cinq minutes de marge. Chérel s’écarte après avoir travaillé pour Bardet. Lutsenko, puis Caruso attaquent successivement et divisent le groupe par deux à 10 kilomètres du sommet. Il ne reste alors plus que cinq hommes en tête : Bardet, Quintana, Lutsenko, Caruso et Woods.
Lutsenko enchaîne les attaques en vain. Woods tente sa chance à son tour, mais se fait contrer par Quintana. Le Colombien réussit à s’isoler en tête à 7,5 kilomètres du sommet. Il est pris en chasse par Bardet et Lutsenko, mais creuse l’écart. Bardet réussit à se défaire du Kazakh à un kilomètre du sommet, mais accuse déjà un retard d’une minute et trente secondes sur Quintana. Le Colombien réussit une belle descente. Il perd du terrain sur Bardet, mais conserve une marge suffisante pour remporter l’étape. Le leader Ciel et Terre prend la deuxième place à 1’35 ». Il peut se consoler avec le gain du maillot de la montagne. Alexey Lutsenko conclut troisième.
La course des favoris se déclenche à l’approche du sommet avec une attaque très tranchante d’Egan Bernal (Ineos). Le Colombien s’envole en solitaire et creuse l’écart sur les autres favoris. Geraint Thomas imite son coéquipier non loin, mais est suivi par les principaux favoris. Le maillot jaune Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) craque dans les derniers hectomètres de montée, mais revient au fruit d’une belle descente. Il conserve son maillot jaune en terminant avec les autres concurrents du général. Seul Egan Bernal a alors réussi à faire une différence ce jeudi et monte à la deuxième place du général. Le maillot blanc reprend 32 secondes aux autres leaders en passant la ligne en huitième position.
Le classement de la dix-huitième étape :
1. Nairo Quintana (Movistar) en 5h34’15 »
2. Romain Bardet (AG2R-La Mondiale) à 1’35 »
3. Alexey Lutsenko (Astana) à 2’28 »
4. Lennard Kämna (Sunweb) à 2’58 »
5. Damiano Caruso (Bahrain-Merida) à 3′
6. Tiesj Benoot (Lotto Soudal) à 4’46 »
7. Michael Woods (EF Education First) m.t.
8. Egan Bernal (Ineos) m.t.
9. Serge Pauwels (CCC) m.t.
10. Steven Kruijswijk (Jumbo-Visma) à 5’18 »
Le classement général après la dix-huitième étape :
1. Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) en 75h18’49 »
2. Egan Bernal (Ineos) à 1’30 »
3. Geraint Thomas (Ineos) à 1’35 »
4. Steven Kruijswijk (Jumbo-Visma) à 1’47 »
5. Thibaut Pinot (Groupama-FDJ) à 1’50 »
6. Emanuel Buchmann (Bora-hansgrohe) à 2’14 »
7. Nairo Quintana (Movistar) à 3’54 »
8. Mikel Landa (Movistar) à 4’54 »
9. Rigoberto Uran (EF Education First) à 5’33 »
10. Alejandro Valverde (Movistar) à 5’58 »