Tour de France : Coquard touché, Bernaudeau parle de « choix sportif »

La sélection de Direct Energie pour le Tour de France a été dévoilée hier et elle a beaucoup fait parler. Car sur la liste, pas de trace de Bryan Coquard, leader de l’équipe depuis plus de quatre ans et qui avait été tout proche de remporter une victoire à Limoges l’an passé.

Depuis plus d’un mois, Bryan Coquard a annoncé son envie de partir en fin de saison et de franchir un cap dans une autre équipe. Une annonce faite très tôt dans la saison sur la demande de son manager Jean-René Bernaudeau qui lui avait fixé une date butoir. En apprenant son départ, Bernaudeau a alors changé ses plans par rapport à son coureur, remettant en cause sa participation pour la Grande Boucle. « Jean-René a eu le sentiment d’être trahi car il avait l’impression d’avoir tout bien fait pour moi, explique Coquard à nos confrères de Ouest France. Il s’est senti blessé. »

Finalement, la décision est tombée hier. En manque de résultats depuis le dernier Tour de Belgique, lorsqu’il avait remporté la première étape, Coquard n’a pas été retenu pour la grand-messe de juillet. Adrien Petit et Thomas Boudat lui ont été préférés, eux qui symbolisent l’avenir de l’équipe pour le sprint. Bernaudeau a donc certainement préféré titulariser les coureurs qui seront des acteurs importants dans l’avenir de l’équipe. Mais auprès du Parisien, il évoquait plutôt un choix sportif. « Ce n’est plus le meilleur coureur, disait-il hier. Ce n’est qu’un choix sportif. En début de saison, Bryan était très fort et il était logiquement le leader de l’équipe. Mais cela fait plusieurs semaines qu’il ne fait plus rien. » Pour exemple, il explique que Coquard n’a pu faire le poids ces dernières semaines (notamment sur le Critérium du Dauphiné) face à Arnaud Démare qui est au contraire dans une très bonne passe. Peu de coureurs peuvent pourtant se vanter d’avoir battu le nouveau champion de France ces derniers temps. Si l’argument du « choix sportif » est donc discutable, le manager de Direct Energie a pris sa décision définitive.

C’est donc très touché que Coquard répondait à nos confrères de Ouest France hier après avoir appris sa non-sélection. « Je m’y attendais depuis hier (dimanche), dit-il. Je suis très déçu, j’aurais aimé faire partie de la bande. Je suis très triste, vraiment ému. Ça me tenait tellement à cœur de faire le Tour de France. J’ai failli gagner une étape l’an dernier, je voulais briller pour l’équipe. Mais maintenant que c’est annoncé c’est mieux. J’étais tellement dans l’attente… Je sais que je n’y serai pas. Ça fait mal, c’est le Tour de France quand même ! » Il faut dire que l’espoir était mince quant au briefing des championnats de France dimanche matin, Bernaudeau avait donné la casquette de leader à Adrien Petit, le local. Il aurait certainement fallu que Coquard remporte la tunique bleu-blanc-rouge pour décrocher son billet car Direct Energie n’aurait pu se passer du champion de France sur les routes du Tour, mais le ‘Coq’ a explosé dans la dernière Montée de Hallines, avant que Démare soit mis sur orbite par son équipe.

La saison du ‘Coq’ a donc pris un tournant au mois de mai au moment d’annoncer son départ. Car mentalement, le sprinteur en a pris un coup. « Depuis mi-mai, quand je lui ai appris que je ne resterai pas, les choses ont commencé à changer. Je pense que l’on ne peut pas faire de grand numéro sur le vélo quand on n’est pas à 100 % dedans. Je pensais être plus fort que tout ça. Je pensais que j’allais le surmonter. Mais non. Inconsciemment, ça m’a beaucoup touché mais je ne l’ai jamais montré. J’étais à bout, mon corps était à bout. »

Absent du Tour, Coquard n’a pas l’impression d’avoir commis d’erreur, lui qui entamait le mois de juin avec cinq succès d’étapes mais aucun en WorldTour. Malgré une troisième place à Mâcon sur le Critérium du Dauphiné, Coquard n’a plus gagné depuis le Tour de Belgique et il termine finalement son mois de juin avec une anecdotique 55e place à Saint-Omer. « Je lui en veux, admet-il en évoquant Jean-René Bernaudeau. Je n’ai pas l’impression d’avoir commis une erreur depuis le début de la saison. Je n’ai rien fait de mal. J’ai tout fait pour être opérationnel depuis le début de la saison. »

L’histoire aurait pu mieux se terminer entre Coquard et son équipe qui se sont tant apportés mutuellement. Coquard aurait sûrement espéré une autre réaction de son manager, lui qui avait fait l’effort de patienter très longtemps et de repousser les sollicitations des autres équipes pour finalement rester en fin de saison 2015 alors que Bernaudeau peinait à trouver un repreneur après l’arrêt Europcar. Coquard ne sera pas sur le Tour et ne sait pas vraiment de quoi sera fait la fin de sa saison. Au point d’évoquer le verbe « se relancer » lorsque nos confrères de Ouest France lui demandent s’il a déjà une équipe pour 2018. « J’ai trois ou quatre équipes, françaises et étrangères, avec lesquelles le projet tient la route. Dont une avec un très beau projet. Partir à l’étranger ne me fait pas peur du tout, ça pourrait me relancer. Il y a une formation où je pourrais avoir le rôle de sprinteur principal, dans les autres le rôle serait partagé. Je ne peux pas en dire plus. »

Un commentaire

  1. Scandaleux. Direct Energie se tire une belle balle dans le pied, et j’espère bien qu’elle ne brillera absolument pas sur le Tour. Un manager capricieux qui flingue la saison de son coureur, c’est vraiment très laid, et j’espère bien que c’est le parfait contre-exemple dans le monde déjà difficile du vélo…

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