Romain Bardet : « On sait qu’on peut tout perdre sur les pavés »
Deuxième en 2016, troisième en 2017, le leader de la formation AG2R revient cette année sur le Tour de France avec beaucoup d’ambition. Le mot « conquérant » est revenu plusieurs fois dans la conférence de presse qu’il a donné ce jeudi matin, avec ses coéquipiers et son manager Vincent Lavenu.
Forcément, la conférence a débuté par une question sur le dénouement de l’affaire du Salbutamol. Romain Bardet s’est fait une joie d’y répondre, pour ensuite embrayer rapidement sur les questions sportives. « Je suis déjà soulagé qu’une décision soit rendue, maintenant on sait où on est, retient le coureur français de 27 ans. Bien sûr Chris Froome, comme il l’a dit lui-même, a vécu neuf mois très pénible. Le monde du cyclisme aussi a vécu neuf mois très pénible. Maintenant, les choses sont claires, les affaires sont réglées et c’est le favori numéro 1 à sa propre succession : il vient pour un cinquième Tour. Le cadre est maintenant propice pour se concentrer sur le sport. »
Le sport, voilà le plus intéressant pour le coureur auvergnat. Pour son sixième Tour de France, Bardet affiche ses ambitions, mais sait bien que la course réserve toujours des surprises. « Je n’ai jamais été aussi bien entouré. Maintenant, c’est une course qui demande tellement, il faut être très prudent, très humble vis-à-vis de la concurrence que je trouve plus dense que jamais, tempère le leader de l’équipe AG2R, présent sur le podium des deux dernières éditions de l’épreuve. On a forcément envie de faire au moins aussi bien. Quand on se bat étape après étape pour le maillot jaune, les objectifs se rehaussent au fur et à mesure. J’essaye de prendre la course jour après jour parce qu’elle est semée d’embûches. On se doit d’être impeccables, irréprochables à chaque étape. Il va falloir être très concentré. On verra déjà la situation après les pavés, mais on sait où on va. On va prendre les choses avec sérieux, jour après jour. »
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Le premier bloc de l’épreuve, avec un contre-la-montre par équipes (3e étape), l’arrivée à Mûr de Bretagne (6e) et l’étape pavée entre Arras et Roubaix (9e), fait peur. C’est là que le cumul des Tours de France peut aider le grimpeur français, qui, à 27 ans, s’est déjà créé une belle expérience des courses par étapes. « L’expérience sert dans les situations critiques : le doute, la panique. Il faudra rester serein, je pense que j’ai l’accompagnement qu’il faut derrière moi, se satisfait Bardet. Quand on veut vraiment se battre pour le maillot jaune, ce n’est pas qu’une question physique, il y a aussi de la réussite. Il va falloir garder la tête froide pour passer la première semaine sans embûche, gagner des secondes là où c’est possible mais surtout ne pas en perdre et ensuite dérouler les crampons dans la montagne. »
La neuvième étape qui emprunte nombre de portions de Paris-Roubaix sera le dernier cut à passer pour les meilleurs grimpeurs du peloton comme Romain Bardet. Ensuite, la route s’élèvera et les perspectives se dégageront. « Les pavés… Je considère vraiment cette étape, en terme de difficulté, au même niveau voire plus dure que les étapes de montagne, annonce le leader de la formation AG2R. On sait qu’on peut tout perdre sur les pavés. Encore une fois ce n’est pas qu’une question de physique, mais aussi de chance. Bien sûr ce n’est pas le peloton de Paris-Roubaix, mais il y aura forcément des grosses différences entre les leaders. Du moins certains qui font des gros gains et d’autres qui passeront à la trappe, en espérant que tout le monde puisse repartir d’Annecy deux jours plus tard. Moi je l’aborde avec beaucoup d’envie, je n’ai jamais caché mon amour pour les Classiques. Paris-Roubaix est une des courses qui me passionne le plus même si je ne l’ai jamais couru, je vibre devant les exploits des copains à la télé. L’idée sera d’être très ambitieux et conquérant sur cette étape. »