Lilian Calmejane : « Je suis sur le Tour pour faire un gros coup »
Si on a pour coutume de dire que Peter Sagan, le vainqueur du jour, fait preuve de panache, il y a un Français qui n’a pas grand chose à lui envier de ce côté là. Alors que le peloton jouait tranquillement avec l’échappée et endormait tout le monde avant le final de la troisième étape du Tour de France, Lilian Calmejane s’est dressé sur les pédales à 60 kilomètres de l’arrivée, obligeant les coureurs du peloton à sortir de leur torpeur. Car en emmenant avec lui Pierre-Luc Périchon et Thomas De Gendt, le trio de contre avait de l’allure. Rapidement, ce groupe à rejoint les membres de l’échappée matinale avant de les distancer. Malheureusement pour le pensionnaire de Direct Energie, Périchon était un peu juste et De Gendt avait beaucoup roulé la veille et manquait de jus. Calmejane s’est alors détaché seul à 20 kilomètres de l’arrivée et n’a pas pu inquiéter le peloton bien longtemps. Repris à 9 kilomètres de la ligne, il assurait ne pas avoir de regrets. « C’est le jeu, il faut savoir prendre des risques parfois pour réussir un gros coup, disait-il à notre micro. Au briefing, l’idée était plutôt d’être bien placé dans la montée finale et d’essayer de faire une bonne place d’honneur. J’avais de bonnes chances aujourd’hui et j’ai vu que le peloton jouait au chat et à la souris avec un écart qui oscillait entre 1′ et 2’30. Alors quand on s’est rapproché de l’échappée, je me suis dit pourquoi pas relancer la course. Je savais que le final était vallonné avec des traversées de villes et je voulais être accompagné de plusieurs coureurs, ce fut le cas avec Thomas De Gendt et Pierre-Luc Périchon. Après, j’ai tenté le tout pour le tout. J’étais peut-être un peu plus fort que les autres et il m’a probablement manqué un gars avec moi pour m’accompagner plus loin. Mais quoi qu’il arrive, la dernière montée était très difficile et on aurait perdu trop de temps. »
Plutôt réaliste, la tête sur les épaules, Calmejane est avant tout la pour crever l’écran quand on ne l’attend pas, comme il l’avait fait sur la dernière Vuelta lors de la quatrième étape, en partant seul dans l’ultime ascension, le menant à la victoire à San Andrés de Teixido. « Pas de regrets, assure-t-il. A aucun moment quand je suis parti j’y ai cru. J’ai toutefois tout donné car on ne sait jamais ce qui peut se passer derrière, comme hier avec une chute ou quelque chose comme ça. Mais tout seul sur des routes vallonnées avec vent de face, c’était mission impossible. J’avais des fourmis dans les jambes et je suis sur le Tour pour faire un gros coup, surprendre, et confirmer les bons résultats de mon début de saison. Il y aura d’autres occasions de s’illustrer. »
C’est donc sans pression que le Français de 24 ans a entamé son premier Tour de France. Bien remis d’un virus qui l’avait contraint à l’abandon très tôt lors du championnat de France il y a huit jours, Calmejane semble très affûté pour ces trois semaines et on le reverra sans aucun doute. « Je ne suis pas du tout attendu, je ne suis pas parmi les têtes d’affiche, ni parmi les Français attendus. Je pointe gentiment le bout de mon nez depuis deux saisons. L’année dernière j’ai fait une bonne Vuelta et j’ai des points de repères sur un Grand Tour. Cette année j’aborde le Tour sans pression et avec confiance, avec un groupe ultra solidaire. C’est le dernier Tour de Thomas (Voeckler), Sylvain (Chavanel) a beaucoup d’expérience, et c’est toute cette alchimie qui fera qu’on verra Direct Energie à l’attaque tous les jours. » Le natif d’Albi ne repart d’ailleurs pas bredouille de sa journée puisqu’il a été élu courir le plus combatif de l’étape.