Tour des Flandres : Monumental Philippe Gilbert !

Philippe Gilbert entre un peu plus dans l’Histoire du cyclisme. Grâce à un formidable numéro, et une escapade de plus de 50 kilomètres en solitaire, ce dimanche, le champion de Belgique est allé conquérir le Tour des Flandres, son troisième Monument après Liège-Bastogne-Liège (2011) et le Tour de Lombardie (2009, 2010). Impérial, le coureur de la formation Quick Step Floors a résisté à ses principaux rivaux, d’abord piégés dans l’ascension du Mur de Grammont. Peter Sagan (Bora-hansgrohe) et Greg Van Avermaet (BMC) ont par la suite tenté de réagir à contre-temps et étaient d’ailleurs partis pour une chasse effrénée dans le final, mais se sont retrouvés pris dans une chute dans la dernière ascension du Vieux Quaremont, en compagnie d’Oliver Naesen (AG2R- La Mondiale). Van Avermaet a pu repartir et a finalement pris la deuxième place, devant Niki Terpstra (Quick Step Floors), mais Sagan a lui terminé très loin. Pour sa dernière participation, le triple vainqueur Tom Boonen a été écarté de la bataille suite à un problème mécanique dans le Taaienberg. Pour sa part, Gilbert devient le septième coureur de l’histoire à remporter le Ronde avec le maillot de champion de Belgique sur les épaules.

La grande bataille, les coureurs l’avaient réservé pour la deuxième partie de course sur ce 101ème Tour des Flandres. Celle pour prendre l’échappée ne dure que très peu de temps. Ce sont d’abord : Julien Duval (AG2R-La Mondiale), Oliviero Troia (UAE Team Emirates), Marc McNally (Wanty-Groupe Gobert), Stef Van Zummeren, Michael Goolaerts (Verandas Willems-Crelan) et Julien Morice (Direct Energie) qui s’extirpent, rejoints après une dizaine de kilomètres par Edward Planckaert (Sport Vlaanderen-Baloise) et Andre Looij (Roompot-Nederlandse Loterij), sortis à contre-temps. Leur avantage grimpe à onze minutes, et à cet instant que la BMC, Quick Step Floors et Bora-hansgrohe décide de stabiliser l’écart. Un écart qui passe même sous les dix minutes après les premiers secteurs pavés, situés à plus de 170 kilomètres de l’arrivée. Un peu plus loin, le premier berg de la journée, le Vieux Quaremont, se présente. Il ne fait évidemment aucune différence aussi loin de l’arrivée mais sert de tremplin à certains coureurs, comme Tom Van Asbroeck (Cannondale-Drapac). Dans les difficultés qui suivent, Mitch Docker (Orica-Scott) et Marc Haller (Katusha-Alpecin) se montrent également à l’offensive, mais la Quick Step Floors accélère avant le Leberg, et remet de l’ordre dans la course. Les coureurs franchissent le Berendries et le Tenbosse dans la foulée, et entrent alors dans les cent derniers kilomètres de l’épreuve.

La tension s’accentue et l’échappée ne compte plus que six minutes d’avance alors que le fameux Mur de Grammont se rapproche. Les échappés sont les premiers à le franchir, sans dégâts. Situé si loin de l’arrivée, on a alors du mal à croire qu’il en soit différemment pour le peloton. Et pourtant. La Team Sky prend les rênes dès le pied et étire le paquet sur toute sa longueur. Quelques hommes forts occupent les premières positions, dont Tom Boonen et Philippe Gilbert (Quick Step Floors) qui décident de visser dans la partie la plus difficile ! Mine de rien, une cassure s’opère dans le peloton et une dizaine de coureurs ressortent en tête. Pas les moins bons. À 90 bornes du but, Tom Boonen, Philippe Gilbert, Matteo Trentin (Quick Step Floors), Bryan Coquard, Sylvain Chavanel (Direct Energie), Arnaud Démare (FDJ), Sep Vanmarcke (Cannondale-Drapac), Alexander Kristoff (Katusha-Alpecin), Luke Rowe, Gianni Moscon (Team Sky), Maciej Bodnar (Bora-hansgrohe), Jasper Stuyven (Trek-Segafredo), Sacha Modolo (Team UAE Emirates), et Pieter Vanspeybrouck (Wanty-Groupe Gobert) créent une brèche et s’y engouffrent.

Le reste des favoris est pris dans une deuxième cassure, ou dans le peloton principal, et perd rapidement une trentaine de secondes. Dans le groupe Gilbert-Boonen, on ne tarde pas à rouler et chacun apporte sa pierre à l’édifice pour permettre à l’écart de gonfler. Derrière, on tente de ne pas paniquer dans les formations BMC et Bora-hansgrohe, qui voient chacun leur leader piégé. Peter Sagan et Greg Van Avermaet font rouler leur coéquipier dans un peloton recomposé et plutôt étoffé. Bientôt, d’autres équipes telles que AG2R-La Mondiale, Wilier-Triestina ou encore Orica-Scott et Bahrain-Merida viennent apporter leur aide en poursuite. L’avance du groupe Gilbert-Boonen grimpe pourtant à la minute à 80 bornes de la ligne. Se profile alors une période de transition plus favorable au peloton, malgré les ascensions du Pottelberg et du Kanarieberg. Les équipiers des favoris piégés tentent de limiter les dégâts et l’échappée est quant à elle revue par le groupe Boonen-Gilbert à 67 kilomètres de l’arrivée. La seconde ascension, cruciale, du Vieux Quaremont n’est alors plus très loin. Et le groupe de tête l’aborde finalement avec une demi-minute d’avance sur un peloton qui a bien réagi. Conscient du danger, Philippe Gilbert décide alors d’accélérer dès le pied de ce long mont pavé. Le champion de Belgique ne tarde pas à décrocher tout le monde de sa roue et passe au sommet avec 20 secondes d’avance sur le reste du groupe, et près d’une minute sur le peloton où figurent Sagan et Van Avermaet.

La poursuite est lancée à tous les étages, mais elle est perturbée au deuxième échelon par la grosse chute de Sep Vanmarcke, contraint d’abandonner, qui emmène avec lui Luke Rowe (Team Sky). De son côté, Gilbert ne se pose pas de question et avale le Paterberg très rapidement. Le groupe de poursuite le franchit moins vite, et voit surtout le retour des grands favoris du peloton. Sagan, Van Avermaet, Naesen et beaucoup d’autres opèrent la jonction après une accélération dans le Paterberg. À un peu moins de 50 kilomètres du but, Gilbert est donc livré à lui-même face à un peloton d’une trentaine de coureurs qui comprend tous les favoris encore en course. Toutefois, la coopération a du mal à prendre en chasse, avec le peu d’équipiers restants auprès de Sagan et Van Avermaet. Gilbert en profite pour creuser son avance à 45 secondes au pied du Koppenberg, sur un duo Felline-Van Baarle, et à 55 secondes sur le reste du peloton. À 44 kilomètres du but, le Wallon en finit avec ce terrible mont pavé, et porte son avance à une minute sur les principaux favoris, qui se défont des éléments les plus faibles dans les pentes rudes du Koppenberg. Gilbert ne se pose pas de question et file droit alors qu’on s’observe davantage en poursuite. Van Avermaet tente bien de mettre Daniel Oss à rouler, mais l’écart ne fait qu’augmenter en faveur de l’homme de tête, parti dans un périple insensé. Il aborde ainsi le Taaienberg avec une solide marge de 1’20 et poursuit sa chevauchée. Son collègue Tom Boonen est bien plus malheureux puisque victime de deux ennuis mécaniques successifs qui l’écartent de la bataille.

Sur ces mêmes pentes du Taaienberg, Sagan décide de lancer les hostilités. Il accélère franchement et emmène avec lui Oliver Naesen. Van Avermaet fait le jump, mais Yoann Offredo et Matteo Trentin parviennent eux aussi à revenir peu après la descente. Ce groupe de cinq hommes repousse le reste de la meute à distance, puis va chercher Felline et Van Baarle, alors toujours en contre. Ce sont donc sept coureur qui se retrouvent en chasse derrière Gilbert à 30 bornes de la ligne, mais le Belge conserve près d’une minute d’avance. Sagan et Van Avermaet prennent les relais les plus insistants dans le groupe de poursuite qui garde son unité malgré le passage du Kruisberg. Suite à cela, c’est une longue portion de plat qui mène les coureurs vers le dernier enchaînement Vieux Quaremont-Paterberg, mais Gilbert parvient à résister de manière admirable puisqu’attaquant le Vieux Quaremont avec 55 secondes d’avance sur le contre. C’est là que tout se joue. Offredo tente d’anticiper en poursuite, mais Sagan va le chercher et se saisit des commandes dès le pied. Alors que Gilbert avale la montée à un bon rythme, le champion du monde décide une nouvelle fois de hausser le tempo et seuls Van Avermaet et Naesen sont en mesure de le suivre. Le trio s’isole … puis chute ! Sagan tombe le premier, près des barrières, et emmène les deux autres avec lui. Van Baarle les évite par la gauche, Van Avermaet repart assez rapidement, mais ce n’est pas le cas pour Sagan et Naesen. La course connait sans doute là son tournant.

Menacé par l’offensive des trois hommes, Gilbert se retrouve soudainement avec bien moins de pression. Le champion de Belgique s’en va grimper le Paterberg alors que Sagan repart à peine. Derrière le coureur de la Quick Step Floors, on retrouve finalement Van Baarle, suivi de près par un groupe comprenant Trentin, Van Avermaet, Felline, Offredo et … Niki Terpstra, revenu en force de l’arrière. À l’avant , l’homme de tête franchit l’ultime ascension du jour avec près d’une minute sur ses poursuivants, qui s’activent pourtant dans le Paterberg. Malgré sa chute préalable, Van Avermaet trouve une nouvelle fois les ressources pour accélérer et seul Terpstra peut l’accompagner. Les deux hommes ne tardent pas à avaler Van Baarle mais Gilbert, lui, est déjà trop loin. Sous le porche des dix derniers kilomètres, le Wallon compte 55 secondes d’avance mais déjà plus que 35 à cinq bornes de la ligne. Dans le dur sur ces derniers kilomètres, Gilbert profite toutefois du fait que Terpstra ne coopère pas en poursuite, et l’écart se stabilise à 30 secondes à deux bornes de la ligne. Le champion de Belgique s’envole alors certainement vers sa première victoire dans le Tour des Flandres, et franchit la flamme rouge avec une avance suffisante pour profiter. Dans la longue ligne droite d’arrivée, Gilbert savoure, entend la clameur du public, fier de son champion et s’arrête juste avant la ligne pour porter son vélo en signe de victoire. Derrière, Van Avermaet prend le meilleur sur Terpstra et Van Baarle, dans cet ordre, pour décrocher la deuxième place. Kristoff prend quant à lui la cinquième place, au sprint, devant Sacha Modolo et John Degenkolb.

Classement

1 Philippe Gilbert (Quick Step Floors)
2 Greg Van Avermaet (BMC)
3 Niki Terpstra (Quick Step Floors)
4 Dylan Van Baarle (Cannondale-Drapac)
5 Alexander Kristoff (Katusha-Alpecin)
6 Sacha Modolo (Team UAE Emirates)
7 John Degenkolb (Trek-Segafredo)
8 Filippo Pozzato (Wilier-Triestina)
9 Sylvain Chavanel (Direct Energie)
10 Sonny Colbrelli (Bahrain-Merida)

Plus d’informations à venir…

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