Christopher Froome : « Je ne suis pas encore redevenu moi-même »
Vainqueur au sommet du Monte Zoncolan samedi, le quadruple vainqueur du Tour de France a payé un léger contrecoup dimanche en concédant encore du temps aux favoris pour la victoire finale. Son plan de monter en puissance au fil du Giro semble bien en marche malgré l’écart concédé à l’arrivée de la 15e étape. Une bonne performance sur le contre-la-montre de mardi pourrait le replacer dans la course au titre.
Chris, comment vous sentez-vous ?
Plutôt fatigué. C’est une course très difficile depuis le début. Je me suis fait un beau cadeau d’anniversaire en gagnant au sommet du Zoncolan, mais je l’ai payé durement le lendemain. Pour gagner, j’ai été obligé d’aller puiser des ressources au plus profond de moi, de tout donner. Je ne regrette absolument pas d’avoir tenter le tout pour le tout pour gagner là-bas, dans cette atmosphère incroyable. Je repense à la dernière fois que j’ai fait l’ascension du Zoncolan sur mon premier Giro en 2009, j’avais besoin de l’aide des gens qui me poussaient tous les 20 mètres pour arriver au bout. Quand je regarde huit ans en arrière, cette victoire veut dire beaucoup. C’est un moment que je chérirai toute ma vie.
Votre condition semble s’être améliorée depuis le début de la course : êtes-vous vraiment mieux ?
Je l’espère. Ce Giro n’a pas été une course facile pour moi depuis le début. J’ai vécu des jours très difficiles, j’ai tout donné pour m’accrocher. Je me suis retrouvé loin au classement général… Simon Yates ne montre pas un moment de faiblesse, on dirait qu’il ne fait qu’améliorer sa condition. Hier, je pensais qu’il se ressentirait de son effort sur le Zoncolan comme moi, mais non, il avait l’air encore plus fort. Il réalise une course incroyable, je ne peux que le féliciter. Même si ce n’est pas moi, c’est très agréable de voir un Britannique en rose.
Imaginez-vous une défaillance de Simon Yates (Mitchelton – Scott) d’ici l’arrivée à Rome ?
Je ne l’imagine pas avoir un problème sur cette troisième semaine car il a réussi à enchaîner des journées difficiles sans montrer le moindre signe de faiblesse.
Pensez-vous pouvoir faire mieux que Tom Dumoulin (Sunweb) sur le chrono demain ?
Si je gagne des secondes sur Dumoulin je serai le plus heureux mais je n’y crois pas. Il est le champion du monde du contre-la-montre, je ne peux pas espérer lui reprendre du temps dans son exercice de prédilection. Je donnerai tout sans tirer de plan sur la comète et on verra quel sera le résultat.
Est ce que ce Giro 2018 est plus difficile que ce que vous imaginiez ?
Oui.. Vu le départ que j’ai eu à Jerusalemn… Je n’imaginais pas ne pas être à 100% sur la première moitié de la course, maintenant je dois me battre avec mes armes. Je ne suis pas encore tout à fait redevenu moi-même, j’essaye de faire du mieux possible.
Quelle est la différence entre le Giro et les autres Grands Tours ?
En fait, on dirait que le Giro est une succession de Classiques, de courses d’un jour, contrairement au Tour de France qui a un rythme établi qu’il semble falloir respecter. Ici c’est toujours imprévisible, je ne saurais pas dire si j’aime particulièrement ça mais ça rend la course plus indécise et plus demandeuse. La victoire n’en est que plus belle.
Après votre victoire au Zoncolan, n’êtes vous pas tenté d’abandonner le classement général pour faire la chasse aux étapes ?
Nous prenons maintenant les choses jour après jour. Aujourd’hui je me sens beaucoup mieux qu’au départ. Nous allons voir comment la course se développe, mais nous avons déjà essayé de nouvelles choses comme de placer des coureurs dans l’échappée. Une chose est sûre, je n’abandonnerai jamais le général et j’essaierai d’obtenir le meilleur classement possible.
Un dernier mot sur le passage des équipes de neuf à huit coureurs sur les grandes épreuves du World Tour ?
Honnêtement, je ne vois pas de différence entre les équipe de huit ou de neuf.