Oublié Cancellara, Trek place 3 hommes dans le top 10 à Roubaix

L’après-Cancellara est désormais bel et bien lancé chez Trek-Segafredo. Orpheline du triple vainqueur de Paris-Roubaix et du Tour des Flandres depuis cet hiver, l’équipe américaine a initié une refonte et une réorganisation de son groupe des Classiques. John Degenkolb est arrivé, Jasper Stuyven a pris du galon, Edward Theuns s’est remis en marche et c’est tout un collectif qu’il a fallu ré-accorder. À première vue, leur première expérience dans le nouveau dispositif s’est avéré assez fructueux. Et même si la Trek a encore du mal à jouer les tous premiers rôles, elle peut compter sur une vraie force collective. Celle-ci s’est clairement exprimée dimanche lors de Paris-Roubaix, quand la formation de Luca Guercilena a placé trois hommes parmi les dix premiers de l’épreuve.

Le premier d’entre eux n’était pas le plus attendu. Au contraire de John Degenkolb, régulier et performant sur les dernières semaines, Jasper Stuyven était jusque là passé à côté de ses Classiques. Son bon week-end d’ouverture fin février n’avait pas encore trouvé de résonance sur les principales Flandriennes de la saison, pour diverses raisons. Lors de l’Enfer du Nord, le jeune Belge a visiblement retrouvé ses jambes pour aller chercher un très bel accessit, au pied du podium. « J’ai profité aujourd’hui (hier), j’aime vraiment cette course, déclarait à l’arrivée l’ancien vainqueur de Paris-Roubaix Juniors et 2e de Paris-Roubaix Espoirs. C’était très poussiéreux, mais les conditions ne m’ont pas dérangé. Je suis heureux de cette 4e place, heureux de terminer la saison des classiques avec un bon résultat. Les dernières semaines n’ont pas été aussi géniales, elles ont même été plutôt décevantes pour moi et pour l’équipe. Je ne sauve pas ma saison des Classiques, mais c’est une belle récompense. Pour l’avenir, mon objectif n’a pas changé : je veux essayer de gagner cette course. »

Sur-représentée dans le groupe des favoris après la Trouée d’Arenberg, la formation Trek-Segafredo a mis un coup de vis et préparé le terrain pour une offensive de loin. Jasper Stuyven s’y est collé à plus de 70 kilomètres quand Peter Sagan a attaqué une première fois. « Nous avions encore beaucoup de nos gars à l’avant et nous avons mis de l’action, a souligné le Flamand. C’était le bon moment pour scinder le groupe et le bon moment pour aller avec Sagan et Bodnar. Sagan a crevé et bien sûr Bodnar l’a attendu, me laissant devant avec Oss. On dépense forcément de l’énergie dans une échappée, mais nous ne nous sommes pas tués à la tâche, nous avons juste tenu un bon rythme. Quand on y repense, je crois que c’était intelligent, car après cela, il y avait vent de dos. Nous avons roulé ensemble jusqu’à Mons-en-Pévèle. » Le duo fut ensuite repris mais Oss repartit de l’avant alors que Stuyven resta auprès des favoris quelques instants.

À plus de 35 kilomètres, les attaques fusèrent de nouveau, et Stuyven prit le bon wagon, en compagnie de Greg Van Avermaet, Sebastian Langeveld et Zdenek Stybar, avec qui il est resté pendant près de vingt bornes. « Dans le Carrefour de l’Arbre, j’espérais qu’avec le vent de face je pourrais rester dans les roues, mais les 20 mètres après le Carrefour devinrent 50 mètres et les 50 mètres devinrent 100 mètres. Je me suis retrouvé avec Moscon et nous avons roulé ensemble. Il est également jeune – je pense plus jeune que moi – alors pour lui, c’était aussi un excellent résultat. Nous savions que nous devions tout donner. Nous sommes revenus sur la piste mais eux avaient ralenti pour s’observer, donc ils avaient eu le temps de récupérer. On a pu constater dans le sprint que Moscon et moi étions complètement morts et ils nous ont facilement distancé. » Quatrième sur la ligne, Stuyven n’a pu s’empêcher de verser quelques larmes de déception une fois arrêté sur la pelouse du Vélodrome. Ce n’est qu’avec quelques minutes de recul qu’il a réalisé qu’il venait d’obtenir son premier grand résultat dans un Monument.

Ce Monument, John Degenkolb l’a pour sa part dompté par le passé. De retour à son meilleur niveau après son terrible accident de l’an passé, l’Allemand a collé aux basques de Tom Boonen et semblait à l’aise sur le pavé. Il n’a pourtant pas accéléré lui-même et a terminé, comme son coéquipier Edward Theuns, dans un groupe de contre qui s’est joué la sixième place. Devancé par quatre concurrents, dont son compère belge, Degenkolb a achevé sa campagne flandrienne avec une 10e place, après ses 7e places, notamment, sur Milan-San Remo et le Tour des Flandres. « Katusha a tenté de durcir assez tôt, puis nous avons secoué la course à Arenberg, et cela a bien fonctionné, a-t-il brièvement commenté. Ensuite, Jasper a constamment été devant. Bien sûr, c’est parfois revenu, ça n’a cessé de bouger, mais nous étions toujours dans le groupe de tête… sauf après le Carrefour de l’Arbre. »

Huitième sur la ligne, devant son sprinteur, Edward Theuns a également réalisé la plus belle performance de sa carrière dans une grande Classique. Laissé tranquille par son dos, douloureux lors du Tour des Flandres, il ne cachait pas son enthousiasme à l’arrivée hier : « Nous avons fait une excellente course : trois gars dans le top 10, c’est bien mais c’est vrai aussi quand vous avez trois mecs aussi bien classés, c’est dommage de ne pas être sur le podium. Pour ma part, je suis super, super heureux. Nous sommes neuf mois après ma chute et je finis dans le top 10 à Paris-Roubaix ! Même l’accident sur le Tour l’an passé, j’aurais été surpris de terminer dans le top 10. Je pensais que les grandes Classiques comme le Ronde et Roubaix étaient un peu trop difficiles pour moi. Mais j’ai travaillé très dur et j’ai senti que j’avais fait un grand pas en avant. Je suis heureux de pouvoir répondre présent sur un grand Monument ».

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