Mondiaux : Un changement de vélo qui ne plaît pas à Tony Martin

C’est la grande attraction du contre-la-montre individuel Hommes Elites de ces Championnats du Monde, l’arrivée, non pas à Bergen comme pour les autres chrono, mais au sommet du Mount Fløyen, une montée de 3,4km avec une pente moyenne de 9,1%. Si bien que plusieurs fédérations ont demandé, et obtenu qu’un point fixe de changement de vélo soit installé au pied de la bosse. Une particularité assez exceptionnelle qui ne plaît pas forcément à tout le monde et notamment pas à Tony Martin (Allemagne), le quadruple Champion du Monde.

« Je suis super déçu et je ne comprends pas pourquoi ils ont autorisé le changement de vélo, déclarait-il à CyclingNews.com à l’issue du contre-la-montre par équipes. Maintenant les grimpeurs ont un avantage car ils ne perdront que très peu de temps à changer de vélo et ils bénéficieront de l’avantage d’avoir un vélo normal dans la bosse. S’ils font un chrono comme ça, alors tout le monde devrait rester sur le vélo de chrono. »

En soit, un changement de vélo pendant un contre-la-montre est toujours autorisé, sinon un coureur victime d’un incident mécanique ou d’une crevaison serait obligé d’abandonner. Mais le vélo doit obligatoirement provenir de la voiture de l’équipe qui suit le coureur. Dans les chronos avec une partie plate et une partie montante, c’est toujours un choix tactique. Les équipes doivent calculer si le temps perdu à changer de vélo (vélo provenant obligatoirement de la voiture) sera au moins absorbé par le temps gagné par le coureur en utilisant un vélo normal dans l’ascension. Avec un poste de changement fixe, la question tactique ne se pose presque plus puisque la perte de temps est réduite au minimum.

C’est ce qui se fait en cyclo-cross par exemple et on voit que des coureurs changeant de vélo en passant par les stands sont parfois capables de ressortir dans le même groupe qu’ils étaient avant d’entrer au stand. Encore faut-il savoir s’y prendre… « Je n’ai encore jamais fait de cyclo-cross, expliquait Yves Lampaert, le Champion de Belgique du chrono à Belga. Alors nous allons devoir nous exercer afin d’effectuer ce changement aussi vite que possible. C’est quelque chose que nous allons encore travailler mardi à l’entraînement. » En conférence de presse après la victoire de Sunweb dans le contre-la-montre par équipes, Tom Dumoulin plaisantait « Je suis sûr que Mathieu van der Poel va se moquer de moi » en parlant du changement de vélo.

Avec cette récente autorisation de changement de vélo en poste fixe, l’UCI dénature un peu l’exercice du chrono, tout du moins, c’est ce que pense Tony Martin. L’Allemand reste cependant réaliste et sait que ce qui amenuise le plus ses chances de victoire, c’est surtout ce final en bosse. « Ce serait toujours difficile pour moi de gagner (sans le poste fixe de changement de vélo) mais j’aurai plus de chances avec un vélo de chrono« .

En tout cas les rouleurs-grimpeurs comme Tom Dumoulin, Wilco Kelderman (Pays-Bas) ou Christopher Froome (Team Sky) doivent se frotter les mains, à la différence des purs rouleurs. Mais il faudra aussi faire attention à ce que ce changement de vélo inhabituel se passe bien. « Tu donnes ton vélo à un mécanicien. Tu montes sur le deuxième qui t’es donné par un autre mécanicien, lequel ensuite pousse le coureur. Un commissaire surveille tout cela et siffle quand tu dois arrêter de pousser le coureur. Il faut que tout se passe correctement » expliquait un membre de la Fédération belge à Belga. En tout cas ça promet des images inhabituelles.