Tour de Lombardie : Vincenzo Nibali en patron

Deux ans après son premier et unique succès sur le Tour de Lombardie, Vincenzo Nibali a remis le couvert ce samedi, sur le même parcours, pour s’adjuger son deuxième Monument en carrière. Désigné comme le grand favori de l’épreuve, le coureur de la Bahrain-Merida a pleinement répondu au rendez-vous et a su se défaire de Thibaut Pinot dans le final pour aller s’imposer en solitaire dans les rues de Côme, amassant par la même occasion sa 50ème victoire  en carrière. Le coureur de Franc-Comtois a lui été repris par les poursuivants, dont Julian Alaphilippe (Quick Step Floors), qui s’est isolé dans la dernière descente pour décrocher la deuxième place. C’est Gianni Moscon (Team Sky), au sprint, qui a complété le podium devant Alexis Vuillermoz (AG2R-La Mondiale) et Thibaut Pinot.

Ils sont nombreux, ce samedi matin, à vouloir intégrer l’échappée sur le Tour de Lombardie, dernier Monument de la saison. De fait, la bagarre dure pendant un long moment avec le peloton se décide à laisser filer. Davide Ballerini (Androni-Sidermec) et Jacques Janse Van Rensburg (Dimension Data) prennent il est vrai les devants après dix kilomètres mais le bon de sortie de ne leur est pas de suite accordé. D’autres formations veulent prendre place dans l’échappée du jour et mènent donc la poursuite derrière le duo. Celui-ci résiste, avec une vingtaine de secondes d’avance, et voit finalement quatre coureurs opérer la jonction après trente bornes. On retrouve là Lorenzo Rota (Bardiani-CSF), Matthias Le Turnier (Cofidis), Pier Paolo De Negri (Nippo Vini Fantini) et Lennard Hofstede (Sunweb) mais le peloton s’accroche encore un moment. Ce n’est finalement qu’après quarante bornes que l’échappée est autorisée à prendre le large. Elle est donc composé de six coureur et leur avantage grimpe rapidement au-delà des dix minutes.  Dans le peloton, ce sont les équipes Bahrain-Merida et Cannondale-Drapac qui viennent finalement imposer un train régulier, pour contrôler l’écart. Celui-ci monte malgré tout jusqu’à douze minutes, avant de progressivement se réduire à la suite du Colle Gallo.

Au moment d’aborder la seconde difficulté du jour, le Colle Brianzi, il n’y a d’ailleurs plus que cinq minutes entre les échappés et le peloton. Tout ce petit monde prend ensuite la direction du Lac de Côme et le schéma de course est stabilisé à l’entrée dans les cent derniers kilomètres. Puis, après un dernier ravitaillement, les coureurs vont chercher la Madonna del Ghisallo. La tension s’accentue clairement dans le peloton, où la Movistar imprime un très gros train. La Lotto-Soudal et la Trek-Segafredo tentent même de casser le pack le long du Lac. Tout se regroupe finalement et c’est la Sky qui emmène le peloton au pied de la Madonna del Ghisallo, deux minutes simplement derrière les six échappés matinaux.  Dès le pied, plusieurs attaques surviennent, celle de Jesus Herrada (Movistar) étant la première. Mais ce sont finalement Primoz Roglic (LottoNL-Jumbo), Mikaël Chérel (AG2R-La Mondiale) et Laurens De Plus (Quick Step Floors) qui se montrent les plus incisifs et qui parviennent à partir à la chasse des échappés. À l’avant, justement, le groupe s’émiette à tel point qu’il ne reste plus que Le Turnier et Ballerini à la mi-ascension. Dans la seconde partie de la bosse, le Français se détache mais est repris juste avant le sommet, et le son des cloches, par Chérel et De Plus. Derrière, Bahrain-Merida et FDJ essaient de contrôler un peloton très agité duquel sortent de nombreux coureurs.

Après une courte descente, la Colma di Sermano (5,1 km à 6%) est entamée et les écarts se réduisent. Chérel attend le sommet de la bosse pour se défaire de Le Turnier et De Plus puis entamer le terrible Mur de Sormano (2 km à 15%) seul en tête. Le peloton déboule moins d’une minute plus tard sous l’impulsion de la FDJ, qui replace Pinot avant les hostilités. Alors que Chérel fait clairement la différence dans les pentes vertigineuses de l’ascension, Giovanni Visconti vient imprimer un bon train dans le peloton. Les favoris font acte de présence dans les premières positions mais le peloton comprend toujours une quarantaine d’unités. C’est pourquoi, à l’approche du sommet, Vincenzo Nibali place une petite accélération. Le paquet s’effiloche et ils ne sont donc plus que vingt au moment de basculer, à moins d’une minute de Chérel, alors que De Plus est toujours intercalé. Dans la descente, le coureur d’AG2R-La Mondiale donne tout, tout comme le Belge, ce qui lui vaut une terrible chute, heureusement sans conséquences, par-dessus les barrières de sécurité. Dans le peloton, l’accalmie revient et plusieurs coureurs en profitent pour rentrer.

À 38 kilomètres de l’arrivée, Chérel compte ainsi une minute d’avance sur le peloton, d’où émanent une offensive commune de Philippe Gilbert (Quick Step Floors) et Alessandro De Marchi (BMC), suivi par Pello Bilbao (Astana). Les trois hommes roulent fort derrière l’homme de tête tandis que c’est la FDJ qui prend les commandes dans le peloton. À 25 kilomètres du but, soit à cinq bornes de l’ascension décisive de Civiglio, la jonction s’opère entre le trio de chasse et Chérel alors que le peloton navigue à trente secondes. L’écart est le même au pied de l’avant-dernière bosse du jour, et si Chérel craque à l’avant, Rudy Molard (FDJ) exécute lui un sacré travail pour Thibaut Pinot. Un travail qui condamne notamment Dan Martin, Diego Rosa ou encore Adam Yates. Les attaquants sont finalement rattrapés après un kilomètre d’ascension et on ne retrouve dès lors plus que 20 unités dans le premier peloton. Survient alors la première offensive, l’oeuvre d’Alexis Vuillermoz, pris en chasse par Nairo Quintana. Elle est suivi d’un moment de répit dont profite Gianni Moscon (Team Sky). L’Italien place une belle attaque puis est rejoint par Sam Oomen (Sunweb). C’est le même choisi par Thibaut Pinot (FDJ) pour placer sa première offensive !

C’est Vincenzo Nibali, après un petit temps d’hésitation, qui va le chercher, avec le reste des favoris dans sa roue. Tout ce petit monde se rassemble, mais Pinot en remet une dans la foulée. Le Français se voit poursuivi par Pozzovivo, puis de nouveau par Nibali. Le Sicilien ramène Quintana, Rigoberto Uran, Egan Bernal, Moscon et Oomen mais le coureur de la FDJ insiste et plante une troisième banderille. Il prend plusieurs longueurs d’avance, et cette fois-ci, Nibali ne se contente pas de revenir au train, il place une véritable attaque que personne ne peut suivre. Il revient ainsi très vite dans le sillage de Pinot alors qu’Uran s’isole en troisième position. Au sommet, Nibali relance avec Pinot dans sa roue et la descente du Civiglio se profile. Cette même descente qui avait permis à Nibali de s’enfuir vers la gagne en 2015. Justement, l’Italien accélère et fait son maximum pour décrocher Pinot dans cette portion. Le Français tente de s’accrocher mais lâche mètre par mètre pour finalement arriver au bas avec plus de cinq secondes de retard. Pinot tente de relancer mais c’est Nibali qui s’avère être le plus costaud.

Après trois kilomètres sur le plat, Nibali entame la montée finale de San Fermo della Battaglia, avec 10 secondes d’avance sur son dauphin, alors qu’Uran est repris par une pléiade de poursuivants. Dès les premières pentes, Vincenzo Nibali creuse sur Thibaut Pinot, qui se retrouve très vite à défendre sa deuxième place plutôt qu’à jouer la première. Puisque pendant que le Sicilien s’envole vers le sacre, les attaques déferlent en poursuite, notamment par l’intermédiaire de Pozzovivo, Quintana et enfin Alaphilippe. C’est le Français qui condamne finalement Pinot, repris à l’approche du sommet. Nibali plonge vers lui vers Côme avec près de 40 secondes d’avance et la victoire ne peut dès lors plus lui échapper. En revanche, le podium est encore très incertain. Aru, Quintana, Pozzovivo, Moscon, Nieve et Vuillermoz rentrent sur les deux Français, mais Alaphilippe profite de la descente pour exhiber ses qualités d’acrobate et prendre le large. Le coureur de la Quick Step Floors s’envole vers la deuxième place tandis que Nibali peut savourer son second triomphe sur le Tour de Lombardie dans le dernier kilomètre. Nibali conquiert son 50e succès en carrière à cette occasion tandis que Julian Alaphilippe va chercher une énième place d’honneur dans une grande épreuve du calendrier. Le podium est complété par Gianni Moscon (Team Sky), qui remporte le sprint des poursuivants.

Classement

1. Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida)
2. Julian Alaphilippe (Quick Step Floors) à 0’28
3. Gianni Moscon (Team Sky) à 0’38
4. Alexis Vuillermoz (AG2R-La Mondiale) m.t
5. Thibaut Pinot (FDJ) m.t
6. Domenico Pozzovivo (AG2R-La Mondiale) m.t
7. Fabio Aru (Astana) m.t
8. Mikel Nieve (Team Sky) à 0’40
9. Nairo Quintana (Movistar) à 0’42
10. Sergei Chernetski (Astana) à 0’47
11. Sam Oomen (Sunweb) m.t
12. Nicolas Roche (BMC) m.t
13. Egan Bernal (Androni-Sidermec) m.t
14. Ben Hermans (BMC) m.t
15. Davide Villella (Cannondale-Drapac) à 1’12
16. Mathias Frank (AG2R-La Mondiale) m.t
17. Diego Rosa (Team Sky) m.t
18. Wilco Kelderman (Sunweb) m.t
19. Bauke Mollema (Trek-Segafredo) à 1’26
20. Tim Wellens (Lotto-Soudal) m.t

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