Gand-Wevelgem : L’ogre Greg Van Avermaet frappe encore !
Et de trois ! Greg Van Avermaet s’est adjugé sa troisième Flandrienne de la saison ce dimanche sur Gand-Wevelgem, un mois après l’Omloop Het Nieuwsblad et deux jours après le Grand Prix E3 Harelbeke. De nouveau à l’offensive, le Flamand a rejoint la ligne d’arrivée en compagnie de Jens Keukeleire (Orica-Scott), dont il a assez facilement disposé au sprint. Le champion olympique s’annonce comme le très grand favori pour le Tour des Flandres tandis que son grand rival, Peter Sagan (Bora-hansgrohe) a été pris à son propre piège en laissant un écart se former à quinze bornes de la ligne. Le champion du monde a tout de même pris la troisième place, réglant Niki Terpstra (Quick Step Floors) au sprint.
La 79ème édition de Gand-Wevelgem est lancée sous les coups de 11h40, depuis la commune de Deinze. Plusieurs attaques surviennent dans les premiers kilomètres mais le peloton ne décide de faire rideau qu’après une trentaine de minutes et l’attaque de neuf hommes. Hugo Houle (Ag2r-La Mondiale), Ryan Mullen (Cannondale-Drapac), Mark McNally (Wanty-Groupe Gobert), Loïc Chetout (Cofidis), Christophe Masson (WB-Veranclassic Aqua Protect), Elmar Reinders (Roompot Oranje Peloton), Jay Robert Thomson (Dimension Data), Preben Van Hecke (Sport Vlaanderen-Baloise) et Dennis Van Winden (Israel Cycling Academy) obtiennent le bon de sortie du jour. Leur avantage grandit à sept minutes sur un peloton d’abord peu enclin à contrôler. C’est finalement la FDJ qui vient prendre les commandes après 50 kilomètres de course. Peu de temps après, des cassures s’opèrent et le peloton se disloque en quatre groupes. Les trois derniers se réunissent mais le premier paquet emmené par la formation Sky conserve 30 secondes d’avance pendant une trentaine de bornes. Finalement, à 150 bornes du but, le peloton se reforme dans son intégralité et l’échappée reprend du terrain. Elle cumule même plus d’avance qu’elle n’en avait avant les bordures. Juste avant les premiers monts de la journée, sur le territoire français, le peloton est sujet à plusieurs chutes, dont celles d’Arnaud Démare (FDJ) et Oliver Naesen (AG2R-La Mondiale), qui repartent néanmoins indemnes.
Se présente alors l’enchaînement des difficultés : Mont des Chats, le Mont Kokereel, le Vert Mont, la Côte du Ravel Put et la Côte de la Blanchisserie. À l’issue de ce passage, le peloton reste bien groupé, mais se rapproche à cinq minutes de l’échappée. On entame alors les cent derniers kilomètres et la tension monte d’un cran dans le peloton, où quelques nouvelles chutes font irruption. Surtout, la première ascension du mont Kemmel se rapproche doucement et le peloton s’étire de tout son long après l’ascension du Ravijnsberg. Quelques cassures s’opèrent et se transforment en bordures sur la partie plane qui suit. La BMC serre le verrou durant quelques minutes mais le peloton retrouve une certaine consistance juste avant l’ascension du Banenberg. Surviennent alors les premières vraies offensives dans le peloton, et celle de Tony Martin (Katusha-Alpecin) est la plus franche, bien que vaine. Tout se regroupe au sommet et les coureurs prennent la direction du Mont Kemmel. L’échappée l’aborde avec moins de trois minutes d’avance mais y conserve son unité. Le peloton reste lui aussi relativement compact mais les favoris font bien acte de présence aux avant-postes. Après la descente quelque peu périlleuse du Kemmelberg, le Monteberg est rapidement avalé mais il ne fait pas plus de différence dans le peloton. En revanche, Chetout et Van Hecke faussent compagnie à leurs acolytes de l’échappée à 70 bornes du but. Le peloton se rapproche lui à deux minutes.
Dans les kilomètres qui suivent, Naesen, Jasper Stuyven (Trek-Segafredo) et tant d’autres tentent de secouer le peloton mais celui-ci, bien que réduit à une soixantaine d’unités, garde son homogénéité. C’est donc bel et bien groupé qu’il aborde les premières Plugstreets, ces chemins de terre nouvellement introduits. Dans un premier temps, aucune attaque n’est à noter mais Zdenek Stybar (Quick Step Floors) ne tarde pas à exhiber ses qualités de crossman ! Il est accompagné par Guillaume Van Keirsbulck (Wanty-Groupe Gobert) alors que son coéquipier Matteo Trentin ainsi qu’Edward Theuns (Trek-Segafredo) accélèrent à leur tour. De légères cassures se créent dans le premier peloton mais surtout, Luke Rowe, Alexander Kristoff ou encore Arnaud Démare sont victimes de crevaison. Le premier parvient à rentrer, pas les deux suivants. Pendant ce temps, Van Hecke dépose Chetout sur la dernière Plugstreet. À 50 kilomètres du but, les coureurs retrouvent du bitume et Van Hecke mène tout seul tandis que les quatre contre-attaquants sont repris par le peloton mené par la BMC. Ce dernier, composé d’une cinquantaine d’hommes, prend alors la direction des deux derniers monts du jour. La course semble retrouver un semblant d’accalmie, mais c’est alors qu’une nouvelle chute intervient. Celle-ci emmène Tony Martin (Katusha), Tom Leezer (LottoNL-Jumbo), Moscon (Team Sky), Silvan Dillier (BMC Racing Team) et Florian Sénéchal (Cofidis) au sol. Pendant ce temps, Alexander Kristoff se bat, seul, pour rentrer sur le paquet de tête.
La BMC continue néanmoins d’imprimer un bon tempo et l’enchaînement Banenberg-Kemmelberg se profile. Dans la difficulté qui précède, Van Hecke rend les armes et Daniel Oss tente une première fois sa chance. Ca ne fonctionne pas, mais l’Italien, pas découragé, remet ça dans le Banenberg. Une nouvelle fois, ça ne crée pas de brèche. Le peloton s’en va dès lors groupé vers la deuxième ascension du mont Kemmel, ultime difficulté du jour. Jasper Stuyven (Trek-Segafredo) et Yves Lampaert (Quick Step Floors) anticipent mais tout se regroupe au pied. D’emblée, Greg Van Avermaet (BMC) passe à l’attaque et John Degenkolb (Trek-Segafredo) prend son sillage. L’Allemand ne parvient pas à accrocher la roue, mais Peter Sagan, très à l’aise sur le pavé, revient dans la roue de Van Avermaet au sommet. Les deux hommes basculent avec quelques longueurs d’avance sur Degenkolb, qui revient toutefois très vite sur la portion de plat. Puis, ce sont Zdenek Stybar, Niki Terpstra (Quick Step Floors) et Edvald Boasson Hagen (Dimension Data) qui opèrent la jonction après un gros effort. Les relais sont dès lors moins appuyés, ce qui permet le retour d’un énième groupé composé de Sonny Colbrelli (Bahrain-Merida), Michael Matthews, Soren Krach Andersen (Sunweb), Oliver Naesen (AG2R-La Mondiale), Matteo Trentin (Quick Step Floors) ou encore Scott Thwaites (Dimension Data), Alberto Bettiol (Cannondale-Drapac) et Jens Keukeleire (Orica-Scott).
À 30 kilomètres du but, ils sont donc 14 en tête, alors que la Lotto-Soudal et Cofidis mettent un moment avant de s’organiser en poursuit. L’écart grimpe ainsi à trente secondes après cinq petits kilomètres. Mais les relais passent moins bien à l’approche des vingt dernières bornes et le peloton des piégés semble faire son retard. C’est pourquoi quelques offensives émanent alors du groupe de tête. Jens Keukeleire est le premier à se signaler, mais surtout, Van Avermaet réagit, suivi de Terpstra et Andersen. Sagan sent la menace et fait le jump tout seul avec le quatuor. Derrière, ça ne réagit pas et le trou se fait immédiatement. Van Avermaet et Sagan passent de gros relais et le reste se retrouve piégé. Degenkolb, Boasson Hagen et Colbrelli tentent de réagir mais voient doucement les cinq hommes prendre le large. L’écart grimpe rapidement à 20 secondes et les poursuivants finissent par abdiquer et attendre le gros du peloton. Dès lors, les hommes de tête se relaient à la perfection pour repousser leurs concurrents. Mais, alors que tout se présente bien pour eux, Sagan décide de laisser un écart avec Van Avermaet et Keukeleire, et demande à Tersptra de passer. Les deux hommes se relèvent, avec Andersen dans leurs roues, et personne ne veut prendre l’initiative de boucher le trou. Ce jeu dure quelques secondes… de trop ! Keukeleire et Van Avermaet continuent pour leur part à relayer fort et c’est finalement Terpstra qui lance la chasse. Sauf qu’un écart de dix secondes s’est créé et le trio se retrouve piégé à son tour, de la plus bête des manières !
Sous la bannière des dix derniers kilomètres, Keukeleire et Van Avermaet comptent alors 15 secondes sur Sagan, Andersen et Terpstra. Les trois hommes décident alors d’unir leur force mais devant aussi, on se livre à 100%. Le peloton, qui a repris le groupe Degenkolb, est lui pointé à une minute. Sur les longues lignes droites du final, l’écart fluctue autour des dix secondes entre les deux groupes de tête, et ça semble de fait bien se profiler pour le duo Keukeleire-Van Avermaet. Celui-ci voit son avantage grimper à plus de quinze secondes à deux kilomètres et le trio en poursuite abandonne son entreprise. Peu avant la flamme rouge, les deux Belges se retrouvent avec 22 secondes d’avance et Keukeleire tente de jouer avec son rival. Van Avermaet prend finalement les commandes après la flamme rouge et mène jusque dans la dernière ligne droite. Les deux hommes, assurés de se battre pour la victoire, arrivent au ralenti dans les derniers hectomètres. Le coureur de la BMC emmène à un rythme peu élevé et décide finalement de lancer son sprint à 200 mètres de la ligne. Keukeleire prend sa roue, remonte légèrement, mais ne peut passer le champion olympique. Van Avermaet s’adjuge ainsi son 3e succès dans une Flandrienne cette saison tandis que Peter Sagan règle le trio de chasse pour la troisième place. Quelques instants plus tard, John Degenkolb (Trek-Segafredo) règle le peloton pour la sixième place.
Classement
1 Greg Van Avermaet (BMC Racing Team)
2 Jens Keukeleire (ORICA-Scott)
3 Peter Sagan (Bora – Hansgrohe)
4 Niki Terpstra (Quick-Step Floors)
5 John Degenkolb (Trek – Segafredo)
6 Tom Boonen (Quick-Step Floors)
7 Jens Debusschere (Lotto Soudal)
8 Michael Matthews (Team Sunweb)
9 Fernando Gaviria (Quick-Step Floors)
10 Sacha Modolo (UAE Team Emirates)