La Flèche Wallonne : Julian Alaphilippe brise enfin l’hégémonie d’Alejandro Valverde

Deux fois deuxième de la Flèche Wallonne par le passé, à chaque fois derrière Alejandro Valverde, Julian Alaphilippe a enfin réussi à dompter El Imbatido sur le Mur de Huy. Ce mercredi, dans l’édition 2018 de l’épreuve belge, c’est bien le Français qui s’est montré le plus fort et le plus tranchant dans les derniers hectomètres de la terrible ascension finale. Le coureur de la Quick Step Floors a produit son effort à 150 mètres de la ligne, après une première attaque de Jelle Vanendert (Lotto-Soudal), et a ensuite réussi à tenir tête à Valverde, pourtant presque revenu dans sa roue, mais qui n’a pas eu le punch nécessaire pour s’accrocher jusqu’au bout. C’est la première grande victoire dans une Classique de Julian Alaphilippe, qui succède à Laurent Jalabert (1997), dernier Français lauréat de l’épreuve. Pour Valverde, c’est une série de quatre victoires consécutives qui s’interrompt.

Dans cette édition 2018 de la Flèche Wallonne, la bagarre est de très courte durée pour intégrer l’échappée du jour. Il faut à peine cinq bornes pour voir le groupe de fuyards se dessiner en tête de course. On retrouve alors six hommes, à savoir Romain Hardy (Fortuneo-Samasic), Anthony Roux (Groupama-FDJ), Cesare Benedetti (Bora-hansgrohe), Anthony Perez (Cofidis), Romain Combaud (Delko Marseille Provence KTM) et Patrick Müller (Vital Concept). Un duo belge composé de Kevin Van Melsen (Wanty-Groupe Gobert) et Antoine Warnier (WB Aqua Protect Veranclassic) s’intercale en contre et finit par revenir, une fois que le peloton se décide à lever le pied. Une fois réunis à l’avant, les audacieux du jour peuvent prendre le large, en l’occurence cinq bonnes minutes après quarante bornes de course. Les premières ascensions se présentent alors, avec notamment les côtes de La Vecquée et celle de la Redoute. C’est justement le moment choisi par le peloton pour accélérer quelque peu l’allure, revenant ainsi à quatre minutes à la mi-course. Movistar et UAE Team Emirates roulent de concert et réduisent progressivement l’écart à l’approche du money-time. À 60 kilomètres de la ligne se profile donc le premier des trois passages sur le Mur de Huy, et les 8 échappés ne l’entament qu’avec une avance de deux minutes. Elle perd aussi Antoine Warnier en chemin tandis que les choses s’animent d’ores et déjà dans le peloton.

On retrouve notamment Michal Kwiatkowski (Team Sky), Rui Costa (UAE Team Emirates), Robert Power (Mitchelton-Scott), Jelle Vanendert (Lotto-Soudal), Ion Izagirre (Bahrain-Merida) à l’attaque. Ca réagit via diverses formations dans le paquet, et il faut qu’AG2R-La Mondiale se mette à la planche pour tout faire rentrer dans l’ordre, peu après le Mur. Mais ça ne s’arrête pas là. Si le peloton est brièvement repris en main par la Movistar, une petite minute derrière l’échappée à cinquante kilomètres du but, la côte d’Ereffe fait à nouveau des dégâts quelques instants plus tard. De nombreuses attaques surgissent, et cette fois-ci, c’est une vingtaine de coureurs qui prend le large face au reste du peloton, comprenant l’essentiel des favoris. Ces hommes issus du peloton rejoignent très vite les hommes de l’échappée et le peloton se retrouve assez rapidement à une vingtaine de secondes. La coopération n’est pas optimale en tête mais l’écart demeure et puis, à quarante kilomètres du but, une fissure s’opère à l’avant. Ce sont alors six hommes qui prennent le large, avec deux échappés matinaux, Roux et Benedetti, mais aussi Tanel Kangert (Astana), Maximilian Schachmann (Quick Step Floors), Jack Haig (Mitchelton-Scott) et surtout … Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida).  Ces derniers se dégagent donc clairement tandis que le reste du groupe est avalé par le peloton, mené par la Movistar, et en particulier Mikel Landa.

Cela ne freine pas Michal Kwiatkowski (Team Sky) qui place une nouvelle offensive, et qui rejoint Alessandro De Marchi (BMC), resté entre-deux. Après la côte de Cherave, à 32 bornes de la ligne, le duo de chasse compte néanmoins 20 secondes de retard sur la tête de la course, tandis que le peloton est à près de 40 secondes. Et tout ce petit monde s’en va chercher la deuxième ascension du Mur de Huy. Cette fois-ci, aucune attaque ne se produit, mais le rythme s’accélère sous l’impulsion de Landa et Kwiatkowski ainsi que De Marchi rentrent dans le rang. Dans le même temps, de nombreux favoris ou outsiders sont décrochés, tels que Dan Martin (UAE Team Emirates), David Gaudu (Groupama-FDJ), Ion Izagirre (Bahrain-Merida), Wout Poels (Team Sky) et bien d’autres. Le peloton n’est plus composée que d’une cinquantaine d’unités mais accuse toujours un retard de 40 secondes sur les six hommes de tête au sommet du Mur de Huy. Dimension Data vient alors collaborer avec un Mikel Landa bien esseulé, mais cela n’empêche pas l’écart de gonfler à plus de cinquante secondes à l’entrée dans les vingt derniers kilomètres. L’avance du groupe Nibali flirte même avec la minute avant que la Sky ne vienne rouler, pour Sergio Henao. Mais c’est surtout l’arrivée de Lotto-Soudal aux avant-postes, avec Tiesj Benoot, qui permet à l’écart d’infléchir.

Grâce à un gros relais du jeune Belge, on ne compte plus que trente secondes de différence à dix bornes du but. Toutefois, avant le Mur de Huy se présente l’avant-dernière bosse du jour, la côte de Cherave. Celle-ci est entamée à sept kilomètres de la ligne, et immédiatement, Haig attaque, ce qui condamne Roux et Benedetti, les échappés matinaux. Derrière, la Lotto-Soudal continue de rouler fort, puis c’est la Bora-hansgrohe qui hausse le tempo, avec la Quick Step Floors. L’avance du quatuor se réduit conséquemment et au sommet, malgré une relance de Nibali, on ne compte que 15 secondes de retard pour le peloton. Dans la descente qui suit, le Requin de Messine se fait piéger par Schachmann et Haig, qui font le trou. Ils se retrouvent sur le plat, à quatre bornes, avec quelques longueurs d’avance et poursuivent leur effort ensemble. Nibali et Kangert sont eux en ligne de mire d’un peloton qui roule fort et où la bagarre des positions fait rage à l’approche du Mur de Huy. Ils sont encore une quarantaine dans le groupe des favoris qui reprend d’abord les deux intercalés avant d’entamer le Mur de Huy (1,3 à 9,6%), moins de dix secondes derrière l’échappée. D’ailleurs, c’est Schachmann qui se montre le plus costaud face à Haig dans les premières pentes, et l’Australien est donc repris par un peloton emmené à vive allure par la Lotto-Soudal.

La sélection s’opère au fil des mètres par l’arrière, à cause du solide tempo imprimé par Jelle Vanendert. Schachmann parvient lui à résister pendant un moment quelques mètres devant, mais Vanendert et Tim Wellens insistent et l’écart se réduit franchement à 500 mètres du but. C’est alors que Vanendert, pourtant à la mène depuis le bas, hausse progressivement le train, Julian Alaphilippe (Quick Step Floors) saute dans sa roue tandis qu’Alejandro Valverde (Movistar), un peu plus loin, est moins prompt à réagir. Le Belge poursuit son effort et lâche toutes ses forces à 200 mètres de la ligne, mais Alaphilippe est bien calé et décide à son tour de passer la démultipliée. Le Français décroche immédiatement Vanendert, tandis que Valverde fait l’effort pour recoller. Le quintuple vainqueur y parvient… presque, mais alors qu’il est sur le point de reprendre la roue, ses jambes le lâchent et il ne peut plus suivre le rythme d’Alaphilippe. Ce dernier reprend donc mètre par mètre dans la dernière ligne droite et s’en va ainsi récolter sa première victoire dans une grande Classique. Valverde doit se contenter de la seconde place, et Vanendert de la troisième.

Classement

1 Julian Alaphilippe (Quick-Step Floors)
2 Alejandro Valverde (Movistar) à 0’04
3 Jelle Vanendert (Lotto Soudal) à 0’06
4 Roman Kreuziger (Mitchelton-Scott) m.t
5 Michael Matthews (Sunweb) m.t
6 Bauke Mollema (Trek – Segafredo) m.t
7 Tim Wellens (Lotto Soudal) m.t
8 Maximilian Schachmann (Quick-Step Floors) m.t
9 Romain Bardet (AG2R La Mondiale) m.t
10 Patrick Konrad (BORA – hansgrohe) à 0’12

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