La Flèche Wallonne : Julian Alaphilippe à l’arraché devant Jakob Fuglsang
Cette fois-ci, Julian Alaphilippe et Jakob Fuglsang n’ont pas pu, et n’ont de toute façon pas eu le temps, de s’observer. Et c’est finalement le Français qui a eu raison du Danois dans le Mur de Huy pour conquérir sa deuxième Flèche Wallonne consécutive. Trois jours après un renversant final sur l’Amstel Gold Race, Alaphilippe et Fuglsang se sont à nouveau montrés les plus costauds dans les pourcentages vertigineux du Mur de Huy, et le puncheur de la Deceuninck-Quick Step a finalement réussi à passer la ligne de justesse devant le coureur d’Astana, qui a pourtant résisté jusqu’au bout. Diego Ulissi (UAE Team Emirates) complète le podium du jour. Alaphilippe remporte ainsi sa neuvième victoire de la saison et devient le troisième Français de l’histoire à remporter la Flèche Wallonne à deux reprises, le premier à le faire consécutivement.
La bataille n’est que de très courte au durée au départ de la Flèche Wallonne 2019, ce mercredi matin. Après une première tentative d’Adam De Vos (Rally Cycling) et Mathijs Paasschens (Wallonie-Bruxelles), neutralisée, le peloton se relève lorsqu’un quatuor prend les devants après dix minutes de course. On retrouve là Joey Rosskopf (CCC), Robin Carpenter (Rally Cycling) et Kenneth Van Rooy (Sport Vlaanderen Baloise) tandis que Koen Bouwman (Jumbo-Visma) et Sergio Rodriguez (Euskadi-Murias) partent en contre pour intégrer, eux aussi, la bonne échappée du jour. Toutefois, ils doivent se battre pour obtenir leur place à l’avant, car les quatre échappés initiaux ne comptent pas se relever. Alors, après plusieurs minutes de chasse, l’Espagnol abdique tandis que le Néerlandais insiste. Finalement, Bouwman parvient à opérer la jonction après vingt kilomètres tandis que Rodriguez reste intercalé pendant un bon moment avant de se relever complètement et de voir le peloton l’avaler. Un peloton qui laisse l’échappée se développer en lui accordant plus de cinq minutes d’avance après la première heure de course.
La Deceuninck-Quick Step du tenant du titre et grand favori Julian Alaphilippe prend ses responsabilités et décide même d’augmenter quelque peu l’allure au passage des deux premières bosses de la journée. L’écart tombe un moment à quatre minutes avant de revenir à sa marque précédente. À la mi-course, soit à 100 bornes de la ligne, l’écart est légèrement inférieure aux cinq minutes alors que plusieurs chutes émaillent le peloton et contraignent d’ailleurs Ben Hermans à l’abandon. Le peloton se scinde l’espace de quelques instants mais reprend sa forme initiale au moment d’entamer le premier des trois tours de circuit, à près de 90 bornes du but. Ce n’est que quinze kilomètres plus loin que la première des trois difficultés se présente, à savoir la côte d’Ereffe. Peu après celle-ci s’initie un contre avec Pierre-Luc Périchon (Cofidis), Willie Smit (Katusha-Alpecin) et Cesare Benedetti (Bora-hansgrohe). Au contraire, l’échappée dégrossit et perd d’abord Van Rooy dans la deuxième côte du circuit, celle de Cherave. Cette bosse est également fatale à Smit, à peine sorti du peloton mais qui doit rétrograder. Damian Caruso (Bahrain-Merida), en revanche, fait le jump et rejoint le groupe de chasse. Le peloton reste calme, à plus de trois minutes de l’échappée qui prend alors la direction du premier passage du Mur de Huy.
Celui-ci se présente à 60 kilomètres du but et Wirtgen est immédiatement lâché au sein du groupe de tête. Bouwman, Rosskopf et Carpenter sont donc les uniques rescapés de l’échappée alors que le trio de poursuivants passent 2’15 plus tard au sommet et le peloton 2’45 après. Dans le début du deuxième tour, le trio de poursuivants reprend d’abord les lâchés de l’échappée mais les cartes sont rebattues à moins de cinquante bornes du but lorsque débute la deuxième ascension de la côte d’Ereffe. Alors que Van Rooy et Wirtgen sont décrochés pour de bons, Nathan Haas (Katusha-Alpecin), Tom-Jelte Slagter (Dimension Data), Tomasz Marczynski (Lotto-Soudal) et Michael Gogl (Trek-Segafredo) passent à l’attaque depuis le peloton et rejoignent Benedetti, Caruso et Périchon. Un peu plus loin, alors que Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) est dépanné après une crevaison, Gorka Izagirre (Astana) place lui aussi un contre et revient sur les intercalés, désormais au nombre de huit.
Peu après se présente la côte de Cherave (1,3 km à 8,1%), et si les échappés l’effectuent au train et roue dans roue, le peloton est lui beaucoup plus agité, alors qu’une chute intervient peu avant le pied. Ion Izagirre (Astana) est notamment projeté au sol et écarté de la bagarre. Légèrement devant, son frère Gorka est lui repris avec ses compères poursuivants par de nouvelles offensives émanant du peloton. On retrouve donc un peloton recomposé à moins d’une minutes de l’échappée, et à un peu plus de 30 bornes du but, avant le deuxième passage par le Mur de Huy. Mais avant cette montée, d’autres coureurs sont malheureusement mis hors-jeu après une chute. C’est le cas d’Adam Yates (Mitchelton-Scott), pourtant un vrai outsider, mais aussi de Roman Kreuziger (Dimension Data) et Domenico Pozzovivo (Bahrain-Merida), durement touchés. C’est donc sans eux que le peloton prend la direction du Mur de Huy, où une première véritable sélection s’effectue après l’accélération du jeune Bjorg Lambrecht (Lotto-Soudal). Dernier rescapé de l’échappée, Rosskopf parvient à résister jusqu’au sommet, où il passe en solitaire, mais il voit peu après une vingtaine de coureurs, issus du peloton, revenir sur lui.
Diverses attaques au sommet du Mur de Huy permettent à un groupe de faire la différence sur le reste du peloton, et de grands noms y figurent ! On retrouve notamment Davide Formolo, Maximilian Schachmann, Jay McCarthy (Bora-hansgrohe), Enric Mas, Tom-Jelte Slagter (Dimension Data), Wout Poels (Team Sky), Luis Leon Sanchez, Gorka Izagirre (Astana), Alessandro De Marchi (CCC), Diego Ulissi, Sergio Henao (UAE Team Emirates), Dylan Teuns (Bahrain-Merida), Damien Howson (Mitchelton-Scott), Tim Wellens, Bjorg Lambrecht (Lotto-Soudal), Carlos Verona (Movistar) ou bien Giulio Ciccone (Trek-Segafredo). Au vu de la composition de ce groupe, un vent de panique s’empare du peloton. La Movistar et la Deceuninck-Quick Step se mettent alors en ordre de marche pour tenter de boucher les 15 secondes enregistrées à 25 kilomètres du but. Dans le premier groupe, c’est la Bora-hansgrohe qui effectue la majorité du travail mais ce sont bien les équipiers de Valverde et Alaphilippe qui gagnent la bataille et parviennent à établir la jonction après quasiment dix minutes de chasse, et d’inquiétude. Tout revient dans l’ordre avant la première difficulté du circuit, la côte d’Ereffe, où Tomasz Marczynski place un nouveau démarrage pour prendre les devants.
Le Polonais prend seul les devants tandis que la Deceuninck-Quick Step contrôle derrière avec Dries Devenyns. Un peu plus loin, Matej Mohoric (Bahrain-Merida) sort à son tour et profite de la descente qui suit pour se rapproche de l’homme de tête. La jonction entre Marczynski et Mohoric est finalement opérée à neuf kilomètres du but et ils entament la côte de Cherave (1,3 km à 8,1%), deux kilomètres plus loin, avec moins de dix secondes d’avance. Le peloton l’aborde à toute vitesse et Dries Devenyns doit s’écarter. Il revient alors à Enric Mas de faire le train pour Julian Alaphilippe, et l’Espagnol asphyxie la concurrence. Personne n’est en mesure d’attaquer, et au contre, de nombreux coureurs sont lâchés dans cette avant-dernière côte. Au sommet, on ne retrouve plus qu’une trentaine d’hommes dans la roue d’Enric Mas, qui continue à rouler pour empêcher les attaques. Comme les années précédentes, c’est donc dans le Mur de Huy que tout va se jouer. La Bora-hansgrohe remonte Maximilian Schachmann à deux bornes de la ligne, puis ce sont les formations UAE Team Emirates, Sky et Lotto-Soudal qui se replacent au pied du Mur de l’ascension finale.
Peu après la flamme rouge, ce sont ainsi Jelle Vanendert, Tim Wellens (Lotto-Soudal) et Diego Ulissi (UAE Team Emirates) qui se retrouvent en tête de peloton. Le début d’ascension se fait à un bon train et Michal Kwiatkowski (Team Sky) prend la tête à 500 mètres du but, mais après le terrible virage à 20%, c’est Jakob Fuglsang (Astana) qui surgit et qui accélère clairement le tempo. Kwiatkowski tente d’y aller, mais coince, et Alaphilippe s’empresse de partir en contre, conscient de la menace du Danois. Celui-ci ne faiblit pas, mais aux prix d’un bel effort, le Français revient dans sa roue à 200 mètres de la ligne. Malgré tout, Fuglsang insiste et continue d’emmener fort. Alaphilippe sert les dents et produit finalement son accélération à 150 mètres du but. Le coureur de la Deceuninck-Quick Step passe devant mais son rival d’Astana s’accroche tant bien que mal dans la roue. Le vainqueur de Milan-Sanremo met tout dans les cent derniers mètres mais ne parvient pas à se défaire complètement de Fuglsang qui vient même le titiller dans les 25 derniers mètres pour finalement échouer à son pédalier … Au bout de l’effort, à l’arraché, après un superbe duel, et de justesse, Alaphilippe remporte donc sa deuxième Flèche Wallonne consécutive. Fuglsang se contente une nouvelle fois de la deuxième place, comme sur les Strade Bianche, notamment, tandis que Diego Ulissi se dote d’une superbe troisième place quelques secondes plus tard.
Classement
1 Julian Alaphilippe (Deceuninck – Quick Step)
2 Jakob Fuglsang (Astana)
3 Diego Ulissi (UAE-Team Emirates) à 0’06
4 Bjorg Lambrecht (Lotto Soudal) à 0’08
5 Maximilian Schachmann (BORA – hansgrohe) m.t
6 Bauke Mollema (Trek – Segafredo) m.t
7 Patrick Konrad (BORA – hansgrohe) m.t
8 Michael Matthews (Sunweb) m.t
9 Jelle Vanendert (Lotto Soudal) à 0’11
10 Enrico Gasparotto (Dimension Data) m.t
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