À Travers la Flandre : Yves Lampaert réussit le doublé

C’était loin d’être joué d’avance, mais Yves Lampaert a réussi une sacré performance ce mercredi en conservant son titre sur la Classique d’À Travers la Flandre. Il apporte aussi un nouveau succès à la formation Quick Step Floors, encore parfaite dans le jeu d’équipe aujourd’hui, et victorieuse de sa deuxième Flandrienne de la saison après le Grand Prix E3 Harelbeke. Dans des conditions climatiques exécrables ce mercredi, le protégé de Patrick Lefévère a conquis son deuxième succès d’affilée à Waregem en faussant compagnie à ses compères de route dans le dernier kilomètre, « en facteur » comme qui dirait, et n’a plus jamais été revu. Mike Teunissen (Sunweb) s’est emparé d’une belle deuxième place devant Sep Vanmarcke (EF Education First).

C’est dans des conditions météo très difficiles que le départ de cette édition 2018 d’À Travers la Flandre est donné, peu après 12h30. Ces conditions n’incitent pas à l’attaque, mais certains s’y essaient tout de même, sans grand succès. Les minutes et les kilomètres défilent sans qu’aucune échappée ne se forme au devant du peloton. Sylvain Chavanel (Direct Energie) tente bien de faire la différence avec Peter Koning (Aqua Blue Sport), mais ça n’aboutit pas. Le peloton continue donc sa marche en avant, groupé, sous la pluie incessante. Après 80 kilomètres de course, au moment d’entamer le Kluisberg, premier mont de la journée, il n’y a donc pas d’échappée et le paquet l’arpente au train. Quelques kilomètres plus loin, c’est le Konkteberg, aussi dénommé côte de Trieu, qui est entamé. Et cette fois, un homme parvient à faire la différence. Il s’agit de Luke Rowe (Team Sky). Le Britannique prend rapidement une minute d’avance, puis ce sont Niccolo Bonifazio (Bahrain-Merida) et Alexandre Pichot (Direct Energie) qui sortent à leur tour. Ce duo n’obtient toutefois pas la bénédiction du peloton, qui commence à hausser le tempo. Un peloton qui perd d’ailleurs le champion de Belgique Oliver Naesen (AG2R-La Mondiale), victime d’une chute plus tôt dans la course. À 75 bornes du but, Luke Rowe poursuit son aventure à l’avant, mais avec seulement vingt seconde sur la meute, qui reprend les intercalés.

Astana et BMC, après la deuxième ascension du Kluisberg, passent clairement à la vitesse supérieure. Le peloton s’étire et craque en divers endroits. Provisoirement, dans un premier temps, mais de manière plus définitive ensuite. La Quick Step Floors accélère à son tour, avec Iljo Keisse. Dès lors, dans le Korteker, ça éclate complètement. Alors que Tony Martin (Katusha-Alpecin) prend les devants momentanément, c’est un peloton réduit à cinquantaine unités environ qui se forme derrière lui. Au sein de celui-ci, Heinrich Haussler (Bahrain-Merida) place une petite accélération et profite ensuite d’une petite chute de Tony Martin à l’avant pour rejoindre l’Allemand en tête. L’entreprise du duo est toutefois rapidement annihilée puisque se présente alors le Taaienberg. Un peloton d’environ 40 unités l’aborde en tête, et c’est Zdenek Stybar (Quick Step Floors) qui met le feu aux poudres. Le champion de République Tchèque fait une belle différence et permet surtout une grosse sélection dans le peloton. L’ancien crossman insiste quelques instants, mais derrière, Greg Van Avermaet (BMC) ramène du monde, notamment Tiesj Benoot (Lotto-Soudal), Yves Lampaert (Quick Step Floors) ou encore … Alejandro Valverde (Movistar). Finalement, un nouveau regroupement s’opère après un moment d’observation et on retrouve une trentaine de coureurs en tête à 50 bornes du but.

Quelques minutes plus tard, ce groupe entame le Kruisberg, non-pavé, et John Degenkolb (Trek-Segafredo) décide d’anticiper. Puis Valverde y va, tout comme Lampaert et Van Avermaet et le « peloton » se scinde à nouveau en plusieurs morceaux. On retrouve devant Valverde, Van Avermaet, Stybar, Lampaert, Moscon, Degenkolb, Pedersen, Vanmarcke, Boasson Hagen, Benoot et Martin. Derrière, la LottoNL-Jumbo prend les choses en main avec trois coureurs pour tenter d’opérer la jonction avant la troisième ascension du Knokteberg. C’est d’ailleurs quasiment chose faite à 34 kilomètres du but, au moment où le mont se présente. Mais Tiesj Benoot ne laisse le répit s’installer. Le vainqueur des Strade Bianche relance avec puissance, et seul Greg Van Avermaet, au forceps, parvient à s’accrocher. Tout vole donc en éclat, à nouveau, et le duo belge décide de collaborer face à un groupe de contre d’une douzaine d’hommes où l’on retrouve Lampaert, Stybar, Terpstra, Valverde, Pedersen, Stuyven, Vanmarcke, Theuns, Teunissen, Moscon, Boasson Boasson et Roosen. C’est donc Quick Step Floors qui se met à la planche, et notamment Niki Terpstra dans le secteur pavé de la Varenstraat. Le lauréat du Grand Prix E3 Harelbeke permet alors la jonction avec le duo Benoot-Van Avermaet et les poursuivants. Dans la foulée, avant la fin du secteur, Vanmarcke place une grosse relance et il est suivi par Lampaert.

Les deux hommes prennent quelques longueurs, que personne ne souhaite combler… si ce n’est Mads Pedersen, Mike Teunissen puis … Edvard Boasson Hagen. Les autres favoris ne bougent pas et s’enterrent complètement. En l’espace de trois minutes, les cinq hommes de tête se construisent une avance de près de 30 secondes. Benoot a beau tenté de relancer dans le Vossenhol, il est muselé par les coureurs de Quick Step Floors et l’écart se stabilise au panneau indiquant les 20 derniers kilomètres. Les cinq de tête font face aux huit en contre, mais dans l’échappée, la collaboration est efficace. C’est loin d’être le cas en poursuite. L’écart grimpe donc à 40 secondes au moment de grimper le Nokereberg, dernière difficulté du jour. Lampaert et Vanmarcke tentent d’accélérer, sans parvenir à se défaire de leurs trois compères de fuite. Dans le groupe de chasse, Greg Van Avermaet et Tiesj Benoot jouent leur va-tout et poursuivent leurs offensives, sans grand succès. La faute à un Stybar très attentif. En tête de course, les cinq coureurs entament eux le dernier secteur pavé, l’Herlegemstraat. Vanmarcke s’essaie bien à une attaque, dans la dernière partie, mais Lampaert va le chercher et le groupe se rassemble à l’entrée dans les cinq derniers kilomètres. Tour à tour, chacun y va de sa petite offensive, y compris Boasson Hagen, intrinsèquement le plus rapide. Mais aucune différence ne s’opère.

En contre, en revanche, à force de ténacité et de répétition, Benoot finit par faire la différence. Il est certes accompagné de Stybar, mais il s’en va jouer les accessits. Accessits seulement car à eux bornes de la ligne, l’écart est toujours supérieur aux 30 secondes en faveur des hommes de tête. Mads Pedersen, en souffrance et plutôt discret jusque là, tente le tout pour le tout avant la flamme rouge, mais Yves Lampaert est vigilant et prend le Danois en chasse. Tout se regroupe finalement peu avant la flamme rouge et c’est le tenant du titre qui mène le groupe. C’est alors que, lentement, Lampaert prend un, deux, trois mètres d’avance. Personne ne colle sa roue, et le Belge se décide à attaquer. Teintes hésite, Vanmarcke répond à contre-temps puis est gêné, Boasson Hagen et Pedersen ne bougent pas, et c’est terminé. L’ancien champion de Belgique prend cinquante mètres d’avance et s’en va chercher la victoire. Dans une poursuite désespérée, Boasson Hagen s’en va rouler derrière le Belge, mais il est évidemment trop tard. Lampaert peut même prendre le temps de savourer son deuxième succès d’affilée sur À Travers les Flandres tandis que c’est Teunissen qui règle le sprint pour la deuxième place, devant Vanmarcke. Boasson Hagen et Pedersen complètent le top-5 et Stybar dispose logiquement de Benoot pour la sixième place.

Classement

1 Yves Lampaert (Quick-Step Floors)
2 Mike Teunissen (Sunweb) m.t
3 Sep Vanmarcke (EF Education First) m.t
4 Edvald Boasson Hagen (Dimension Data) m.t
5 Mads Pedersen (Trek – Segafredo) m.t
6 Zdenek Stybar (Quick-Step Floors)
7 Tiesj Benoot (Lotto-Soudal)
8 Greg Van Avermaert (BMC)
9 Niki Terpstra (Quick-Step Floors)
10 Jasper Stuyven (Trek – Segafredo)