Pierre Latour : « C’était kiffant de lever les bras »

Ce jeudi, à Mantes-la-Jolie, Latour était insurmontable. Ils étaient nombreux à vouloir détrôner le coureur d’AG2R-La Mondiale, à lui ravir ce maillot bleu-blanc-rouge tant convoité. Ils ne l’auront même pas effleuré. Dès les premiers kilomètres, le troisième du Tour de Catalogne a mis les choses au clair, avant de faire comprendre à la concurrence, dès la mi-course, qu’elle ne pouvait aujourd’hui se battre que pour les places d’honneur. Pierre Latour était donc indéboulonnable ce jeudi, et c’est avec la manière qu’il a conservé son titre du champion de France du contre-la-montre, en repoussant son dauphin et coéquipier Tony Gallopin, à 2’23. Rien que ça.

« Je ne m’attendais pas trop à ça, admettait le jeune homme. En partant dernier, j’avais tous les points de repères avec Tony (Gallopin), Gougou (Alexis Gougeard) et tout le reste de l’équipe. Ca m’a bien aidé tout le long. Je pense que j’étais vraiment dans une très bonne journée. J’ai eu de la chance (sourires). J’avais quand même peur de plier les ailes, surtout que dans le final, c’était vraiment dur avec le vent un peu dans la gueule. Il fallait rester bien concentré jusque là fin. J’ai essayé de tenir le rythme jusqu’au bout ». Bien au-dessus du lot, Latour est aussi le premier à conserver sa couronne nationale depuis Sylvain Chavanel.

Il a d’ailleurs pu le savourer allègrement compte tenu de sa marge à l’arrivée. « C’était kiffant de lever les bras, a-t-il lâché avec sa spontanéité naturelle. Dans le dernier kilomètre, on m’a dit que c’était bon, et je me suis dit : ‘je ne gagne pas souvent sur route alors autant en profiter maintenant’. » Et ce même si sa première victime était en l’occurence un ami. « C’est bien que Tony fasse deuxième, a-t-il glissé. C’est mon collègue de chambre depuis un bout de temps. C’est vraiment cool de partager ça avec lui. » Malgré de solides prestations en chrono cette saison avec son maillot tricolore, avec une sixième place notable sur le Tour de Romandie, le Drômois ne se montrait pourtant pas confiant à l’approche de l’évènement, citant un parcours moins à sa convenance.

« Il y avait quand même 200 mètres de dénivelé en moins, s’est-il justifié après coup, mais il y avait du vent. C’était vachement concentré dans la première partie, du coup c’était quand même vraiment dur. Au final, je pense qu’il était même aussi difficile que celui de l’an passé, à cause du vent. Ensuite, je ne sais pas si c’était la meilleure journée de ma carrière, mais c’en était évidemment une très bonne. C’est comme ça. Des fois on ne comprend pas trop pourquoi. Cela fait deux ans que ça tombe sur le championnat de France, tant mieux. Maintenant on espère avoir un bon Tour de France dans les prochaines semaines. »

Il y retrouvera naturellement Romain Bardet, qu’il devra non seulement accompagner dans les montagnes, mais aussi porter de toute sa force lors du chrono par équipes. « Je ne sais pas trop si je suis plutôt rouleur que grimpeur, a-t-il rétorqué. Je pense que je suis un peu lourd pour être un vrai grimpeur. Il m’en manque toujours un peu dans les WorldTour, que ce soit en chrono ou en montagne. Il faut encore progresser un peu partout. » L’exercice solitaire ne l’effraie pas, en tous les cas. Pierre Latour semble même prendre son pied dans cette discipline. « Il n’y a personne qui fait chier dans un chrono, a-t-il clamé en éclatant de rire en conférence de presse. Tu es tout seul, tu gères ton truc, t’essaies d’aller le plus vite possible. C’est comme dans un col. J’aime bien cet effort là. Tu n’es pas à bloc, tu es toujours à la limite, surtout sur les chronos longs comme celui-ci, et j’aime bien ce tempo. »

Le poulain de Vincent Lavenu, au palmarès désormais confirmé, postule tout naturellement à une place pour le prochain championnat du monde de la spécialité. « Ce serait cool de pouvoir y participer, a-t-il ajouté. En plus, le parcours est dur. Je n’en ai jamais fait chez les Amateurs, donc ce serait une bonne expérience ». Dont l’issue pourrait aussi être une bonne surprise. Et pourquoi pas ?

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