Mont Ventoux Dénivelé Challenge : Jesus Herrada se paie Romain Bardet
C’est un Espagnol qui a ce lundi ouvert le palmarès du Mont Ventoux Dénivelé Challenge. Le coureur de la Cofidis Jesus Herrada est venu à bout de Romain Bardet après les 21 kilomètres d’ascension du Géant de Provence. Les deux hommes se sont isolés à huit bornes du but et malgré quelques accélérations du coureur d’AG2R-La Mondiale, le récent vainqueur du Tour de Luxembourg n’a jamais plié et a simplement attendu les 300 derniers mètres pour tout lâcher et ainsi s’envoler vers un triomphe de prestige. Une minute plus loin, Rein Taaramae (Total Direct Energie) a pris la troisième place. Jesus Herrada s’offre son cinquième succès de la saison après avoir notamment raflé deux étapes et le général du Tour de Luxembourg au début du mois.
Le départ est matinal pour cette première édition du Mont Ventoux Dénivelé Challenge. Le coup d’envoi est donné à 10h30 et les coureurs s’élancent pour 171 kilomètres en direction du sommet du Géant de Provence. L’échappée du jour, elle, se forme après une bagarre d’une vingtaine de minutes. Alex Aranburu (Caja Rural-Seguros RGA), Rémy Rochas (Delko Marseille Provence) et Angelo Tulik (Total Direct Energie) créent la première brèche, bientôt rejoint par Mario Gonzalez Salas (Euskadi-Murias) mais également Brice Feillu (Arkéa-Samsic). Un quintette se forme donc à l’avant tandis que certains sont déjà en souffrance à l’arrière. Puis, après quelques minutes désordonnées, la formation AG2R-La Mondiale vient se positionner en tête de peloton pour contrôler l’échappée du jour. L’écart grimpe tout de même à plus de quatre minutes après 30 kilomètres. Sorti en contre, Marco Tizza (Amore & Vita-Prodir) ne parvient pour sa part pas à rentrer sur la tête de course. L’Italien insiste une petite demi-heure avant de se relever et reprendre sa place dans le peloton. Ce dernier réduit d’ailleurs l’écart à trois minutes après la première heure de course.
Les coureurs franchissent aussi les premières difficultés et s’en vont d’ailleurs chercher le sommet du Col de l’homme mort (11,6 km à 5%) après 55 bornes. L’écart est alors stabilisé, également grâce au travail d’EF Education First. Une portion moins exigeante se profile alors, avec du plat et de la descente en direction de la côte de Gordes (4,5 km à 4,9%). Au pied de celle-ci, il reste soixante kilomètres à parcourir et on aperçoit alors l’équipe Interpro Cycling Academy venir imprimer le tempo en tête de peloton. La Cofidis se mêle également à la chasse et les coureurs enchaînent avec le court Col des Trois Termes (2,2 km à 5,7%). Le peloton, déjà peu étoffé, perd de nouveaux éléments et bascule avec un peu moins de deux minutes sur les cinq échappés à 52 kilomètres de la ligne. Dans la foulée, les coureurs enchaînent avec la côte de Blauvas (2,2 km à 5,7%) et ce sont les coéquipiers de Jesus Herrada et ceux de Joe Dombrowski qui sont alors aux manettes. Ils se contentent néanmoins de stabilisé l’écart, toujours évalué à deux minutes au panneau indiquant les 30 dernières bornes. Dans les dix kilomètres qui suivent, le peloton s’active quelque peu du fait de la bataille pour les positions. C’est ainsi qu’au pied du Mont Ventoux (21 km à 7,4%), l’écart n’est plus que de 1’30. Dès les premières pentes, plutôt faibles, l’écart fond littéralement.
Il passe sous la minute à dix-huit kilomètres du sommet et le quintette à l’avant commence à se disloquer. Tulik et Gonzalez Salas sont les premiers décrochés alors que la Cofidis imprime un solide tempo en tête de peloton, qui se réduit très vite à 30-40 unités. À 16 bornes du but, alors que le vrai de la pente débute (9,5 %), on ne retrouve plus que Feillu et Aranburu en tête de course, avec le peloton seulement 25 secondes derrière. Un peloton où AG2R-La Mondiale décide de prendre, avec autorité, les commandes. La sélection s’opère franchement par l’arrière tandis que Brice Feillu dans un premier temps, puis Aranburu quelques secondes plus tard, sont avalés par le train terre-et-ciel. Dorion Godon effectue un gros travail de sape et on ne retrouve plus qu’une vingtaine de coureurs dans son sillage à 14 bornes de la ligne, dont cinq de ses coéquipiers. C’est alors Hubert Dupont qui prend le relais pour l’équipe AG2R. Il ne peut toutefois pas contenir l’attaque de Sergio Samitier (Euskadi-Murias) à 13 kilomètres du sommet. Alors, c’est Alexis Vuillermoz qui se met à la planche dans un peloton réduit à une dizaine d’unités. Le Jurassien assure un tempo qui permet de reprendre le Basque 500 mètres plus loin. Puis les deux intéressés sont décramponnés, en même temps. Romain Bardet met alors son ultime coéquipier au travail en la personne de Tony Gallopin.
Dans la roue des deux hommes, on retrouve Rein Taaramae (Total Direct Energie), Jesus Herrada (Cofidis), Julien El Farès, Javier Moreno (Delko Marseille Provence), Joe Dombrowski (EF Education First), Elie Gesbert (Arkéa-Samsic), Cristian Rodriguez (Caja Rural-Seguros RGA), Pierpaolo Ficara (Amore & Vita-Prodir) mais aussi Adrien Guillonnet (Interpro Cycling Academy). Dans les hectomètres qui suivent, Tony Gallopin continue d’emmener à un gros rythme et condamne petit à petit les concurrents restants. À 10 bornes du sommet, seuls Bardet, Herrada, Gesbert, Taaramae et Guillonnet sont encore dans son sillage. Quelques instants plus tard, Gesbert perd également le contact, et Gallopin poursuit son rythme jusqu’à 8,5 km de l’arrivée, moment choisi par Romain Bardet pour lancer son attaque. L’Auvergnat est de suite pris en chasse par Jesus Herrada tandis que Rein Taaramae essaie lui de monter au train, juste devant le très surprenant Guillonnet. Se forme donc un duo en tête de course, qui collabore et qui prend 15 secondes sur Taaramae à sept kilomètres du sommet. Une borne plus loin, les coureurs passent devant le Chalet Reynard et débutent la partie non-abritée de l’ascension. Herrada et Bardet continuent évoluer roue dans roue tandis que Taaramae reste isolé en poursuite et qu’El Farès reprend Guillonnet à un troisième échelon.
Décidés à attendre le final, les deux hommes de tête restent quelque peu en dedans pendant de longues minutes et aucune attaque ne se produit. Rein Taaramae pointe lui à 30 secondes à trois kilomètres et ne semble plus en mesure de les menacer. La première offensive au sein du duo se produit finalement à 2600 mètres de la ligne, et elle est l’oeuvre de Bardet. Elle est toutefois très vite neutralisée par Herrada. Après une certaine temporisation, le coureur d’AG2R-La Mondiale en relance une nouvelle peu après l’entrée dans les deux derniers kilomètres, mais elle n’est pas plus efficace. En apparence serein, Jesus Herrada ne perd pas un seul mètre. L’Espagnol est tout aussi impassible à 1300 mètres de la ligne lorsque Bardet repasse à l’offensive, mais c’est trop timide. À la flamme rouge, les deux hommes se tiennent encore roue dans roue et Herrada semble attendre le sprint, sûr de sa force. L’Espagnol lance finalement son effort à 300 mètres de la ligne et prend immédiatement 30 mètres sur Bardet, qui ne reviendra jamais. Le coureur de la Cofidis passe le dernier virage sans aucun problème et avec une marge suffisante pour savourer comme il se doit ce beau succès au sommet du Mont Ventoux. Bardet doit se contenter de la deuxième place quelques secondes plus loin tandis que Rein Taaramae prend la troisième place à une grosse minute.
Classement
1 Jesus Herrada (Cofidis)
2 Romain Bardet (AG2R-La Mondiale) à 0’09
3 Rein Taaramae (Total Direct Energie) à 1’12
4 Julien El Farès (Delko Marseille Provence) à 1’38
5 Elie Gesbert (Arkéa-Samsic) à 2’24
6 Javier Moreno Bazan (Delko Marseille Provence) à 2’29
7 Pierpaolo Ficara (Amore&Vita) à 2’40
8 Oscar Rodriguez (Euskadi-Murias) à 2’43
9 Tony Gallopin (AG2R-La Mondiale) à 2’52
10 Darwin Atapuma (Cofidis) à 2’58