Philippe Gilbert : « J’aime toujours le vélo comme au premier jour »
Philippe Gilbert se confie. Dans une tribune publiée sur le site de la Deceuninck-Quick Step, le Belge s’est épanché longuement sur ses envies pour la saison à venir. Pour sa 17e année dans les rangs professionnels, l’homme aux 74 victoires n’a éludé aucun sujet, évoquant sa longévité au plus haut niveau, son amour du vélo, son début de saison, ses deux enfants et son projet de reconversion.
« Quand je suis passé pro, je pensais que si je pouvais faire une carrière de dix ans et gagner quelques courses, cela me suffirait, écrit Gilbert en préambule. Et puis ces dix ans sont passés si vite que j’ai voulu continuer encore. J’aime toujours le vélo comme au premier jour. J’aime m’entraîner, faire des sacrifices même si nous n’avons pas vraiment de vie en dehors du cyclisme. Parfois je pense que je rate les plus belles années de ma vie, que je pourrai faire d’autres choses… Particulièrement maintenant que j’ai des amis retraités comme Thor Hushovd ou Tom Boonen. Je vois qu’ils peuvent profiter de la vie autrement et je me dis que je suis stupide de continuer alors que j’ai beaucoup donné au cyclisme. Mais en même temps, j’aime toujours le risque, la vitesse sur le vélo, la façon de gérer mon corps, ma forme. C’est un challenge permanent. »
« Je vais commencer les Classiques en excellente condition »
Un challenge permanent qu’il relève chaque année avec succès. Gilbert a entamé sa 17e saison sur les chapeaux de roue, décrochant une victoire pour son troisième jour de course, sur le Tour La Provence. Le champion du monde 2012 s’est ensuite classé 8e du Nieuwsblad avant de signer deux tops 10 sur Paris-Nice. « Ma saison a bien débuté. J’ai décidé de commencer en douceur, avec peu de courses, j’ai aussi essayé de limiter les déplacements. Pour l’instant, cela semble être le bon choix puisque je me sens en bonne forme. J’ai déjà eu quelques résultats et je vais commencer les Classiques en excellente condition, poursuit Gilbert, qui sera au départ ce samedi de Milan-Sanremo. Mon objectif cette saison est de gagner une grosse Classique. Cela a été mon but chaque saison depuis plus de dix ans et j’ai presque toujours réussi. Je veux en gagner une et quand ça sera fait, je me reconcentrerai pour en gagner une deuxième! Je ne suis pas le genre de gars qui se repose sur ses lauriers. »
Dans la longue tribune publiée ce jeudi par la Deceuninck-Quick Step, Gilbert ne se contente pas d’évoquer son futur de coureur. Il traite aussi de sa reconversion à venir, bien qu’il ne se fixe aucune limite d’âge pour poursuivre sa carrière. « J’ai un petit commerce de cycles à Monaco, avec un peu de personnel. C’est bon pour moi de voir le boulot qu’ils abattent, cela me montre à quel point il faut être investi pour obtenir même de petits bénéfices. Cela m’aide aussi à réaliser la chance que j’ai de vivre ma vie d’athlète de haut niveau et d’être bien payé pour ça. Ce commerce me permet de garder les pieds sur terre, note Gilbert. Il me permet aussi de me concentrer sur autre chose que la compétition, et d’élargir mes horizons. Je sais que les coureurs qui prennent leur retraite d’un coup tombent parfois dans la dépression. Le commerce me permettra, je l’espère, d’éviter cela. J’aime le vélo, mais cela ne doit pas être mes jours et mes nuits. Quand je suis en famille je dis toujours : « Ok nous pouvons parler cinq minutes de vélo, mais ensuite, on passe à autre chose ! »»
Justement, ses deux garçons âgés de cinq et huit ans sont tenus éloignés du destin de leur père pour l’instant. S’ils aiment faire du vélo ensemble, Gilbert se refuse à les pousser dans son sillage. « Ils font une ou deux courses par an, juste pour s’amuser, mais je ne veux pas qu’ils en fassent trop. J’ai vu des parents pousser leur enfant de huit ans et je sais qu’ils ne voudront plus courir à quinze ans parce qu’ils auront été dégoûtés. Parfois j’aimerai parler aux parents pour leur dire de laisser leurs enfants s’amuser. »