ProSeries, arbitrage et sécurité : l’association des équipes invective l’UCI
L’association des équipes professionnelles (AIGCP) tire la sonnette d’alarme. Dans une lettre ouverte adressée à l’UCI, le syndicat étale ses réserves « sur la gouvernance du cyclisme professionnel exercée par l’UCI » et invite urgemment la haute instance au dialogue. L’AIGCP pointe alors du doigt trois thèmes majeurs dans sa longue revendication, que nous vous détaillons ci-après.
1. Sécurité et arbitrage
« Les principales tâches de l’UCI ne sont pas exercées au niveau requis », lance d’emblée le communiqué qui demande « un arbitrage juste et cohérent ». Selon l’association des équipes, qui fait référence sans la citer à la disqualification de Nils Eekhoff lors des Mondiaux U23, les commissaires de course ne sont tout simplement pas assez compétents. Victime d’une chute, le jeune Néerlandais avait rejoint le peloton après un abri prolongé derrière sa voiture. Il avait ensuite réglé l’épreuve, avant un long moment de tergiversation qui a mené à sa disqualification. « Les équipes, les coureurs et les organisateurs agissent d’une manière professionnelle. Un tel niveau d’exigence est également attendu de la part de l’UCI au niveau de la sécurité et de l’arbitrage. L’UCI doit se concentrer sur cela plutôt que d’autres activités qui ne rentrent pas son mandat », peut-on lire dans la lettre ouverte. L’AIGCP conclut ce point en rappelant que « des conditions de course sûres devraient être la priorité absolue de l’UCI ».
2. Représentation au conseil de l’UCI
« Taxation without representation ». Par ce slogan utilisé des colonies américaines au 18e siècle et qui a mené à la révolution, l’association des équipes regrette son absence de poids au sein de l’UCI. L’AIGCP pointe ainsi le fait qu’elle paye ses cotisations, sans pour autant être représentée ni consultée dans la prise de décision. Il est alors bon de rappeler qu’il y a bien une présence de l’association au sein du conseil du cyclisme professionnel, à raison de deux sièges sur douze, mais aucune au comité directeur de la haute instance. « Les principaux acteurs ne sont pas représentées et l’UCI n’a pas de compte à leur rendre. L’UCI gouverne comme elle l’entend. Pour les coureurs et les équipes cela revient à être taxés par un système dans lequel ils n’ont pas de représentation effective », regrette l’AIGCP dans son communiqué.
3. Interférences dans le domaine commercial
Dernier point du communiqué et non des moindres : l’AIGCP déplore l’augmentation du nombre de jours de course WorldTour de 154 à 180 (depuis 2017). Cette dernière pointe aussi l’instauration du calendrier ProSeries à la place des épreuves hors catégorie. À l’origine, (selon les équipes) l’objectif était de rendre le label plus sélectif en fonction de plusieurs critères, mais il y a désormais plus d’épreuves ProSeries que de .HC. Une augmentation de 25,8% selon l’association des équipes, qui pointe une décision de la haute instance « prise explicitement en désaccord avec les équipes et leurs coureurs ». Or une autre réforme du Président Lappartient a été l’instauration du classement mondial par équipes (à la place d’un classement WorldTour d’un côté et des classements continentaux de l’autre). Or ce nouveau classement, combiné à l’instauration des ProSeries va forcer les équipes à courir plus d’épreuves si elles veulent bien figurer au classement. Le Grand Prix de Plumelec est d’ailleurs la seule épreuve citée, l’occasion d’une vive critique à Lappartient qui est lié personnellement à l’épreuve. « Avec le respect dû à cet événement, la course de la ville du président, le GP Plumelec, a été promu cette année malgré le fait que l’épreuve n’a, sur les trois dernières années, pas su attirer une seule WorldTour étrangère. »
Pour conclure, et comme au fil de l’entier communiqué, l’AIGCP regrette l’absence de considération de l’UCI. Selon le syndicat, les équipes et les coureurs n’auraient ainsi pas été consultés au moment de décider de l’instauration du relais mixte aux Championnats du Monde (en remplacement du contre-la-montre par équipes de marque). La lettre ouverte fait ainsi remarquer que les coureurs peuvent être réquisitionnés sur une période plus longue par leurs sélections nationales, au détriment des formations qui les rémunèrent. Le maillot distinctif de champion d’Europe en prend lui aussi pour son grade. Mis en place par Lappartient, alors qu’il présidait l’Union Européenne de Cyclisme, il serait porté aux dépens de la visibilité des sponsors des équipes selon l’AIGCP. Autre point de crispation dans le domaine économique, l’UCI s’est arrogé le pouvoir d’attribuer les droits sur les caméras embarqués et les datas aux organisateurs de courses. De quoi déstabiliser Velon, l’instigateur de ces évolutions, qui est soutenu par l’association des équipes, mais en guerre avec la haute instance.