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Tom Boonen : « Beaucoup de coureurs viennent déjà me dire au revoir »

Tom Boonen sera au départ de Milan-San Remo demain pour la dernière fois de sa carrière. Bien qu’il ait terminé à deux reprises sur le podium (troisième en 2007 et deuxième en 2010), le Belge n’a jamais levé les bras sur ce Monument auquel il pouvait pourtant prétendre. Samedi, pour sa treizième participation, il ne sera logiquement pas leader de son équipe Quick-Step Floors qui a décidé de miser sur le jeune Fernando Gaviria, malchanceux l’an passé. Il espère toutefois quitter l’Italie sur une bonne note. Lors du dernier jour de Tirreno-Adriatico, Tom Boonen s’est exprimé au micro des journalistes à propos de sa dernière Primavera mais aussi au sujet de sa retraite qui approche à grands pas.

 

Tom, quel sera l’objectif principal samedi à l’occasion de Milan-San Remo ?

J’espère être là au sommet du Poggio dans les dix, quinze premières positions, où tout le monde veut être. Après on verra si je peux mettre Fernando (Gaviria) dans les bonnes positions. C’est notre principale carte pour Milan-San Remo. On a vu lundi que sa condition allait en s’améliorant (il a remporté la sixième étape de Tirreno Adriatico devant Peter Sagan, ndlr). Quand on se remémore l’an passé, on voit qu’il a le talent et que, même s’il n’a pas l’expérience, ça ne lui a pas manqué. Il sent vraiment bien la course.

Milan-SanRemo est elle une classique qui vous tient à cœur ou est-ce que c’est un objectif uniquement parce qu’il s’agit d’une grande classique sur laquelle vos qualités peuvent vous permettre de gagner ?

C’est ce que beaucoup de monde a toujours pensé : « Il court Milan-San Remo parce qu’il le doit ». Mais j’ai toujours aimé courir ici. C’est spécial, c’est difficile de gagner ici. Toutes les classiques sont difficiles à remporter mais Milan-San Remo semble encore plus difficile parce que vous êtes toujours très proche de le faire. Vous êtes toujours là dans le final avec vingt, vingt-cinq, trente coureurs… Cela dit, à la fin, c’est toujours un bon coureur qui l’emporte. Quand je regarde en arrière, j’ai été plusieurs fois sur le podium mais je pense que j’ai vraiment loupé la victoire une seule fois, et au final il me semble avoir terminé quatrième (en 2006). C’est seulement cette année là que je pense que j’avais les jambes pour gagner mais toutes les autres fois j’ai échoué à la place à laquelle je méritais d’être.

Samedi, ce sera votre dernier Milan-San Remo mais surtout votre dernière course en Italie. Vous y pensez ?

Je ne pense pas à toutes les choses pour lesquelles ce sera ‘la dernière fois’. J’essaye de penser à toutes les bonnes choses qui arrivent… Oui, ça va être ma dernière course en Italie ce samedi mais je serai encore souvent en Italie après ça. Je ne réalise pas vraiment que je fais ces choses pour la dernière fois. Dans le cas contraire, je pense que ça signifierait que je ne suis pas concentré sur les bonnes choses.

On parle beaucoup de Paris-Roubaix. Les autres courses sont elles aussi importantes pour vous ?

Oui elles le sont, comme chaque année. La seule raison pour laquelle on parle de Paris-Roubaix c’est parce que ce sera la dernière. Si ça avait été la première course des classiques du printemps, nous parlerions alors d’une autre classique. Paris-Roubaix est ma course favorite et les courses qui précèdent, je les aime beaucoup aussi mais Roubaix se trouve être la dernière. On a beaucoup de bons coureurs qui marchent bien et je pense qu’il faut trouver l’équilibre et le rythme pour obtenir des résultats parce qu’en ce moment tout le monde voit Sagan voler… Ce ne sera pas simple mais il faut se concentrer et trouver un plan pour le battre.

Mais si on prend l’exemple de l’E3, vous allez tout faire pour gagner comme à Roubaix ?

Oui. Il ne me reste pas beaucoup de courses donc il faut gagner où l’on peut. C’est sûr on va en perdre beaucoup mais on y va pour gagner.

Que pensez-vous des 200 premiers kilomètres de Milan-San Remo ?

Ça peut aller vraiment vite. Beaucoup de personnes pensent qu’on part de Milan et qu’on y va tranquillement jusqu’à la côte mais des fois, quand c’est venteux et que le vent est dans la bonne direction, il y a des coureurs qui sont déjà morts avant même d’arriver sur la côte. Il faut essayer de rester devant sans dépenser trop d’énergie… C’est vraiment une course de sept heures, ce ne sont pas juste les deux dernières heures qu’on voit à la télé qui sont difficiles.

Pourquoi Fernando Gaviria bénéficie d’autant de crédit déjà dans l’équipe ?

Je n’en ai aucune idée… Il est rapide, il est bon… C’est un des coureurs les plus talentueux de son âge que nous avons dans l’équipe à l’heure actuelle. Je pense que c’est la bonne chose que de le mettre dans des situations où il apprend. Car il progresse beaucoup. Comme l’an passé… en tombant ! Mais il apprend. Et peut-être dans 10, 15 ans, vous serez ici en face de lui en lui demandant pourquoi il n’a jamais gagné Milan-San Remo alors que tout le monde pensait qu’il le gagnerait cinq fois. Il faut prendre chaque occasion qui se présente. Et en ce moment sa forme est bonne, on peut le mettre en position d’essayer de l’emporter et il doit prendre cette opportunité.

Quelles sont vos relations avec lui ?

Il y a la barrière du langage pour le moment. Il ne parle que quelques mots d’Italien, son anglais s’améliore mais reste encore … inexistant… pas suffisant pour avoir une conversation. Il apprend beaucoup pour le moment, notamment la langue mais aussi comment travailler dans une équipe. Mais tout arrive naturellement pour lui. Il n’a pas à se forcer. Il a le cerveau pour prendre les décisions qu’il doit prendre quand il le faut, comme il l’a montré lundi. C’est la définition d’un futur champion.

Quelle sera la clé samedi ?

La façon dont vous pouvez vous adapter à la situation montre la vraie force d’une équipe. Ce n’est pas avoir un plan et essayer de l’imposer à tout prix. Si vous faites ainsi vous devenez prévisible et tout le monde voit ce que vous essayez de faire. Quand vous êtes imprévisible, c’est plus difficile de vous battre. San Remo n’est pas une course difficile. On monte le Poggio aussi vite que l’on peut et on descend aussi vite que l’on peut puis on sprinte. Mais tous les cinq ou six ans, il se passe quelque chose d’inattendu. On verra. Il faut être préparé pour chaque situation.

Y a-t-il une attention particulière à votre égard de la part des coureurs du peloton, en prévision de votre retraite ?

Il y a déjà beaucoup de coureurs qui viennent me voir pour me dire ‘au revoir’ parce qu’ils ne feront pas les classiques. C’est un peu étrange. Des coureurs viennent me voir en pleine course en me disant « j’ai regardé mon planning de course et on ne fera plus une seule course ensemble » et là je me dis : « merde, il n’y a plus tant de courses restantes ». Je sais comment ça se passe quand quelqu’un est sur le point de prendre sa retraite. Vous allez le voir et vous lui dites que ce sera bizarre de s’imaginer qu’il ne sera plus dans le peloton. Et après il n’est plus là et… rien ne change ! (rires) La course continue…

Vous vous souvenez de ces coureurs à qui vous avez dit ‘au revoir’ quand ils ont pris leur retraite ?

Oui, avec Johan (Museeuw), c’était vraiment étrange parce qu’il était dans l’équipe. Avec Peter Van Petegem… En fait je me souviens de tous ceux qui se sont arrêtés et avec qui j’avais une bonne relation. C’est comme s’ils quittaient notre monde protégé.

Vous avez dit ‘au revoir’ à Bradley Wiggins ?

Quand est-ce que je l’ai vu pour la dernière fois ?… En Californie, oui.

Mais quand il a fait son dernier Paris-Roubaix ?

Oui, mais il ne s’est pas arrêté après Roubaix… Il a pris sa retraite au moins quinze fois (rires). Cela ne marche pas comme ça. Soit vous vous arrêtez, soit vous ne vous arrêtez pas et vous continuez à courir.

Peter Sagan sera-t-il prenable samedi ?

Par chance, le meilleur ne gagne pas toujours, et des fois malheureusement, le meilleur ne gagne pas toujours. C’est sûr qu’il sera très difficile pour lui de gagner des classiques.

Pourquoi ?

Parce que c’est le meilleur et qu’il n’a pas l’équipe la plus forte. Ce sera ouvert. Je pense que le final va démarrer plus tôt que d’habitude. Et tout le monde a le même objectif : l’isoler et partir sans lui. Je dis juste quelle sera la tactique pour chacun. Il sera le principal gars à battre. Le problème pour Peter est que toutes les équipes veulent le battre. Tout le monde va avoir la même tactique : essayer de s’en débarrasser.

Propos recueillis par Luca Pellegrini

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