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[ITW] Oliver Naesen : « Je serai l’un des 5 meilleurs au départ des Classiques »

Une chose frappe d’emblée lorsque l’on converse avec Oliver Naesen. L’homme est épanoui. Très épanoui, même. En constante progression depuis trois saisons, le coureur d’AG2R-La Mondiale semble savourer chaque instant de sa carrière, démarrée sur le tard, à 24 ans. Le natif d’Ostende en a aujourd’hui 27, et possède désormais quelques belles lignes à son palmarès. Après son succès sur la Bretagne Classic en 2016, Oliver Naesen a franchi un énorme cap la saison dernière, s’adjugeant non seulement le titre de champion de Belgique, mais s’affirmant également comme un protagoniste de premier plan sur les Classiques flandriennes. Il s’est ainsi glissé dans le top-10 de trois épreuves pavées, incluant un podium sur le Grand Prix E3 Harelbeke, et le bilan aurait pu être largement plus flatteur si une grosse chute sur le Tour des Flandres et des ennuis à répétition sur Paris-Roubaix ne s’étaient pas mis au travers de son chemin. Devenu un élément de référence dans le peloton international, et un véritable fer de lance chez AG2R-La Mondiale, Oliver Naesen aborde donc 2018 avec une confiance gonflée à bloc, des espoirs pleins la tête et, surtout, un enthousiasme de tous les instants. Cyclingpro.net s’est entretenu avec le champion de Belgique il y a une semaine, en marge de sa reprise, ce mercredi, sur le Tour de la Communauté de Valence.

Oliver, il y a tout juste an, vous nous aviez confié que de top-20 sur les Classiques chez IAM Cycling, vous souhaitiez passer à top-10 chez AG2R-La Mondiale. L’objectif a été rempli. Et maintenant ?

Maintenant, j’aimerais me placer régulièrement entre 5 et… 1. Je pense vraiment que c’est réalisable. Je suis mieux que l’an passé, ça c’est sûr et certain. Les tests l’ont démontré, ce n’est pas seulement un ressenti. J’ai aussi une meilleure équipe que l’année passée. En 2017, quand il ne restait que quarante coureurs dans le peloton, c’était parfois à moi d’aller chercher les seconds couteaux des autres équipes, ce qui n’est pas l’idéal. Maintenant, on aura des coureurs pour cette tâche. Je n’ai jamais été malade et je ne suis pas tombé cet hiver. Je n’ai pas à me plaindre. J’ai aussi l’expérience de l’année passée pour moi. Je ne trouve que des points positifs, qui font du bien à la confiance.

À l’arrivée de l’Amstel Gold Race 2017, vous nous confiez aussi à quel point vous étiez content de la direction que prenait votre carrière…

Ah oui, super content ! Je continue de me lever le matin avec cette pensée, et de me coucher le soir avec cette même pensée. Je suis toujours très heureux du chemin que prend ma carrière, des tests qu’on a effectués en stage, des sensations que je ressens dans les jambes à l’entraînement, de mon rôle dans l’équipe, qui s’améliore chaque jour ou presque. Tout m’incite à être heureux de ma situation. J’ai maintenant vraiment hâte de commencer la course.

Comment AG2R-La Mondiale va-t-elle désormais se structurer pour les Classiques, avec l’arrivée, notamment, de Tony Gallopin, qui a aussi un petit bagage sur ces courses.

Il y a une sorte de pyramide. Je suis en haut de cette pyramide, au départ de chaque Classique, puis il y a une deuxième ligne avec Alexis [Gougeard], Tony [Gallopin], Stijn [Vandenbergh] ou même Silvan [Dillier]. En clair, s’ils se retrouvent dans un groupe devant à 50 kilomètres de l’arrivée, pour moi c’est très bien. Je n’ai qu’à attendre que Greg [Van Avermaet], Sagan ou les autres favoris bougent, parce que je pense que je suis l’un des seuls à pouvoir les suivre à pédale. À partir de là, si on bouche le trou, c’est moi le leader. Si on ne bouche pas le trou, ce sont eux [ses coéquipiers, ndlr] les leaders. C’est comme ça que l’on imagine le dispositif. Eux peuvent se cacher derrière moi, et inversement, de sorte à ce qu’on arrive dans le final avec plus de fraîcheur, et c’est ce qui peut faire la différence avec nos adversaires.

Peut-on d’ailleurs compter sur un retour de Stijn Vandenbergh à son réel niveau ?

C’est certain. Stijn a eu énormément de problèmes l’an passé, mais il marchait déjà plutôt bien en Australie. Je suis convaincu qu’il va retrouver son vrai niveau, celui qu’il avait chez Quick Step Floors.

Est-ce qu’à la lumière de ce que vous avez réalisé l’an passé, vous vous prenez désormais à rêver d’une victoire dans une grande Classique ?

Oui, bien sûr. Je sais bien que je ne serai jamais le favori au départ cette année. Peut-être même que je ne gagnerai pas une Classique cette année, je ne le pense pas, en tout cas. Mais je sais en revanche qu’au départ de chacune de ces courses, je serai l’un des cinq meilleurs sur la liste des engagés. Dans cette position-là, sans accident, tu peux donc rêver d’une victoire. Après, il est à nouveau possible que Greg [Van Avermaet] en gagne cinq cette année, que Sagan en remporte deux, et dans ces cas-là, tu ne peux rien faire. Mais cela n’empêche qu’au départ, je pourrai toujours, si ce n’est viser, au moins rêver de la victoire, si les circonstances jouent en ma faveur.

Votre chute l’an passé dans le final du Tour des Flandres vous a-t-elle marqué psychologiquement ?

J’avais un double sentiment. C’était la meilleure semaine de ma vie. C’était aussi la pire semaine de ma vie. D’un côté, j’étais super heureux du niveau que j’avais sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. D’un autre, j’ai accumulé la malchance. J’ai senti que j’avais le niveau pour être sur le podium de ces deux courses-là, mais au final, je n’ai obtenu aucun résultat. C’était super frustrant, mais il vaut mieux ça que d’être lâché à la pédale. Dans ma tête, au moins, je suis rassuré sur mes capacités à jouer les premiers rôles sur une très grande Classique.

Vous ressortez donc le positif de tout cela.

Oui, et c’est aussi car, sur le Tour des Flandres, la chute s’est vraiment produite dans le final. J’avais heureusement déjà pu montrer que j’étais capable d’accompagner les meilleurs, et j’étais parti pour faire au pire quatrième. À Roubaix, c’était un peu différent. J’ai senti que j’étais facile toute la journée mais quand toutes les catastrophes te tombent dessus, il n’y a rien à faire. Ce furent évidemment deux grandes déceptions, mais j’avais conscience que je ne pouvais rien y faire. C’est comme ça. La vie continue et ce ne sera pas comme cela chaque année.

Dans un mois, les Classiques commencent avec l’Omloop Het Nieuwsblad. Vous y rendez-vous déjà pour gagner, ou l’idée est-elle de monter crescendo ?

C’est difficile pour moi d’annoncer que je veux gagner, car je n’ai jamais gagné une course (une Classique pavée, ndlr). J’ai seulement fait un podium (sur le GP E3 Harelbeke 2017, ndlr) mais il est certain qu’avec le niveau que j’ai affiché l’an passé, je fais partie des 5-10 coureurs capables de l’emporter. Déjà, on sait que Sagan ne sera pas sur l’Omloop, c’est donc une place de gagnée, et j’espère au moins faire un top-5, voire un podium. Tout dépend de la forme de mes concurrents.

Derrière Paris-Roubaix et le Tour des Flandres, quelle est la Classique qui a le plus d’importance à vos yeux ?

Le GP E3 Harelbeke, l’Omloop Het Nieuwsblad, Gand-Wevelgem. Je ne peux pas en ressortir qu’une. Puis il y a aussi Milan-San Remo, l’Amstel Gold Race, À Travers les Flandres. Toutes ont leur importance. Mais il faut surtout que je sois efficace sur les courses où ne sont pas présents Greg [Van Avermaet] ou Peter. Moi, je les fais toutes, donc je n’ai pas de questions à me poser. Je n’ai pas non plus le luxe de choisir laquelle je veux gagner. Donc si je peux en gagner une, tant mieux, peu importe laquelle.

Quelle différence établiriez-vous entre le Tour des Flandres et Paris-Roubaix ?

Sur le Tour des Flandres, si tu n’es pas devant au moment de la première bosse, ce n’est pas grave, ce n’est pas un problème, tu as toujours le temps de remonter ensuite. L’an passé, ma course a démarré après plus de 200 kilomètres. Sur Paris-Roubaix, par contre, si tu n’es pas devant lors du premier secteur, tu peux être sûr de te retrouver coincé dans les chutes, dans les voitures. En 2017, je suis tombé lors du deuxième secteur, je me suis retrouvé en poursuite toute la journée. Dès que tu te retrouves derrière, tu ne vois que la poussière, tu ne vois plus les pavés, et ce n’est pas top. Il faut vraiment être placé toute la journée.

La période des Classiques reste la période que vous préférez dans l’année ?

Oui, mais il n’y a pas que ça non plus. Je coupe mon année en trois morceaux. Il y a d’abord les Classiques, puis l’enchaînement Dauphiné-Tour, et enfin tout ce qui est Eneco Tour, Classiques canadiennes, Mondiaux, éventuellement. Ce sont trois périodes où il me tient à cœur de répondre présent.

Avez-vous déjà reconnu le parcours de certaines Flandriennes ?

Je suis allé faire la reconnaissance de l’Omloop Het Nieuwsblad à deux reprises, car le tracé a complètement changé cette année. Pour ce qui est des autres parcours, je peux vous dire par cœur « virage gauche, virage droite, pavé ici, trou là ». Je les connais si bien car je m’entraîne sur ces routes toute l’année. Je vais aussi reconnaître Paris-Roubaix dès demain (vendredi dernier, ndlr). J’y retournerai peut-être lors de la deuxième semaine de février. Sinon, il y aura évidemment la semaine précédant la course. Là encore, je ne connais pas forcément le nom des secteurs pavés, mais je connais l’enchaînement.

Vous avez aussi donné beaucoup plus de poids aux Classiques chez AG2R-La Mondiale. Est-ce une fierté ?

Bien sûr, bien sur. Les Classiques sont devenues de plus en plus importantes pour les équipes. Et c’est vrai que c’est cool de ramener quelques résultats auxquels l’équipe ne s’attend pas forcément. Quand j’ai signé dans l’équipe, Vincent [Lavenu] m’avait dit : « J’aimerais qu’on ne soit pas la dernière équipe du classement WorldTour après les Classiques. Il faut que tu prennes quelques points ». Mais au vu de mes résultats, il a été positivement surpris, moi aussi d’ailleurs.

Faire le Tour de France auprès de Romain Bardet en 2017 vous a-t-il encore davantage fait apprécier l’événement ?

Je l’aimais déjà beaucoup avant, et le Tour est la plus belle course du monde. Quand tu deviens coureur professionnel, tu rêves de participer aux plus grandes courses, dont celle-ci. Mais c’est clair qu’avec Romain Bardet, sous les couleurs d’une équipe française, c’est encore plus important. Le Tour, c’est la Champions’ League. Pas le Giro.

Sur le Tour, on vous a notamment remarqué dans l’étape des bordures où vous avez « sauvé » Romain Bardet. Quel souvenir en gardez-vous ?

L’an passé, l’équipe était composée de huit grimpeurs, et de moi. Il y avait quelques étapes où le vent pouvait jouer un rôle et je savais que c’était à moi de jouer. J’étais d’ailleurs stressé avant le départ, plus qu’avant une Classique ! Je me suis dit : « Si là je me loupe, c’est un très gros problème ». Heureusement, on a réussi à ne jamais perdre de temps sur le plat. C’était un rôle difficile pour moi, car je n’avais pas vraiment ma chance, mais quand tu cours pour quelqu’un qui peut faire podium du Tour, c’est un sacrifice qu’il faut faire, et je le fais avec le sourire.

Êtes-vous prêt à remettre ça cette année ?

Oui, oui, bien sûr. J’espère que je pourrai le faire, surtout avec l’étape de Roubaix.

Avec votre carte à jouer à Roubaix ?

Ce ne serait pas bon signe pour l’équipe si je peux jouer ma carte. Cela voudrait dire que Romain n’est pas en grande forme. J’espère en tout cas qu’on pourra prendre du temps aux autres concurrents du général. Je pense que l’on aura l’une des formations les mieux équipées pour les étapes de Classiques et les étapes de montagne. Tous les coureurs du général ont peur de cette étape mais moi je pense que ça peut nous sourire. Romain est prêt pour ça, c’est sûr.

À quoi va ressembler votre programme ces prochains mois ?

Je commencerai ma saison sur le Tour de la Communauté de Valence, puis il y aura la Ruta del Sol, le week-end d’ouverture, Paris-Nice, Milan-San Remo, toutes les Classiques pavées, l’Amstel Gold Race, une coupure, le Tour de Californie, le Critérium du Dauphiné et le Tour de France.

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