Tour de Suisse : Diego Ulissi règle un sprint au sommet
Diego Ulissi s’est adjugé son tout premier succès de la saison avec brio, ce mercredi, sur le Tour de Suisse. Dans une étape de montagne qui n’a pas fait tant de dégâts, en raison des pentes relativement abordables de la dernière ascension vers Leukerbad, le puncheur transalpin a été en mesure de s’accrocher jusque dans le final avant de régler au sprint un petit peloton de favoris. Il devance sur la ligne Enric Mas (Quick Step Floors) et Tom-Jelte Slagter (Dimension Data). Stefan Küng n’a lui pas été en mesure de tenir jusqu’au bout et c’est donc son coéquipier Richie Porte qui revêtit le maillot jaune.
Le départ de la cinquième étape du Tour de Suisse est le théâtre d’une grosse bagarre pour prendre l’échappée. Dès le baisser de drapeau et pendant plusieurs dizaines de kilomètres, de nombreux coureurs tentent ainsi leur chance dans cette première étape de montagne de l’épreuve helvétique. Quelques légers écarts se font même dans la première ascension, après dix bornes de course, mais tout revient dans l’ordre dans la descente, et ce n’est qu’au terme de celle-ci, après plus de 40 bornes, qu’un groupe semble enfin se détacher. Le cap des 50 kilomètres est même atteint lorsque Silvan Dillier (AG2R-La Mondiale), Daniel Oss (Bora-hansgrohe) et Jasper Stuyven (Trek-Segafredo) usent de leurs qualités de rouleur pour s’extirper. Pendant un moment, le trio plafonne à 10-15 secondes devant le peloton, mais Willie Smit (Katusha-Alpecin), Larry Warbasse (Aqua Blue Sport) et Paul Ourselin (Direct Energie) partent ensuite en contre, et le peloton peut enfin lever le pied. À l’avant, la jonction entre les deux trios s’opère peu avant la mi-course, à environ 80 bornes du but. Le peloton mené par la BMC du maillot jaune Stefan Küng laisse ensuite l’écart grimper jusqu’aux trois minutes, puis le stabilise à cette hauteur.
Dans la longue vallée menant vers les deux dernières ascensions du jour, l’allure reste très soutenue en raison d’un fort vent de dos. Après deux heures de course, on signale ainsi une moyenne horaire de près de 50 km/h ! Plus rapidement que prévu, les échappés arrivent donc au pied de la montée vers Montana Village (14km à 5,6%). Derrière, le peloton y arrive lui aussi à très vive allure, après une traditionnelle bataille de placement. Si bien que l’écart tombe très vite à deux minutes, dès les premières rampes. L’échappée s’en aperçoit et l’allure s’intensifie donc aussi à l’avant. Tour à tour, les échappés craquent et c’est Larry Warbasse qui s’impose assez vite comme l’homme le plus costaud en tête. L’Américain s’en va seul après quelques minutes d’ascension tandis que le peloton, s’il voit le retour de Küng après une crevaison, continue de perdre des grappes de coureurs au fur et à mesure de la montée. À l’inverse, Lilian Calmejane et Romain Sicard (Direct Energie), déjà offensifs en début d’étape, décident de relancer en tête de paquet. Le duo est suivi par Omar Fraile (Astana) et Victor De La Parte (Movistar).
Néanmoins, l’écart ne se fait pas franchement, et l’ascension plutôt roulante voit surtout Warbasse décrocher définitivement ses compères de fuite, en particulier Willie Smit, un temps en embuscade. Ainsi, au sommet de cette avant-dernière difficulté, à 35 km du but, le champion des Etats-Unis bascule avec une minute sur son poursuivant sud-africain et 1’50 sur le groupe Calmejane qui a récupéré quelques uns des éléments de l’échappée. Le peloton est simplement une vingtaine de secondes derrière ce groupe de contre. Dans la descente, les écarts se resserrent encore davantage et Warbasse ne compte qu’une minute d’avance sur le groupe de chasse, et 1’30 sur le peloton au moment d’entamer les vingt derniers kilomètres.La route commence alors à se cabrer, sans que l’ascension finale ne soit pour autant abordée. Bien conscient que l’échappée vit ses derniers instants, au vu de la menace du peloton, Calmejane décide de profiter de ces premières pentes pour sortir seul en chasse derrière Warbasse. Le Français s’isole et reprend dès lors seconde par seconde sur l’homme de tête.
Il le revoit et le dépose d’ailleurs dès les premières rampes du Leukerbad (14,6 km à 4,5%). Derrière, le peloton mené par la BMC n’est pointé qu’à 30 secondes, et c’est encore Greg Van Avermaet qui fait le travail pour ses leaders. Le champion olympique garde la main un très long moment dans cette montée très roulante. Il est toujours en tête à dix bornes du but, mais aussi à sept kilomètres lorsque Calmejane est finalement repris, malgré sa belle résistance. Les premières attaques émanent du peloton, par l’intermédiaire de Hugh Carthy (EF Education First) et François Bidard (AG2R-La Mondiale). Les choses deviennent un peu plus sérieuses quelques instants plus tard lorsque Mikel Landa (Movistar) en personne sort de sa réserve. Dans le peloton, la BMC ne peut plus compter sur Van Avermaet, ni sur le maillot jaune Stefan Küng qui s’écarte après un mini-relais. C’est dès lors Tejay Van Garderen qui vient défendre les intérêts de Richie Porte, et Landa, s’il parvient à reprendre le duo de tête, ne réussit pas à creuser réellement. À cinq kilomètres, seulement 15 secondes séparent les deux groupes, alors que Landa ne tarde pas à faire plier Bidard puis Carthy.
Le peloton s’amaigrit au fur et à mesure de l’ascension mais reste relativement étoffé. Steven Kruijswijk (LottoNL-Jumbo) tente de secouer le cocotier, sans grande réussite. C’est alors Jesper Hansen (Astana) qui prend la responsabilité de rouler pour Jakob Fuglsang. L’écart avec Landa reste stabilisé à 15 secondes, mais il tend à décliner à deux bornes du but, alors que la pente s’adoucit à nouveau, lorsque Bahrain-Merida vient à son tour faire le tempo. Sous la flamme rouge, Landa compte à peine dix secondes sur un peloton d’environ 20 unités. La marge s’amincit encore davantage dans les hectomètres qui suivent et c’est finalement l’attaque de Mathias Frank (AG2R-La Mondiale) qui vient porter le coup fatal à l’aventure de Landa. Le peloton embraie derrière le Suisse et se retrouve ainsi sur les basques de l’Espagne à 200 mètres du but. Diego Ulissi (UAE Team Emirates), alors parfaitement positionné en tête de peloton, temporise un moment, puis déclenche son sprint à plus de 150m de la ligne, en montée. Enric Mas (Quick Step Floors) tente de prendre sa roue, mais il ne peut que suivre. L’Italien fait parler son punch et signe du coup son premier succès de l’année. Mas termine second, juste devant Tom-Jelte Slagter (Dimension Data). Richie Porte (BMC) endosse pour sa part le maillot jaune après la défaillance logique de Stefan Küng.
Classement de la cinquième étape
1 Diego Ulissi (UAE-Team Emirates)
2 Enric Mas (Quick-Step Floors) m.t
3 Tom-Jelte Slagter (Dimension Data) m.t
4 Wilco Kelderman (Sunweb) m.t
5 Bauke Mollema (Trek – Segafredo) m.t
6 Simon Spilak (Katusha – Alpecin) m.t
7 Nairo Quintana (Movistar) m.t
8 Richie Porte (BMC) m.t
9 Sam Oomen (Sunweb) m.t
10 Bjorg Lambrecht (Lotto Soudal) m.t
Général provisoire après la cinquième étape
1 Richie Porte (BMC)
2 Wilco Kelderman (Sunweb) à 0’20
3 Sam Oomen (Sunweb) m.t
4 Enric Mas (Quick-Step Floors) à 0’21
5 Jack Haig (Mitchelton-Scott) à 0’29
6 Nairo Quintana (Movistar) à 0’33
7 Ion Izagirre (Bahrain Merida) à 0’36
8 Diego Ulissi (UAE-Team Emirates) à 0’40
9 Simon Spilak (Katusha – Alpecin) à 0’46
10 Mikel Landa (Movistar) à 0’47
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