Christopher Froome : « Je n’avais juste pas les jambes »
Faut-il s’inquiéter pour Christopher Froome ? C’est la troisième année consécutive que la question est posée. Entre 2011 et 2013 le vainqueur du Tour de Romandie a pris l’habitude de remporter le Tour de France dans la foulée : Cadel Evans en 2011, Bradley Wiggins en 2012, Christopher Froome en 2013. Il aurait peut-être pu en être de même en 2014 mais l’abandon de Froome dans la première semaine du Tour de France suite à trois chutes consécutives a changé la donne. Alors en 2015 quand Froome n’est que troisième en Suisse, le doute s’est installé. Cela n’a pourtant pas empêché de gagner le Tour ensuite. L’an passé il faisait encore pire en Romandie… Trente-huitième ! Mais avec une victoire d’étape. Il a écrasé le Tour par la suite. Cette année, il termine dix-huitième mais est surtout passé à côté de l’étape reine. Alors cette fois-ci, faut-il réellement s’inquiéter ?
En 2015, Froome ne termine que troisième de la Romandie derrière Ilnur Zakarin et Simon Spilak dans une épreuve qui se finissait ici même à Lausanne, comme cette année. Avec l’habitude des dernières années de doublé Tour de Romandie/Tour de France, le doute commençait à naître chez Christopher Froome… du moins pour les observateurs. Il faut dire que sa façon d’esquiver les demandes des médias à l’arrivée ce jour là faisait naître des questions. D’un autre côté Nairo Quintana et Vincenzo Nibali, aussi présents sur l’épreuve n’avaient pas fait mieux. On connaît la suite, Froome s’impose en juillet mais avec seulement 1’12’’ d’avance sur un Quintana hésitant qui aurait peut-être pu inverser la tendance avec plus de réalisme.
En 2016, nouvelle contreperformance de Froome en Romandie. Il est éliminé de la course au général lors de la première arrivée au sommet à Morgins où Quintana prend le pouvoir. En réalité c’est une crevaison au mauvais moment qui l’écarte de la course à la victoire mais tout de même, pensent certains, son inaptitude à revenir avec les meilleurs dans cette étape crée des doutes. Il remportera ensuite l’étape reine de Villars-sur-Ollon sous une météo apocalyptique mais d’un autre côté il n’était pas dangereux au général. Par la suite il n’aura aucun rival à sa hauteur sur le Tour de France, qu’il écrase de sa supériorité physique et tactique.
Cette année, le Tour de Romandie était sans doute moins montagneux que ces deux dernières éditions. Toutefois, Froome est passé à côté de l’étape reine, arrivant à Leysin sur un col qui aurait pourtant dû lui convenir et après une journée à faire rouler son équipe. Alors inévitablement les doutes naissent à nouveau.
Après le contre-la-montre final à Lausanne, Froome a voulu livrer sa vision des choses : « Si on se place par rapport à l’objectif ici qui était de faire une bonne semaine de course en vue de ma préparation pour le Tour de France, je suis vraiment content de la semaine, je finis en un seul morceau d’une et de deux sans avoir trop souffert du froid alors que les conditions étaient ici assez difficiles. Bien sûr j’aurai voulu être devant hier sur l’étape reine. La vérité est que quand je suis arrivé sur la montée finale, je n’avais juste pas ce qu’il fallait. J’ai des petits problèmes avec le bas de mon dos mais hier je n’avais juste pas les jambes… »
« Il y a encore beaucoup de travail à faire pour moi dans l’objectif du Tour de France. Mais je suis confiant dans le fait que je peux faire le travail qu’il faut » poursuit-il. Interrogé ensuite sur le fait de savoir s’il est dans le bon timing, il répond un vague « plus ou moins », qui en laissera pensif plus d’un. « Froomey » n’a pas voulu répondre à d’autres questions. Faut-il y voir un signe de nervosité ? Pas forcément. D’une ses douleurs dans le bas du dos ne sont pas une nouveauté, il en avait déjà parlé il y a trois ans sur le Tour de Romandie (le froid, coutumier de l’épreuve y joue peut-être un rôle). Deuxièmement, on commence à connaître le personnage, sympathique mais se voulant discret. Il n’est pas vraiment du genre à aimer se justifier.
Après la déconvenue du Tour de Catalogne, Froome n’a encore une fois pas de résultat pour se rassurer. Mais comme il le disait avant le départ de l’épreuve, il a déjà l’assurance de trois Tour de France à son palmarès. La vraie indication ne sera donc que dans un peu plus d’un mois sur le Critérium du Dauphiné.