Strade Bianche : Le récital de Julian Alaphilippe
Ce samedi se tenait la Classique des Strade Bianche. Près d’un tiers du parcours était à couvrir sur les fameux chemins de terre toscans. Une rude épreuve, qui a couronné Julian Alaphilippe au terme d’une course ouverte qui s’est lancée de loin. Parti du groupe des favoris à 23km de la ligne avec Jakob Fuglsang et Wout van Aert, le Français a devancé les deux hommes dans cet ordre sur la ligne.
L’épreuve siennoise est lancée à un rythme soutenu. L’allure du peloton ne permet la formation d’aucune échappée dans les vingt premiers kilomètres. Il faut alors attendre la borne indiquant le km30 pour voir un trio réussir à créer l’écart. Diego Rosa (Sky), Nico Denz (AG2R) et Léo Vincent (Groupama-FDJ) constituent la première échappée du jour. Ces trois-là sont rapidement rejoints par Alexandre Geniez (AG2R) pour former un quatuor en tête de course. Après une soixantaine de kilomètres parcourus, l’échappée porte son avance à 4’15 », l’écart maximal observé aujourd’hui. La course se lance véritablement dans le peloton, contrait de réagir à 120 unités du but.
L’accélération du peloton ramène les hommes de tête à 2’25 » à 100 kilomètres de Sienne. C’est alors que le groupe de tête se casse : Geniez et Vincent lâchent prise, Rosa et Denz continuent à deux. En duo, ils reprennent un peu de marge sur le peloton et compte 3’20 » à 75 bornes de la ligne. Finalement, Rosa se montre le plus fort et distance Denz pour continuer en solitaire. A un peu plus de 50 kilomètres de l’arrivée, le seul Rosa compte deux minutes d’avance sur un petit peloton. Denz est lui intercalé à 1’20 » de l’homme de tête, mais voit le peloton revenir peu à peu.
Derrière, c’est au tour du peloton de casser dans le huitième secteur, le plus long du jour. Un groupe d’une douzaine de coureurs se lance à la poursuite de l’homme de tête. En son sein, on retrouve les principaux favoris : Julian Alaphilippe, Zdenek Stybar, Yves Lampaert (Deceuninck-Quick Step), Tim Wellens, Tiesj Benoot (Lotto Soudal), Wout van Aert (Jumbo-Visma), Jakob Fuglsang, Alexey Lutsenko (Astana), Romain Seigle (Groupama-FDJ), Rafal Majka (Bora), Toms Skujins (Trek-Segafredo) et Greg Van Avermaet (CCC). Ce groupe de chasse reprend rapidement Denz et ramène Rosa à moins d’une minute et trente secondes. A l’approche du Monte Sante Maria, les favoris s’attaquent déjà. Wellens place une première banderille à 48 unités du but, mais il est vite repris. Simon Clarke (EF Education First) tente de répliquer, mais en vain. Si personne ne se détache pour l’instant, ces accélérations successives ramènent l’homme de tête à une minute.
Les Deceuninck-Quick Step sont trois dans le groupe de chasse, les Lotto Soudal et Astana ont deux unités, les autres coureurs sont isolés. Yves Lampaert travaille alors pour Zdenek Stybar et Julian Alaphilippe. Le champion de Belgique fait le travail pour empêcher le retour des distancés. Ces derniers pointent à une minute du groupe des favoris. Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) a notamment été piégé, tout comme Geraint Thomas et Gianni Moscon chez Sky. Repris à 36 kilomètres du but par le groupe de chasse, Rosa s’accroche aux favoris et semble tenir bon. Hormis le dernier rescapé de l’échappée matinale qui reste à l’arrière, les hommes de tête collaborent bien et maintiennent leurs poursuivants à une minute.
Un trio Alaphilippe, Fuglsang, Van Aert se dégage
Dans le groupe de chasse, Maximilian Schachmann (Bora) attaque à 30 unités du but. Il est suivi par Vyacheslav Kuznetsov (Katusha). L’Allemand réalise le gros du travail et se montre très impressionnant. Il bouche la minute d’écart en cinq kilomètres et revient sur le groupe de tête ! A peine le duo de chasse revenu, de nouvelles attaquent éparpillent le groupe. Fuglsang se lance à 23 kilomètres de la ligne, sur le Colle Pinzuto. Van Aert saute dans sa roue, avant qu’Alaphilippe ne fasse le jump. Ces trois-là parviennent à s’isoler et vont tenter de boucler l’épreuve à trois. Ils créent un bel écart sur le bitume avant d’attaquer l’avant dernier chemin de terre du jour. Derrière, les piégés ne s’entendent pas: ils roulent les uns sur les autres, tentent successivement de s’isoler en vain, et perdent du terrain.
Fuglsang relance encore l’allure du groupe de tête à 19 unités du but. Assis sur la scelle, Alaphilippe semble être facile dans la roue du Danois. C’est plus compliqué pour Van Aert qui concède quelques mètres, et voit le duo s’enfuir dans un nuage de poussière. Le crossman est intercalé entre les deux hommes et le groupe des favoris désormais pointé à 45″ de la tête. Stybar et Lampaert sautent sur chaque tentative de contre et empêchent la bonne collaboration du groupe de chasse pour protéger Alaphilippe. Un travail payant puisque le duo de tête augmente progressivement sa marge.
Sur le dernier chemin de terre, Van Aert accuse trente secondes de retard sur le duo de tête. Le groupe de chasse est lui relégué à 1’30 ». A l’avant, Fuglsang relance encore très fort à la fin du dernier secteur, mais Alaphilippe s’accroche à sa roue et parvient à le suivre jusqu’au retour sur le bitume. Reste alors onze kilomètres avant de rallier la ligne : le duo reprend sa bonne entente et ne donne aucune chance de revenir aux coureurs piégés. Fuglsang tente de décrocher Alaphilippe à six unités du but, mais le Français tient bon. Derrière, Van Aert se rapproche à quinze secondes en profitant de la désorganisation des deux hommes de tête.
A deux kilomètres de la ligne, l’écart est minime entre le duo et Van Aert. Le crossman donne tout ce qu’il a et parvient à recoller sous la flamme rouge ! Il ne stoppe pas son effort et attaque le duo. Alaphilippe fait l’effort et reforme le trio qui s’était lancé à 23 kilomètres du but. Ils arrivent donc à trois au pied de la rampe finale. Fuglsang attaque sur les pourcentages les plus durs. Alaphilippe reste bien dans sa roue alors que Van Aert craque. Le Français lance le contre et fait la bascule dans la partie descendante. Il crée un écart de quelques mètres et le conserve jusqu’à la ligne ! Julian Alaphilippe remporte les Strade Bianche, juste devant Jakob Fuglsang. Décroché légèrement dans l’ultime ascension, Van Aert doit se contenter, comme l’an passé, de la dernière marche du podium. Zdenek Stybar règle le groupe de poursuite à une minute de son vainqueur de coéquipier pour prendre la quatrième place devant Tiesj Benoot.
Alaphilippe couronne un peu plus la domination de son équipe sur les courses d’un jour du début de saison. Après Zdenek Stybar sur le Nieuwsblad, Bob Jungels à Kuurne et Florian Sénéchal sur Le Samyn, le Français apporte son quatrième succès en une semaine à l’équipe belge.
Le top 10 des Strade Bianche 2019:
1. Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) en 4h47’14 »
2. Jakob Fuglsang (Astana) à 2″
3. Wout van Aert (Jumbo-Visma) à 27″
4. Zdenek Stybar (Deceuninck-Quick Step) à 1′
5. Tiesj Benoot (Lotto Soudal) m.t.
6. Greg Van Avermaet (CCC) à 1’01 »
7. Alexey Lutsenko (Astana) à 1’04 »
8. Simon Clarke (EF Education First) à 1’08 »
9. Toms Skujins (Trek-Segafredo) à 1’12 »
10. Tim Wellens (Lotto Soudal) à 1’21 »