Niki Terpstra : Un coureur surpuissant, mais aussi un fin tacticien
Niki Terpstra vient d’entrer un peu plus dans l’histoire de son sport en remportant le Tour des Flandres après avoir remporté Paris-Roubaix quatre ans plus tôt. Si le coureur ne bénéficie pas forcément d’une grande cote de popularité dans le peloton, parfois jugé individualiste, il vient de prouver, en réalisant une campagne de flandriennes 2018 incroyable ponctuée d’une victoire sur le GP E3 mais surtout de cette victoire sur le Tour des Flandres, qu’il avait tout d’un grand, en étant à la fois très fort mais également très malin.
Beaucoup diront sûrement que Terpstra était le plus fort sur le Tour des Flandres et qu’il n’y avait rien à faire pour les autres favoris. Certes, la démonstration de force du grand coureur batave a une nouvelle fois éclaboussé la course. Peter Sagan, parti seul en contre dans le Paterberg, peut en attester, ce dernier perdant du temps sur Terpstra dans un mano à mano qui lui avait pourtant été favorable deux ans plus tôt, au même endroit, face à Fabian Cancellara.
Mais la victoire de Terpstra sur ce Tour des Flandres 2018 n’est pas uniquement une question de force et de forme. L’équipe Quick-Step Floors a une nouvelle fois démontré sa supériorité en ayant quatre hommes dans le groupe d’une vingtaine de coureurs qui s’est détaché suite au Koppenberg, permettant à cette équipe de jouer tactiquement en attaquant à plusieurs reprises. Par Stybar, dans un premier temps, puis par Terpstra dans un second temps, dans ce qui représentera l’échappée victorieuse. Car Terpstra n’a pas attaqué à un des endroits où les plus forts ont l’habitude de faire la différence, mais à la sortie du Kruisberg, sur une portion asphaltée. Aucun favoris ne prenait sa roue, ces derniers se regardaient pour savoir qui allait faire l’effort, et il était déjà trop tard face à un rouleur de la qualité de Terpstra.
Une faillite tactique des concurrents ?
On peut d’ailleurs légitimement se questionner sur la tactique des adversaires de la Quick-Step Floors. Tout le monde était prévenu de la puissance collective de l’équipe belge démontrée depuis le début de la saison des classiques. Tous les autres favoris répétaient à l’envi que la course allait reposer sur l’équipe de Patrick Lefévère. Niki Terpstra était probablement, avec Philippe Gilbert, l’homme à surveiller du côté de l’équipe belge. Lampaert avait en effet montré des signes de faiblesse dans le Koppenberg et Stybar est un coureur explosif mais qui n’a pas les qualités de Terpstra pour un long raid solitaire. Las, personne ne sautait dans la roue du coureur qui était bien content de se retrouver seul, lui qui ne bénéficie pas d’une pointe de vitesse incroyable, et dont les principaux succès ont été acquis en solitaire, comme ce Paris-Roubaix 2014 suite à une attaque astucieuse dans les 10 derniers kilomètres, alors que les principaux favoris s’observaient, une nouvelle fois. Pire, Greg Van Avermaet, l’un des seuls leaders bénéficiant d’un équipier, faisait rouler un temps son équipier Jurgen Roelandts, puis ce dernier s’arrêtait sans raison, reléguant le groupe des favoris à 45 secondes, comme si les leaders ne visaient plus que la deuxième place avant même la dernière ascension du Vieux Quaremont.
Une nouvelle démonstration de force sur Paris-Roubaix dimanche prochain ?
On serait tenté de dire qu’il sera difficile pour Terpstra de se défaire des favoris, se sachant particulièrement scruté dans la reine des classiques. Cependant, tout le monde était conscient que le coureur néerlandais était en forme et tenterait une envolée solitaire sur ce Tour des Flandres, ce qu’aucun adversaire n’est parvenu à empêcher. Ainsi, compte-tenu de la forme démontrée et de la faiblesse relative de certaines équipes concurrentes, un nouveau succès d’envergure n’est pas à exclure pour Terpstra, qui rentrerait un peu plus dans la légende de son sport.
Bonne analyse avec un petit bémol cependant: il eût été sympathique de parler de Nibali qui met le feu aux poudres et qui permet à Terpstra de partir là où personne n’y aurait pensé; un peu comme le même Nibali sur Milan San Remo, plantant là les soit-disant favoris qui deviennent de plus en plus des …. perdants patentés.
Bonjour, vous avez raison, j’aurais pu aborder l’attaque de Nibali, dont Terpstra a bien profité. Nibali est un coureur plein de panache qui attaque souvent à des endroits inattendus, comme Milan San Remo, ou encore l’étape du tour qui arrivait à Sheffield en 2014.
Bel article.
Le texte respire la passion pour ce magnifique sport.
Aura t’on le plaisir de vous relire sur les grandes courses à étapes de cet éte?
Peut-être que Peter Sagan aurait pu avoir un plus grand rôle… Il aurait dû prendre la roue plutôt que d’attendre et se mettre à la poursuite.
Analyse très juste, Terpstra a su utiliser à merveille la force de frappe de la Quick Step, a placé son attaque au moment opportun et a été impressionnant de force pour résister à Sagan dans le Paterberg même si je rejoins là-dessus l’analyse ô combien pertinente de Camhenn. A se marquer à la culotte avec Van Avermaet, Sagan s’est complètement trompé et il était bien trop tard quand il s’en est aperçu.
En gagnant sur les monts pavés, la Quick Step a montré qu’elle est bien un leader sur tous les revêtements de sol et pas uniquement sur le parquet flottant.
J’aimerais toutefois apporter un bémol (tout à fait relatif) à cette performance et à la carrière du natif de Beverwijk en général. Il a bien sûr gagné 2 monuments en étant à chaque fois parfait tactiquement mais le weekend dernier comme sur le Paris-Roubaix 2014 il a aussi et surtout profité de la présence de plusieurs coéquipiers ddans le groupe de favoris. Je me rappelle encore de ces 11 coureurs dans le carrefour de l’Arbre avec de très grand noms et Terpstra (sur lequel personne n’aurait parié 100€) qui s’échappe en facteur et personne ne part à sa poursuite par peur d’emmener Boonen au sprint à Roubaix. Bref je ne suis pas certain que ce coureur aurait eu le même palmarès s’il avait couru chez Fortunéo Samsic ou Veranda Willems.
Clément je souhaite enfin avoir ton expertise sur la course de dimanche prochain. Après la victoire de Nibali sur la via Roma et celle de Tertstra sur le Ronde, penses-tu qu’a nouveau un coureur audacieux ayant prit la poudre d’escampette loin de l’arrivée va s’imposer sur le vélodrome André-Pétrieux?
Comme Lance du 28 également appelé « cuisses en mousses », j’espère te relire prochainement,
Cyclistement