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[ITW] Oliver Naesen : « Je sens qu’on attend beaucoup de moi »

Au cours de la saison 2016, sa deuxième chez les pros seulement, Oliver Naesen a crevé l’écran. Au fur et à mesure des mois, les performances se sont enchaînées, les coups d’éclats se sont multipliés et le Belge s’est de fait imposé comme une valeur montante du cyclisme belge. À tel point qu’on le présente désormais comme un réel outsider pour les grandes Classiques, qui débutent dès ce week-end avec l’Omloop Het Nieuwsblad. Depuis sa sixième place révélatrice sur Binche-Chimay-Binche 2014, pendant son stage chez Lotto-Soudal, Naesen a parcouru bien du chemin. Une omniprésence sur le calendrier belge ainsi qu’une victoire sur la Polynormande en 2015 avec Topsport-Vlaanderen lui ont valu une place chez IAM Cycling en 2016, où il a définitivement explosé. Lauréat d’une Classique WorldTour avec le Grand Prix de Plouay, le Belge s’est aussi distingué sur l’Eneco Tour (2e), le Tour de l’Eurométropole (2e) ou encore par quelques échappées sur le Tour. Mais il a également exhibé des capacités encourageantes sur les Classiques. Treizième de l’Omloop Het Nieuwsblad et de Paris-Roubaix, vingt-deuxième du Tour des Flandres, Naesen a commencé à montrer le bout de son nez. Il n’a bien évidemment pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin, et c’est AG2R-La Mondiale qui a flairé le bon coup et obtenu, cet hiver, sa signature. Au début du mois, le talentueux flamand s’est exprimé dans un français impeccable auprès de VeloPro, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’homme est aussi ambitieux que bavard.

Oliver, votre saison 2016 a attiré l’attention de beaucoup de managers. Pourquoi avoir choisi AG2R-La Mondiale ?

Pour moi ce fut simple. L’équipe IAM Cycling a annoncé qu’elle arrêtait en mai. Dès cet instant, j’ai pris la liste des équipes WorldTour avec mon agent. On s’est dit : « Eux ont des leaders pour les Classiques, eux aussi, eux aussi… Là je serai en troisième ligne, là en quatrième… ». On a également attendu les offres car je n’en avais pas à cet instant. Finalement, le premier qui m’a appelé, ce fut Vincent Lavenu. Il était super motivé. On sent immédiatement ce genre de choses quand on est au téléphone avec quelqu’un. Il me présentait toutes les bonnes raisons de rejoindre AG2R : «  Tu pourras tenter ta chance, on va rouler pour toi, il n’y a qu’au Tour que tu devrais rouler pour Romain ». Pour certaines autres équipes, c’était plutôt : « Bon, on reparlera peut-être après le Tour, mais il n’y a rien de sûr ». Il y avait une grande différence dans le discours. Et dès le début, j’avais dit à mon agent que les équipes françaises étaient intéressantes car elles ne disposent pas de très grands leaders pour les Classiques et que c’est peut-être le bon endroit pour grandir, pour progresser et faire éventuellement de belles choses. Il m’a suivi dans cette réflexion, on a pris rendez-vous avec AG2R-La Mondiale et on est vite tombé d’accord.

Donc AG2R-La Mondiale est la première formation à avoir sonné à votre porte…

La toute première. Greg Van Avermaet m’a aussi demandé de le rejoindre chez BMC, mais son équipe était moins emballée. S’ils m’avaient proposé un contrat, même en tant qu’équipier, à ce moment-là, je pense que je l’aurais signé car je n’avais pas encore réalisé moi même de grands résultats. Mais après ma fin de saison, j’aurais je pense regretté d’avoir signé dans une équipe en tant que « domestique ». Je suis vraiment très heureux d’avoir signé ici pour faire mon truc, surtout sur les Classiques.

Être leader à 26 ans, c’était quelque chose d’important à cet instant de votre carrière ?

Je ne pense pas être si jeune au fond… J’ai déjà vécu beaucoup de choses. J’ai pas mal d’expérience, aussi dans la vie extra-sportive. Être leader n’est pas quelque chose qui me fait peur. Il y a aussi une grande différence entre être leader pour les Classiques chez AG2R-La Mondiale ou l’être chez Quick Step. Si je fais huitième du Tour des Flandres avec AG2R, l’équipe sera contente et me dira « bien roulé ». Si je fais ça chez Quick Step, pour moi c’est évidemment la même prestation, j’en serais déjà très heureux, mais eux me diraient : « t’es une merde ». Il y a une grande différence. Je pense que c’est à peu près ma place dans ces courses et je pense qu’on l’acceptera plus ici.

Il n’y a donc pas de pression ?

Je ne dirais pas qu’il n’y en a pas, car j’ai l’impression qu’ils attendent beaucoup de résultats d’un côté. Mais d’un autre, ils savent aussi que, même si j’ai gagné quelques belles courses, je n’ai jamais fait un top 10 dans une grande Classique. Jamais. Je suis dans ma troisième année pro, donc ils ont conscience que je ne vais pas gagner un Monument, mais je sens qu’ils espèrent, qu’ils attendent beaucoup de moi… Beaucoup de monde me dit : « avec toi, on ne sait jamais ». Tu es toujours plus ou moins là, mais on ne sait jamais ce qu’il va se passer.

Cette année, c’est celle où vous devez vous affirmer et donc être plus régulier ?

Oui, pour moi oui ! L’année passée, j’ai été très régulier mais la différence est que j’étais tout le temps entre 10 et 20 dans les Classiques. J’espère que cette année, je serai plus proche des premiers.

Vous dites aussi que votre objectif est surtout de continuer à progresser.

Tout à fait. Lors des deux saisons passées, je n’ai cessé d’améliorer mon niveau, chaque année un petit peu plus. En 2014, j’étais prêt à passer pro, mais je n’en ai pas eu l’occasion. Ok… pas de problème. En 2015, je suis passé pro. Je me suis beaucoup amélioré durant l’hiver qui a précédé. L’année passée aussi je me suis bien amélioré. Je pense que cette courbe n’est pas sur le point de se terminer. Si je progresse autant que je l’ai fait les deux années passées, c’est sûr que je répondrai présent quasiment tout le temps.

Et dans ce cas, les résultats suivront…

C’est sûr. Je suis quelqu’un qui n’a pas besoin de sprinter cinq fois pour la victoire pour gagner. Une peut suffire à faire Bingo. Mais on ne sait jamais.

Ce qui est certain, c’est que ce sont les Classiques qui vous obsèdent.

Evidemment, et ça commence avec l’Omloop Het Nieuwsblad et Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Certains coureurs disent ne pas vouloir être en forme pour l’ouverture, mais moi je veux l’être ! Ensuite, il y aura Paris-Nice puis les cinq grandes Classiques. D’A Travers les Flandres jusqu’à Paris-Roubaix, mais aussi l’Amstel Gold Race où je roulerai pour l’équipe.

Vous pensez qu’il est possible de conserver une bonne forme pendant près d’un mois ?

Oui oui, je pense. Ce qui peut être particulier avec moi, c’est que je n’ai jamais de jours super, mais jamais de jours sans non plus. Donc sur toute une année, j’ai un niveau semblable. Certains font les montagnes russes. Ils gagnent le samedi puis sont nuls sur les deux mois qui suivent. Moi, ça, je ne l’ai jamais connu. C’est sans doute dommage. C’est peut-être mieux d’être vraiment top sur un week-end mais c’est comme ça…

Les Classiques ont toujours été des objectifs pour vous ?

Pas forcément des objectifs car je n’étais pas très fort chez les jeunes. Mais ce sont les courses que je regardais à la télé chez moi. Le Tour des Flandres c’est forcément celle qui me parle le plus. Mais Paris-Roubaix peut être celle qui me convient le plus. Les deux fois où j’ai fait le Ronde, j’étais super mort à l’arrivée. J’ai aussi fait deux fois Paris-Roubaix, et après l’arrivée, j’étais encore assez bien.

Vous serez leader avec Stijn Vandenbergh sur les Classiques. Vous vous connaissiez ?

Non, pas vraiment. Pendant le Dauphiné, il est venu me parler. Il m’a dit qu’il allait signer chez AG2R-La Mondiale et qu’il glisserait mon nom à Vincent Lavenu. Il lui a dit qu’il devait me contacter.

Avez-vous discuté de la répartition des rôles ?

On va presque tout faire ensemble. Nous n’avons pas encore parlé, mais c’est plutôt simple. Comme je l’ai déjà dit avant, nous ne sommes pas BMC, ni Quick Step. Nous ne devons jamais commencer à rouler derrière une échappée. Le rôle d’équipier dans notre équipe sera de nous déposer, Stijn, Alexis (Gougeard) et moi-même dans le final sans que l’on ait eu à produire trop d’efforts. Si nous sommes les deux là dans le final, avec Stijn, on verra. Personnellement, si je constate que quelqu’un est meilleur que moi, je n’ai aucun problème à rouler pour lui. Stijn a prouvé par le passé qu’il était dans cette même logique. Ce qui est certain, c’est qu’au départ d’une course, on ne dira jamais : « aujourd’hui c’est pour toi, aujourd’hui c’est pour Stijn ». On sera toujours au même niveau. Et pour moi, c’est super comme ça. C’est beaucoup mieux. J’espère être dans les 10 à quelques reprises et Stijn espère la même chose, même si on rêve de gagner. En revanche, si on n’a pas les jambes pour être dans les 10 et que l’équipe a roulé toute la journée pour toi, c’est un peu stupide. Tu fais perdre aux autres coureurs une occasion de saisir la chance. Je ne pense pas que ce soit nécessaire.

Connaissez-vous le groupe qui formera les Classiques ?

Oui, et je les connaissais déjà depuis l’année passée car j’avais signé très tôt. Dans les courses qui ont suivi ma signature et pendant le Tour, ils sont tous venus me parler. Alexis, Stijn et moi en tant que leaders. Il y a aussi Gediminas Bagdonas, qui a vécu en Belgique, Hugo Houle qui sera toujours là, Nico Denz, Nans Peters. Sonde Hoslt Enger sera là pour faire les sprints comme à Kuurne ou Wevelgem. Ce sont tous des bons mecs. J’ai l’impression qu’ils ne sont pas trop stressés et je sens qu’ils sont très motivés à l’idée de nous aider au mieux avant le final. C’est quelque chose de bien. Sur ce genre de courses, c’est important de ne pas penser à faire 33e, mais de vraiment faire le job pour l’équipe.

Avez-vous l’ambition de montrer à la Belgique que vous auriez pu être un très bon coureur de Classiques dans une équipe belge ?

Je veux simplement montrer que j’ai ma place de leader dans chaque équipe, pas forcément belge. Ce que j’ai beaucoup aimé chez IAM l’an passé, c’est que l’équipe était très hétéroclite. J’ai pu m’améliorer dans les langues notamment. Si tu restes tout le temps dans une équipe belge, il y a aussi une routine qui peut s’installer…

Vous n’émettez aucune frustration de n’avoir pas percé chez Lotto-Soudal ou Quick Step ?

Non, aucune. Je remercie Lotto de m’avoir donné la chance d’être stagiaire chez eux. C’est là que j’ai mérité mon contrat chez Tosport, car je ne serais peut-être pas passé pro sans ça. Lotto a sa structure avec son directeur général, ses DS, ses sponsors et ça marche très lentement. C’est pour ça qu’ils ne m’ont alors pas proposé de contrat, ce qui n’est pas un problème du tout. Quick Step non plus mais ça ne me dérange pas. Quand je les vois après les courses, ils sont sympas envers moi et je le suis aussi. Il n’y a aucune amertume.

Un petit mot sur le Tour pour conclure. Est-ce un objectif d’y retourner ?

J’aimerais bien le faire. Je vais faire quelques courses avec Romain. Je roulerai alors à 100% pour lui. C’est un des meilleurs coureurs du monde. C’est déjà un rêve de rouler pour lui. Après, je pense que l’équipe a une petite faiblesse sur les étapes plates. L’an passé, j’ai vu sur le Tour que Romain frottait souvent seul dans les 5-10 derniers kilomètres. À côté de ça, tu vois Froome à côté dans la roue de Ian Stannard et Luke Rowe. Romain perd lui beaucoup de forces. Je pense que je peux être utile dans ce rôle et je crois que c’est l’idée de Vincent [Lavenu] également.

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