Mondiaux – Elites Dames : Annemiek van Vleuten couronnée après un incroyable solo
Les spectateurs et téléspectateurs de la course en lignes Elites Dames des Mondiaux 2019 ont assisté ce samedi à un véritable exploit. Celui d’Annemiek van Vleuten qui, à 36 ans, est allé décroché son premier maillot irisé dans la course en ligne au terme d’un numéro époustouflant. La Néerlandaise n’a placé qu’une seule attaque, s’est isolée et n’a plus été revue. Mais l’attaque en question s’est produite à … 104 kilomètres de l’arrivée, dans la bosse la plus difficile du parcours ! Elle s’est ensuite attachée à garder un bon rythme pendant que la poursuite balbutiait quelque peu. Toujours solide et efficace, la Batave n’a jamais buté et a ainsi conclu une performance magistrale par la médaille d’or. La tenante du titre, sa compatriotre Anna van der Breggen, a elle pris l’argent deux minutes plus tard tandis qu’Amanda Spratt (Australie) a décroché le bronze.
Ce samedi, c’est un départ relativement calme qui lance la course en ligne Elites Dames des championnats du monde 2019, dans le Yorkshire. Le peloton avance ainsi groupé et à un rythme de sénateur jusqu’au pied de la première bosse du jour, Jack Hill, située après une dizaine de kilomètres. Ce sont alors les Néerlandaises qui décident de durcir la course. Le peloton se morcèle un temps, mais avant de se recomposer, la Hollandaise Floortje Mackaij passe à l’offensive en solitaire. Il reste alors 130 kilomètres à parcourir et la jeune femme prend finalement la décision de se relever. Dès lors, la course repart sur un schéma bien plus tranquille, et les grandes nations se contentent simplement de rester placées en tête de peloton. Tout ce petit monde s’en va alors, sur un rythme modéré, chercher la deuxième bosse du jour du côté de Lofthouse. Après une petite bagarre de placement au pied, ce sont à nouveau les Pays-Bas qui font exploser la course. Cette fois-ci, c’est Annemiek Van Vleuten en personne qui lance les hostilités. La Néerlandaise place une belle accélération et se fait la malle à … 105 kilomètres du but. Derrière, le paquet s’émiette, si bien qu’une poignée de concurrentes seulement demeure à la poursuite de Van Vleuten. Pour mener ce petit groupe, on retrouve surtout Lizzie Deignan (Grande-Bretagne), mais l’unique coureuse échappée fait forte impression et augmente son avantage à plus d’une minute à 100 bornes de la ligne.
Derrière elle, on retrouve simplement huit filles : Anna Van der Breggen (Pays-Bas), Elisa Longo Borghini, Soraya Paladin (Italie), Clara Koppenburg (Allemagne), Amanda Spratt (Australie), Chloe Dygert (Etats-Unis), Cecilie Uttrup Ludwig (Danemark), Lizzie Deignan (Grande-Bretagne). À 90 bornes du but, Annemiek Van Vleuten, qui poursuit son aventure solitaire, n’a plus que 50 secondes sur le groupe de chasse, mais le gros du peloton est lui déjà repoussé à plus de 2’30. Au sein de celui-ci, la chasse tarde à se mettre en route. Elle est initiée par la République Tchèque, bientôt imitée par la Pologne, l’Espagne et bientôt la France. Leur retard reste de trois minutes sur la coureuse de tête et de deux minutes sur les poursuivantes à 75 bornes du but, mais il se réduit progressivement. Dix kilomètres plus tard, il est ainsi de 2’30 sur Van Vleuten et seulement de 1’20 sur le groupe de chasse où la collaboration n’est plus optimale. Cela incite d’ailleurs Lizzie Deignan à relancer à 55 kilomètres de la ligne, mais la Britannique ne parvient pas à faire la différence et les poursuivantes peinent ensuite à retrouver une vraie harmonie alors que l’Allemagne continue de conduire le peloton. Sous la bannière des cinquante derniers kilomètre, les écarts et la situation sont relativement stabilisés, Van Vleuten comptant 1’30 sur ses 8 poursuivantes et 3 minutes sur le paquet.
Dans les kilomètres qui suivent, la Néerlandaise intensifie quelque peu son effort tandis que la poursuite est timide derrière. C’est ainsi qu’elle s’en va aborder le premier des trois circuits d’Harrogate avec un avantage réévalué à deux minutes et trente secondes sur les poursuivantes, et quatre sur le peloton ! À 40 kilomètres de la ligne, et après déjà soixante bornes en solitaire, le sacre semble lui tendre les bras. Au sein du groupe de chasse, on assiste à un véritable enterrement, et il faut donc une attaque de Chloe Dygert à 35 kilomètres de la ligne pour redonner une certaine impulsion. L’Américaine place une première offensive à laquelle seules Van der Breggen, Spratt et Longo Borghini sont en mesure de répondre. Toutefois, une seconde attaque quelques minutes pus tard permet à la jeune femme de se débarrasser du trio. C’est ainsi qu’à 30 bornes du but, Dygert s’isole à la poursuite de Van Vleuten et entame ainsi un vrai contre-la-montre, elle la championne du monde de la spécialité. Au moment de débuter l’avant-dernier tour, soit à 28 kilomètres du but, elle a néanmoins une différence d’environ deux minutes à combler sur la Néerlandaise. Le trio Van der Breggen-Longo Borghini-Spratt, à la lutte pour le bronze, pointe lui à 2’15 à cet instant.
Dans cette boucle, Van Vleuten reste très efficace tandis que Dygert commence à coincer et n’est plus en mesure de reprendre du temps. Au contraire, elle voit son avance se réduire sur Van der Breggen et Spratt, qui parviennent à lâcher Longo Borghini dans la montée la plus difficile du circuit. Alors, à un tour du but, pendant que Van Vleuten s’envole vers un sacre démentiel, Dygert passe avec 2’15 de retard, soit à peine dix secondes devant Spratt et Van der Breggen, de retour dans la bataille pour la médaille d’argent. L’Américaine est d’ailleurs avalée à douze bornes du but et se voit décramponner deux kilomètres plus loin au rythme. La jeune femme laisse ainsi Spratt et van der Breggen se dégager pour les deux places restantes sur le podium. Si la première marche est donc réservée à la magistrale Annemiek van Vleuten, la seconde semble se dessiner pour sa compatriote, qui décroche Spratt dans l’ultime difficulté à cinq bornes de la ligne. Dès lors, les positions semblent figées mais Van Vleuten patiente jusqu’aux deux deniers kilomètres avant de savourer son sacre mondial. Elle profite alors pleinement après un numéro solitaire de plus de cent kilomètres et s’offre son premier titre sur la course en ligne, à 36 ans. Sa compatriote Van der Breggen, lauréate l’an passé, consolide sa deuxième place et récolte donc l’argent plus de deux minutes plus tard tandis qu’Amanda Spratt conquiert une nouvelle médaille en s’adjugeant le bronze.
Classement
1 Annemiek van Vleuten (Pays-Bas)
2 Anna van der Breggen (Pays-Bas) à 2’15
3 Amanda Spratt (Australie) à 2’28
4 Chloe Dygert-Owen (Etats-Unis) à 3’24
5 Elisa Longo Borghini (Italie) à 4’45
6 Marianne Vos (Pays-Bas) à 5’20
7 Marta Bastianelli (Italie) m.t
8 Ashleigh Moolman (Afrique du Sud) m.t
9 Lisa Brennauer (Allemagne) m.t
10 Coryn Rivera (Etats-Unis) m.t