Mondiaux – Elites Hommes : La consécration pour Alejandro Valverde, Romain Bardet en argent
Alejandro Valverde a décroché, à 38 ans, le premier titre mondial de sa carrière ce dimanche. Dans un final à quatre, l’Espagnol a devancé au sprint Romain Bardet et Michael Woods. Après avoir fait la jonction sur la tête à moins de trois kilomètres du but, Tom Dumoulin conclut quatrième.
La course a été animée par un groupe de onze coureurs qui a compté jusqu’à 19 minutes d’avance. Repris dans l’ultime tour de circuit, les derniers rescapés de l’échappée laissent place à l’explication des favoris. Les premières attaques arrivent dans l’ascension d’Igls, avec Michael Valgren, mais le mouvement décisif a vu le jour dans la rampe finale.
La course est lancée à vive allure. Il y a beaucoup d’attaques, mais le peloton filtre dans un premier temps. Kasper Asgreen (Danemark), Robert Britton (Canada) et Tobias Ludvigsson (Suède) sont les premiers à s’extirper durablement. Ils sont directement pris en chasse par Vegard Stake Laengen (Norvège), Ryan Mullen (Irlande) et Danil Fominykh (Kazakhstan). Les deux groupes se rejoignent en tête avant d’être à leur tour pris en chasse par cinq coureurs. Conor Dunne (Irlande), Karel Hnik (République Tchèque), Laurent Didier (Luxembourg), Jacques Janse van Rensburg (Afrique du Sud) et Ilia Koshevoy (Biélorussie) faussent compagnie au peloton et parviennent à rejoindre la tête. Le Grec Stylianos Farantakis a bien tenté de prendre l’échappée, mais n’a pas pu suivre le rythme soutenu. Ils sont donc onze pour ouvrir la route de ce Championnat du monde et prennent rapidement le large.
Après une quarantaine de kilomètres, l’échappée compte déjà plus de dix minutes d’avance. L’écart maximal est atteint à 190 kilomètres du but : les onze hommes de tête évoluent alors avec près de 19 minutes d’avance sur le peloton ! Ils entrent sur le circuit d’Innsbruck avec 17’35 » de marge : Autriche, France, Slovénie et Grande-Bretagne placent chacune un homme en tête de peloton pour faire le train. L’écart diminue à un rythme régulier alors que les onze hommes de tête continuent de bien collaborer dans la première ascension d’Igls (7,9km à 5,7%). Ils perdent seulement une minute lors du premier tour de circuit, avant que le peloton n’accélère véritablement.
L’accumulation des kilomètres commence à se faire sentir dans le troisième tour de circuit. L’échappée perd Laurent Didier ; derrière, le peloton a accéléré et se rapproche à dix minutes. Tombé dans la descente, Warren Barguil (France) est contraint à l’abandon. L’allure s’accélère encore dans le quatrième tour : le triple champion du monde Peter Sagan (Slovaquie) ne conservera pas son maillot arc-en-ciel. Il est distancé à 92km du but, en même temps qu’une grappe de coureurs avec Alexandre Geniez, Anthony Roux (France) ou encore Tiesj Benoot (Belgique).
La sélection espagnole s’annonce en tête de peloton à l’entame du cinquième tour de circuit. C’est Jonathan Castroviejo qui vient passer un gros relais en tête, alors que les échappés conservent une avance supérieure à sept minutes. Cependant, le groupe de tête a déjà perdu plusieurs unités : Dunne, Mullen et Fominykh ont lâché prise. La tâche se complique encore dans la cinquième ascension d’Igls alors que seuls Laengen, Asgreen, Britton et Janse van Rensburg parviennent à se maintenir dans l’échappée. Ces quatre-là travaillent bien ensemble, mais voient le peloton se rapprocher irrésistiblement. Ils passent la ligne pour la sixième fois avec 4’47 » de marge. Reste alors un petit et un grand tour de circuit à parcourir, alors que des attaques secouent le peloton.
Greg Van Avermaet (Belgique) initie le mouvement. Il est suivi par Damiano Caruso (Italie) et Omar Fraile (Espagne). Les trois hommes en contre prennent une vingtaine de secondes d’avance sur le peloton à 50 kilomètres de la ligne et forcent les autres sélections à se mettre au travail. Devant, Asgreen et Laengen se montrent les plus forts et s’isolent à deux en tête dans l’avant dernière ascension d’Igls. L’écart continue de diminuer du fait des attaques répétées en tête de peloton. La course devient vraiment intense dans ce sixième et avant-dernier tour de circuit. Plusieurs candidats au titre sont distancés : Simon Yates, Dan Martin, Ilnur Zakarin ou encore Michal Kwiatkowski.
Il y a des attaques dans l’ascension pour rejoindre le groupe Van Avermaet. Rudy Molard (France) parvient notamment à faire la jonction avec George Bennett (Nouvelle-Zélande) et Emanuel Buchmann (Allemagne), mais ce groupe de contre est finalement ramené à la raison par le peloton. Ce sont alors les Espagnols Jesus Herrada et Omar Fraile qui dictent l’allure. Le duo de tête voit son avance se réduire, mais conserve 2’15 » d’avance à son dernier passage sur la ligne avant l’arrivée. Reste alors un grand tour de circuit avec une nouvelle ascension d’Igls, puis la redoutée montée de Gramartboden (2,8km à 11%).
Encore au complet à l’entame du dernier tour, les Italiens s’installent en tête de peloton et impriment un gros tempo dans l’ultime ascension d’Igls. Steven Kruijswijk (Pays-Bas) profite du train très soutenu pour placer une attaque. S’il ne parvient pas à s’isoler, il fait craquer Vincenzo Nibali (Italie) ! Sam Oomen attaque à son tour pour les Bataves : il ne réussit pas à s’échapper, mais son attaque signe la fin de l’échappée. Laengen et Asgreen rentrent dans le rang après une superbe prestation. A 22 kilomètres du but, c’est Peter Kennaugh (Grande-Bretagne) qui attaque et parvient à creuser l’écart. Michael Valgren (Danemark) le rejoint et le dépasse au sommet. Le Danois fait la descente à fond et prend 20 secondes d’avance sur le peloton réduit.
Valgren est repris par un groupe très réduit dans la rampe finale. La grande explication est lancée par un train bleu avec Pinot, Bardet et Alaphilippe bien suivi par Alejandro Valverde, Michael Woods et Gianni Moscon. Seulement, Alaphilippe craque sur les pourcentages les plus durs. Pinot s’écarte aussi après son beau travail. Moscon tente une attaque sur le passage à 28% avant de se faire décramponner. Bardet se retrouve alors en tête avec Valverde et Woods. Les trois semblent partis pour se jouer le titre mondial, mais Tom Dumoulin les rejoint à 2 unités du but. Comme à son habitude, le Néerlandais a fait l’ascension au train et est revenu au prix d’une superbe descente. Les quatre hommes se regardent dans le final : Valverde passe en tête sous la flamme rouge, personne ne veut le relayer. Finalement, l’Espagnol est contraint de lancer son sprint de loin, mais tient jusqu’à la ligne. Il décroche son premier titre mondial à 38 ans après un effort magnifique ! Bardet prend la deuxième place devant Woods et Dumoulin. Distancé à la fin de la rampe, Gianni Moscon conclut cinquième.
Roman Kreuziger (République Tchèque) règle le sprint pour la sixième place devant Michael Valgren. Alaphilippe et Pinot terminent dans le même temps aux 8e et 9e places. Le champion du monde 2013 Rui Costa complète le top 10. Sur le podium, on assiste à une véritable passation de pouvoir puisque c’est Peter Sagan en personne qui remet la médaille d’or à Alejandro Valverde.
Men Elite Road Race Top 10 🏁 #InnsbruckTirol2018 pic.twitter.com/ubhgCDZASJ
— UCI (@UCI_cycling) 30 septembre 2018