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[ITW] Florian Sénéchal : « Je vais tout faire au millimètre »

Depuis près de six ans désormais, Florian Sénéchal a une étiquette qui lui colle à la peau. Celle d’un vainqueur de Paris-Roubaix, chez les juniors. Alors, forcément, quand les grandes Classiques flandriennes s’approchent, il est l’un des Français les plus scrutés. Pour autant, le coureur de la Cofidis n’a pas encore totalement éclos sur ces épreuves de purs spécialistes, où l’expérience est un paramètre aussi important que la puissance et la dextérité. Sur une épreuve pavée de niveau WorldTour, son meilleur résultat demeure une quatorzième place, dans le Grand Prix E3 Harelbeke. Il semble désormais temps pour le Nordiste de passer au niveau supérieur. Bien qu’âgé de seulement 23 ans, Sénéchal nourrit et concentre des attentes qu’il veut désormais assouvir. À la veille de l’Omloop Het Nieuwsblad, première Flandrienne de l’année, VeloPro.fr s’est entretenu avec un jeune homme déterminé à jouer les premiers rôles dans ses courses de prédilection.

Florian, dans quel état d’esprit êtes-vous à la veille du week-end d’ouverture ?

Il y a toujours du stress. Mais il y a évidemment de l’impatience dans la mesure où on veut savoir à quel stade on est cette saison, si on a progressé. Il y a également un surplus de motivation. On se projète plus dans la course. En tous les cas, c’est mon cas, car je connais très bien le circuit (de l’Omloop Het Nieuwabld, NDLR). Je sais exactement où sont les endroits stratégies. On espère aussi d’avoir de la chance. Surtout, en fait.

Revenons sur votre entame de saison. Comment s’est-elle passée ?

Plutôt bien car j’avais prévu, dans ma préparation, de ne pas être au top au mois de février. Je voulais être en forme à partir de ce week-end seulement. Sur l’Etoile de Bessèges, j’étais devant sur les deux premières étapes puis j’ai dû abandonné, malade. Rien de grave, ça n’a pas retardé ma préparation. Je suis ensuite allé sur la Ruta del Sol. Là-bas, j’ai pris l’échappée dès le premier jour alors que le profil était un peu montagneux. J’étais encore devant le lendemain, avec les meilleurs dans l’avant-dernier col, sur un parcours accidenté, alors que je ne suis pas du tout grimpeur. Il n’y que lors du dernier jour où je ne me suis pas senti très bien, mais je me suis senti à l’aise sur le lot. Sur les plages d’entraînement, je sens que les courses m’ont fait du bien, que la forme est là et je pense que ça va encore monter. Je suis dans les temps de passage que j’avais prévu.

Crédits photo : (c) Tim de Waele

Votre préparation vous amène donc les meilleures dispositions pour ce week-end…

L’Omloop Het Nieuwsblad est un gros objectif de l’année pour moi. D’autant plus que j’aime bien le circuit. J’apprécie également le tracé de Kuurne-Bruxelles-Kuurne, je m’entraîne aussi souvent dans ce coin là. J’ai à coeur de vraiment bien faire. Mais ensuite, je vais aller faire Paris-Nice, donc je vais encore monter d’un palier au niveau de ma forme. Forcément, je serai donc de mieux en mieux sachant que je vais enchaîner de grosses courses. Après Paris-Nice, je pense que je serai à 100%, voire 110%, de mes capacités.

Quel est l’objectif ce samedi ?

Je suis là pour faire un résultat, c’est clair. Il faut aller au charbon ! Il faut saisir les occasions dès qu’elles se présentent. Je l’ai fait trois fois, à chaque fois j’ai terminé autour du top 20 (ndlr : 19e, 24e et 17e). J’aimerais bien arriver pour la victoire cette année. Pourquoi pas un top 10, ce serait déjà très bien. Je ne suis jamais trop loin, je suis toujours dans l’action, mais dans le final, il me manque quelque chose pour arriver pour la victoire. Si je peux jouer la gagne, ce serait déjà satisfaisant.

Ce serait donc l’année pour passer ce cap et être plus acteur dans le final ?

L’année dernière, je m’étais déjà fixé cet objectif mais ça n’a pas trop marché… Cet hiver, j’ai encore été très professionnel. J’ai été plus précis sur mes positions, sur le matériel, à l’entraînement. Je me connais maintenant. Je sais comment je réagis. Pour la récupération, j’ai aussi commencé à faire de la cryothérapie, j’ai également fait de l’acuponcture, ce que je ne faisais pas auparavant. Ce sont pleins de petits trucs qui, je l’espère, feront que ça ira mieux pour moi cette année. Peut-être que c’est la clé.

Pensez-vous avoir progressé depuis février 2016 ?

Pour ce qui est des courses du début de saison, par rapport à l’an passé, je me sens mieux. À Bessèges, j’étais plus à l’aise sur le final des étapes, j’étais devant quand il y a eu une bordure. J’ai aussi senti une amélioration dans les cols. D’habitude je suis un peu gros en début de saison et j’ai un peu de mal dans les ascension. Mais là,ça a été sur la Ruta del Sol. Je pense donc être mieux que l’année dernière mais c’est ce week-end qu’on verra si l’entraînement a payé et si j’ai passé le palier.

Vous pensez en avoir les capacités ?

Oui, je m’en sens capable. Je me dis au plus profond de moi que j’en ai les possibilités. Qu’un jour ou l’autre, les entraînements vont payer. Après, c’est le talent qui fait le reste…

Crédits photo : (c) Tim de Waele

Mais vous avez tout de même cherché à peaufiner des détails… 

On voit ce que font d’autres coureurs, on fait des recherches sur internet, dans les livres aussi. On se dit : « Tiens, ça ne je ne l’ai pas fait, ça non plus… Je vais essayer cette année ». Le but, c’est de s’améliorer d’année en année. Ce n’est pas simple, mais il faut se renouveler et espérer trouver les éléments qui nous feront progresser. Je pense que ces détails me manquaient jusque là. On a également perfectionné le contact avec mon entraîneur. Mes entrainements sont beaucoup plus précis, les exercices sont plus ciblés. On a bien analysé les entraînements des années précédentes pour comparer à ce que je faisais par le passé. L’entraînement ne veut pas tout dire, mais sur cette échelle-là, je monte d’année en année.

Où pensez-vous vous situer dans la hiérarchie mondiale dans les Flandriennes ?

C’est une question difficile car il y a maintenant beaucoup de sprinteurs sur les Classiques. Ils ne sont pas forcément forts sur les pavés, mais ils se placent bien. Ils sont encore là dans le final et peuvent alors jouer leur carte au sprint dans un petit groupe. Je sais que je suis à l’aise sur les pavés, mais peut-être moins fort que d’autres pour frotter. Sur le pavé en soi, je pense être à un bon niveau, mais il y a beaucoup d’autres circonstances qui entrent en ligne de compte dans une Classique. On peut avoir un mec qui n’avance pas sur les pavés mais qui sera resté bien placé jusqu’au dernier kilomètre et pourra faire le sprint, même si la course a été dure. Je ne saurais pas dire où je me situen du coup. Il y a beaucoup de non-spécialistes qui font ces courses-là, c’est assez vague. Mis à part sur Paris-Roubaix où c’est du pavé pur et où on retrouve généralement les vrais spécialistes. C’est davantage avec cette course qu’on peut se situer.

Pour décrocher ce gros résultat qui vous manque, comment faut-il procéder ? En anticipant ? En suivant les gros ?

Le mieux c’est d’anticiper au bon moment, mais pour le faire, il faut avoir la force nécessaire. Dans l’idéal, le mieux reste d’anticiper, de faire sa course devant et de ne pas s’épuiser par rapport aux autres. Dans ce cas de figure, si les costauds reviennent, on aura peut-être usé moins de cartouches qu’à essayer de suivre le peloton où il peut y avoir des chutes, des cassures, où ça peut frotter. C’est toujours mieux d’anticiper dans ce style de courses, mais c’est évidemment en fonction des circonstances. Il faut que ce soit au bon moment et que les jambes répondent bien.

Crédits photo : (c) Sirotti

Avec un passif de vainqueur de Paris-Roubaix juniors, vous êtes attendus malgré votre jeune âge (23 ans). Ce n’est pas quelque chose de difficile à assumer ?

Il y a une pression, c’est sûr, mais c’est le jeu. C’est le lot du sport. Il faut faire avec. En plus, je ne suis pas non plus tous les week-ends sous pression. J’arrive à relativiser et à mettre ça de côté. Les gens savent que je suis capable de faire quelque chose mais tout ne dépend pas de moi. On est aussi certaines fois plus en forme que d’autres. Ce qui serait bien, c’est de signer un bon résultat dès la première course pour s’enlever un peu de pression.

Dimitri Claeyes, qui a terminé neuvième du Tour des Flandres l’an passé, a rejoint le groupe cet hiver. On peut imaginer une collaboration entre vous deux ?

J’ai couru avec lui à Bessèges et ça s’est très bien passé. On verra ce week-end. Il a eu quelques problèmes de dos, je ne sais donc pas trop la forme qu’il tient. Mais c’est en tout les cas un très bon coureur et on sera en mesure de communiquer et faire de belles choses.

Vous vivez depuis plus d’un an en Belgique. Pour des raisons personnelles pour professionnelles ?

Davantage pour le côté professionnel. J’ai toujours aimé la Belgique mais c’est aussi plus pratique pour moi d’aller au service course, de me rendre sur les épreuves qui sont juste à côté sachant je fais beaucoup de courses ici. Le vélodrome de Roubaix n’est pas loin, ma copine est lilloise. Beaucoup de choses étaient avantageuses, y compris les transports en commun. L’aéroport est à vingt minutes de chez moi. Et au niveau de l’entraînement, je peux aller rouler dans les monts que je connais maintenant par coeur. Quand je fais des reconnaissances, c’est désormais plus pour tester le matériel. Le circuit, je le connais sur le bout des doigts.

Durant le mois qui se profile, l’objectif est-il de répondre présent sur chaque Flandrienne ou un accent est-il vraiment mis sur Paris-Roubaix ?

C’est naturellement sur Paris-Roubaix que j’aimerais le plus « marcher », mais il n’y pas non plus beaucoup d’occasions dans l’année, donc chaque week-end à partir de demain est très important. Je vais tout faire au millimètre pendant un peu plus d’un mois, dans le but de répondre le plus présent possible. Si j’arrive à briller maintenant, ça peut donner un coup de boost ma carrière. Je vais être très attentif à ma préparation et à la façon dont mon corps réagit. Après, Paris-Roubaix tient forcément une place particulière. Il y a donc encore plus de précaution à prendre pour ne pas être malade et pour arriver au top du top le jour J.

Pour vous, qu’est-ce que serait quoi une campagne de Classiques réussie ?

Un podium sur l’une des grandes Classiques que je vais faire, ce serait bien. Pourquoi pas une victoire, même si ce sera bien plus compliqué. Mais être sur la boite avec des costauds à côté de moi, ce serait déjà exceptionnel…

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