Wilco Kelderman, la renaissance !
Wilco Kelderman (Sunweb) poursuit son parcours presque sans faute sur cette Vuelta. Le Néerlandais signe la deuxième place de l’unique chrono individuel de ce Tour d’Espagne, long de 40 kilomètres, ce qui lui permet de reprendre la troisième place du classement général à Ilnur Zakarin (Katusha – Alpecin), qui la lui avait chipé il y a deux jours à Monachil. Kelderman confirme finalement, à 26 ans, le potentiel qu’il avait esquissé lors des Tours d’Italie 2013 et surtout 2014, avant de tomber quelque peu dans l’anonymat.
« Changer d’équipe était le bon choix » nous explique-t-il après le contre-la-montre. Chez LottoNL – Jumbo depuis le début de sa carrière en 2012 lorsque l’équipe s’appelait encore Rabobank (devenue ensuite Blanco puis Belkin), il a en effet changé d’équipe à l’intersaison pour tenter une nouvelle aventure avec Sunweb. « Ce changement m’a permis de recommencer par les bases. Ces dernières années je me suis trop focalisé sur les détails et j’ai oublié les bases : bien s’entraîner, bien manger. Maintenant je suis vraiment concentré sur ces bases et ça m’a permis de revenir à un bon niveau« .
Malgré les errements des dernières années, Sunweb a toujours cru au potentiel de Kelderman qui ne s’était pourtant plus vraiment manifesté depuis sa septième place sur le Giro 2014, suivie d’une quatrième place sur le Critérium du Dauphiné cette même année. Comme nous l’expliquait Warren Barguil au départ de ce Tour d’Espagne, en début d’année les rôles avaient été répartis ainsi : Tom Dumoulin leader sur le Giro, Barguil sur le Tour et Kelderman sur La Vuelta. D’ailleurs, malgré les exploits du Breton sur les routes du dernier Tour de France, le plan chez Sunweb n’a pas changé d’un iota au départ de Nîmes, Kelderman était leader pour le général… pour preuve l’exclusion de Barguil par sa propre équipe pour ne pas avoir attendu le Néerlandais sur l’étape de Cuenca. Sur le Tour d’Italie, Kelderman partait comme coéquipier de Tom Dumoulin. Impliqué dans la grosse chute provoquée par une moto de la Polizia Stradale, sur l’étape du Blockhaus (9e étape), Kelderman avait dû abandonner, fracture d’un doigt nécessitant une opération. Dumoulin n’avait d’ailleurs pas caché sa déception de perdre son équipier le plus précieux en montagne.
Sur ce Tour d’Espagne, Kelderman est donc leader et se débrouille on ne peut mieux jusqu’à présent. Aujourd’hui à Logroño, il a fait parler ses qualités bien connues de chronoman qui lui ont d’ailleurs valu d’être Champion des Pays-Bas du contre-la-montre en 2015. « Aujourd’hui c’était un très beau chrono. Ça montait, ça descendait. C’était aussi assez dur avec un vent de côté plutôt défavorable. Je suis très content avec cette deuxième place mais quand même un peu déçu que (Christopher) Froome ait été un peu plus rapide. J’ai gagné du temps sur les autres coureurs, c’est une bonne journée« .
Kelderman s’est en effet incliné face à Froome pour 29 secondes. Il se classe deuxième du jour et reprends du temps sur tous ses adversaires. Il repasse à la troisième place du général avec 27 secondes d’avance sur Ilnur Zakarin. Il revient aussi à 42 secondes de Vincenzo Nibali (Bahrain – Merida), actuel deuxième du général. Alors la deuxième place deviendrait-elle envisageable ? « Nous allons voir… Je suis déjà content avec la troisième place. Si je peux être deuxième ce serait bien mais… on va voir demain ce qu’il sera possible de faire » répond-il prudemment voire peu convaincu.
Toujours est-il que Sunweb a su redonner confiance à ce coureur prometteur à ses débuts et qui semblait voué à la classe des « éternels espoirs ». Certes, à l’inverse de la plupart de ses adversaires, il n’a pas un Grand Tour dans les jambes et a même connu une saison plutôt légère en raison d’une première blessure survenue sur les Strade Bianche puis celle du Giro, mais ses performances actuelles lui permettent de ré-envisager un avenir plus prometteur.