Ilnur Zakarin, seulement un début

La Russie possède son nouveau coureur de référence. Au cours des trois dernières années, Ilnur Zakarin a passé les paliers les uns après les autres jusqu’à monter, dimanche, sur son premier podium final dans un Grand Tour. Une ascension relativement rapide mais pourtant logique au vu des performances réalisées depuis son arrivée à la Katusha, en 2015. Il avait dans sa première saison, il est vrai, pris tout le monde de court en remportant le Tour de Romandie puis une étape du Giro après s’être révélé aux yeux du grand public à l’occasion du Tour du Pays Basque. Depuis, il a toujours confirmé. Encore trop frêle l’an dernier pour jouer le classement général sur le Tour, il s’était grandement consolé avec une victoire d’étape. Cette saison, plus mature et paré pour trois semaines, « Zak » a d’abord décroché la cinquième place finale du Giro, avant d’atteindre un plus haut niveau encore sur la Vuelta, achevée en troisième position. « Je suis très heureux et mon duel à distance avec Alberto Contador hier (samedi) restera un excellent souvenir. C’est mon premier podium sur un Grand, donc tout cela est nouveau pour moi. Mais je commence à me sentir plus à l’aise quand je me tiens aux côtés des grands du cyclisme », a simplement déclaré le coureur de 27 ans, hier soir.

Peu loquace, Ilnur Zakarin n’est certainement pas le meilleur quand il s’agit de parler de lui. Ses dirigeants chez Katusha-Alpecin sont bien plus doués pour cette tâche. « Il a été brillant durant cette Vuelta, a ainsi affirmé Dmitry Konyshev. Nous allons examiner les parcours des Grands Tours de l’année prochaine et voir ce qui est le mieux pour lui ; peut-être que ce sera le Tour. C’est un très bon gars. Il pose de bonnes questions, il explique les choses quand il en a besoin, il communique avec nous et c’est assez simple de travailler avec lui. Lorsque nous établissons nos plans, nous le faisons ensemble. Nous avons une très bonne coopération avec lui et il est gentil avec ses coéquipiers. C’est un bon gars ». C’est aussi un sacré athlète. Sur la Vuelta, Zakarin a rarement failli. Dans un premier temps discret, en second plan, le Russe n’a connu qu’une petite défaillance, en Andorre, lors du troisième jour de course. Mais le grimpeur tatar est monté en puissance tout au long de l’épreuve, réalisant une dernière semaine exceptionnelle. Sur le podium provisoire après la montée de la Sierre Nevada, il a reculé au quatrième rang après le chrono, mais est toujours resté en embuscade derrière Wilco Kelderman, attendant le moment propice. Celui-ci s’est présenté sur les pentes de l’Angliru, où il a pu se défaire du Néerlandais, tout en résistant à Alberto Contador.

« Nous avons débuté cette Vuelta avec le but de lutter pour le général, expliquait Jose Azevedo en guise de conclusion. Ilnur a récolté ce résultat et nous sommes heureux et fiers. Il est arrivé dans l’équipe il y a 3 ans et nous avons toujours travaillé dans la perspective qu’il devienne notre leader. La preuve de notre confiance envers lui est cette prolongation de contrat de deux ans, en début de Giro. Nous n’avons pas eu besoin d’attendre ses résultats cette saison. Nous avions déjà confiance dans sa capacité de gagner des Grands Tours. Ilnur est un coureur de qualité. Mon but et celui de l’équipe est de gagner un Grand Tour. Il commence à croire qu’il peut le faire et nous le pensons aussi. Il est important de penser de cette manière. Maintenant, il a plus de confiance et d’expérience. Il a la bonne mentalité pour avancer. Pour l’année prochaine, nous voulons plus de grimpeurs dans l’équipe pour lui apporter plus d’aide dans les montagnes. Il mérite sa place. Il est facile de travailler avec lui, il est très professionnel et a des idées très claires sur ce qu’il veut dans le cyclisme et dans la vie. Il a tous les ingrédients pour être un grand champion. »