Nairo Quintana : « Un test important »
Nairo Quintana (Movistar) s’est adjugé sa première victoire de la saison 2018. Le Colombien a brillamment et vaillamment animé la très longue ascension vers Arosa, où l’on imaginait que l’action serait réduite aux cinq derniers kilomètres, en attaquant quasiment dès le pied. Une première attaque qui n’a pas fonctionné puis une deuxième à 25 kilomètres de l’arrivée qui a permis au coureur de Movistar de s’isoler en tête.
« Nous voulions faire une sélection avec la présence de Mikel Landa, expliquait Quintana à Cycling Pro Net après l’arrivée. L’objectif était de mettre la BMC en difficulté. J’ai attaqué et à ce moment là j’ai voulu pousser mon effort jusqu’au bout pour voir ce qui aller se passer » . L’affaire n’était pas simple car si les premières pentes permettaient à Quintana de faire la différence, il y avait une longue partie d’une quinzaine de kilomètres où s’enchaînaient parties roulantes et parfois même descendante. Et pourtant le Colombien a su résister au retour de Richie Porte (BMC), le maillot jaune, aider du costaud Greg Van Avermaet.
Un bel effort donc pour une belle victoire même si, en ne prenant « que » 22 secondes sur la ligne (plus 6 secondes de bonification par rapport à Porte), il manque toujours 17 secondes à Quintana pour s’emparer du maillot jaune. Et ce n’est pas l’étape de samedi, typée classique mais plutôt pour sprinters ou encore moins celle de dimanche, un chrono de 34,1 kilomètres, sans grande difficultés, qui devraient lui permettre de changer la donne. Mais à un peu plus de trois semaines du départ du Tour de France, l’objectif de Quintana est en partie atteint : se rassurer pour le Tour de France. « La forme est bonne et la confiance l’est aussi après le travail accompli. Aujourd’hui c’était un test important et dimanche en sera un autre. Nous verrons si les conditions permettent de gagner. Je ferai de mon mieux » . Il faut aussi rappeler que Quintana et son équipe Movistar avait perdu 33 secondes sur les BMC lors du chrono par équipes du premier jour.
Nairo Quintana remporte donc l’étape la plus importante de ce Tour de Suisse, une épreuve où il n’avait jamais mis les pieds. En 2013, lorsqu’il se révélait au grand public, il s’était préparé en Colombie. En 2014 il n’avait pas fait le Tour (il avait remporté le Tour d’Italie et avait abandonné La Vuelta sur chute après avoir porté le maillot de leader). En 2015 et en 2016, il s’était une nouvelle fois préparé en Colombie avant de prendre part à la Route du Sud (aujourd’hui Route d’Occitanie qui se déroule en ce moment même). La préparation de « Nairoman » a toujours été source de discussion, souvent jugée pas suffisament efficace quand le Colombien devait se contenter de la deuxième ou troisième place du Tour de France. Pourtant en 2016, lorsqu’il remportait le Tour de Romandie (fin avril), il confiait son envie de venir sur le Tour de Suisse pour préparer le Tour de France. Voeux non exaucé jusqu’alors. Et finalement sa victoire un mois plus tard sur La Vuelta prouve que sa troisième place sur le Tour n’était peut-être que le résultat d’un retard de préparation. Cette année, avec le décalage du Tour de France, il peut enfin découvrir l’épreuve helvétique. « Le Tour de Suisse offrait l’opportunité d’accumuler plus de jours de compétition et de trouver la forme plus facilement, nous explique-t-il. Nous espérons maintenant que ça nous portera chance sur le Tour de France » .
Après la tentative Giro-Tour de 2017, qui s’est soldée par une deuxième place sur le Tour d’Italie et une douzième place au Tour de France (où il n’était pas passé loin d’une victoire d’étape à Foix, soufflée finalement par Warren Barguil), Quintana peine à convaincre qu’il est encore en mesure d’être le premier Colombien vainqueur du Tour de France. Mais cette année, alors qu’il n’a encore que 28 ans, le héros Sud-Américain a peut-être plus que jamais mis toutes les chances de son côté. Dans une équipe Movistar à trois leaders (avec Alejandro Valverde et le nouveau venu Mikel Landa), le Tour de France 2018 sera un passage crucial pour Quintana afin de démontrer qu’il est toujours capable de satisfaire tous les espoirs qu’il avait fait naître en 2013.