Domenico Pozzovivo : « Une longue attente »
Cela faisait longtemps qu’il l’attendait. Domenico Pozzovivo n’avait plus gagné depuis deux ans et une étape du Tour de Trention (quelques semaines après une étape sur le Tour de Catalogne). Le coureur italien d’AG2R La Mondiale s’impose aujourd’hui à La Punt après une véritable explication entre leaders sur l’Albulapass et ses 2300 mètres d’altitude. Après aussi un remarquable travail d’équipe. Pozzovivo est allé cherché Michael Woods (Cannondale), dernier rescapé de l’échappée matinale, dans la descente, ce qui n’est pourtant pas sa spécialité. Il s’empare du même coup du maillot jaune de leader mais dans la même seconde que Damiano Caruso (BMC). Demain « Pozzo » devra continuer à grapiller du temps s’il veut espérer remporter ce Tour de Suisse car le chrono final ne sera pas spécialement à son avantage. L’arrivée au sommet de Sölden sera donc sa dernière opportunité sans doute pour s’octroyer une avance plus sécurisante et il devrait être extrêmement motivé puisqu’il connaît bien cette ascension où il avait terminé deuxième en 2015 derrière Thibaut Pinot (FDJ). C’était cependant au terme d’une longue journée de montagne alors que demain il s’agira d’une ascension sèche… qui montra aussi jusqu’à 2780 mètres d’altitude contre 2669 mètres en 2015. Pozzovivo pourra encore s’appuyer sur Mathias Frank, toujours cinquième du général à 23 secondes.
Domenico, quelle est l’émotion après deux ans sans victoire ?
Ça a été une longue attente mais si c’est pour gagner une étape aussi belle que celle d’aujourd’hui, l’attente en valait la peine. Je suis très content car j’ai fait un très bon début d’année. La forme était déjà bien là pour le Tour des Alpes et après j’ai fait, je pense, mon meilleur Giro d’Italia. Il ne me manquait alors que la victoire. Aujourd’hui je pensais plus à cette victoire d’étape qu’au classement général.
C’était une tactique d’équipe parfaite aujourd’hui.
Oui. Avec Jan Bakelants dans l’échappée et Mathias Frank dans l’ascension pour marquer les autres coureurs quand moi j’attaquais. Jan à l’avant était une très bonne chose car il n’était pas loin au général (à 2’21, ndlr), donc le peloton ne pouvait pas laisser partir. Cela a rendu la course plus dure et c’est exactement ce que nous recherchions.
L’ascension en elle-même, comment s’est elle passée ?
C’était une ascension très tactique. Damiano (Caruso) avait encore Tejay Van Garderen dans la première partie de la montée. Quand il a disparu, tous les coureurs pour le classement général se regardaient un peu avec de petites attaques. Moi j’ai attendu les quatre, cinq derniers kilomètres pour porter une attaque plus forte. Je ne voulais pas attaquer trop tôt parce que je pense que quand on arrive à 2000 mètres d’altitude, c’est plus propice pour faire des différences. Après mon attaque j’ai continué et j’ai vu que ça ne revenait pas de suite alors j’ai compris que c’était le bon mouvement. Je connais bien cette ascension car j’ai fait beaucoup de stages en altitude à Livigno et donc je suis souvent passé par l’Albulapass.
Vous avez gagné grâce à votre attaque mais aussi grâce à votre descente.
Oui (sourire)… J’ai gagné en descente ! (rires) J’aurai préféré que la descente soit sèche. Je la connaissais bien et je sais que sur terrain sec j’aurai pu gagner plus de temps. Mais avec la pluie ça s’est quand même bien passé. J’ai fait le nécessaire pour rattraper (Michael) Woods et après je n’ai pas pris trop de risques.
Demain c’est Sölden, une ascension que vous connaissez bien et où vous devrait prendre du temps.
C’est une ascension interminable ! Avec beaucoup de pourcentages. Il faut beaucoup de mental dans ce genre d’ascension. Je pense que ça ne sera pas aussi tactique qu’aujourd’hui et que ça se fera beaucoup plus à la jambe. Bien sûr j’espère avoir des jambes aussi bonnes qu’aujourd’hui pour reprendre encore du temps demain, notamment sur des adversaires qui seront meilleurs que moi sur le chrono de dimanche.
Qui sont vos adversaires principaux ?
En général Caruso car il est plutôt bon au chrono et il se défend bien en montagne. Kruijswijk et Spilak aussi.