Paris-Nice : Marc Soler renverse la course au panache, l’étape pour David De La Cruz
Comme ces dernières années, la dernière étape de Paris-Nice a offert un final en apothéose et au paroxysme du suspense ! Ce dimanche, c’est finalement Marc Soler qui a enlevé l’édition 2018 de la « Course au Soleil », disputée sous la pluie aujourd’hui, après une manoeuvre osée à près de cinquante kilomètres de l’arrivée ! Le jeune Espagnol de la Movistar a rejoint la ligne d’arrivée avec David De La Cruz (Team Sky), vainqueur à Nice pour la deuxième année d’affilée, et Omar Fraile (Astana), second, et a pu déloger Simon Yates (Mitchelton-Scott) du premier rang pour quatre petites secondes. Le Britannique a montré des signes de faiblesses et n’a pas été en mesure de combler suffisamment l’écart dans le final. Il doit ainsi se contenter de la seconde place tandis que c’est Gorka Izagirre (Bahrain-Merida) qui complète le podium du classement général.
La huitième et dernière étape de ce Paris-Nice 2018 démarre sur les chapeaux de roue peu après midi ce dimanche. Elle démarre aussi sous un temps particulièrement dantesque, avec des averses très soutenues et incessantes. Mais malgré tout, la bataille est immédiatement lancée, notamment par l’intermédiaire de l’équipe Lotto-Soudal, qui contrôle toutes les offensives jusqu’à la côte de Levens, la première bosse du jour, avant de le faire voler en éclat. De multiples attaques émergent aussi à l’avant alors que d’autres sont déjà à la peine, à l’instar d’Esteban Chaves ou Lilian Calmejane. Ces premières offensives sont infructueuses mais elles permettent d’établir une véritable sélection dans le peloton, puisque seulement une bonne vingtaine d’hommes, dont tous les favoris. L’étape n’a démarré que depuis vingt bornes, il en reste quatre-vingt-dix, mais il y en a déjà de partout. Et se présente alors le sprint intermédiaire, sans doute ce derrière quoi courait la Lotto-Soudal et Tim Wellens. Le Belge y prend la deuxième place (et deux seconde de bonifications), derrière Gorka Izagirre mais devant Simon Yates. La bataille pour le général fait déjà rage.
À la suite de ce moment fort, les coureurs observent un petit temps mort et ce sont Julian Alaphilippe, Omar Fraile et Jakob Fuglsang qui en profitent pour passer à l’attaque. Très vite, le « peloton » se retrouve pointé à environ une minute, et il récupère quelques éléments revenus de l’arrière. Devant, Fuglsang doit abandonner sa place dans l’échappée après une chute dans la descente de la côte de Chateauneuf. Quelques instants plus tard, il est réintégré par un peloton d’une trentaine d’unités comprenant tous les favoris. En tête, Alaphilippe et Fraile continuent d’unir leurs forces mais la Mitchelton-Scott contrôle l’avancée du duo, une petite minute derrière. Les deux hommes de tête avalent ensuite le Col de Calaison, et juste derrière, abordent la Côte de Peille, la plus difficile ascension de la journée. Dès les premières pentes, Fraile se débarrasse d’Alaphilippe, à bout de forces. Dans le même temps, dans le peloton, ce sont Marc Soler, David De La Cruz et Ion Izagirre qui passent à l’offensive. Simon Yates ne réagit pas et ses équipiers ne peuvent plus l’aider. Soler et De La Cruz insistent dans ce contre et Ion Izagirre ne peut plus tenir leurs roues après quelques instants.
Au fil de la montée de la Côte de Peille, le duo espagnol se rapproche donc d’Omar Fraile, qu’ils rejoignent juste avant le sommet. Le peloton passe 1’25 plus tard sous l’impulsion de la Bahrain-Merida, qui supplée la Mitchelton-Scott. Il reste alors quarante kilomètres à parcourir et Marc Soler se retrouve maillot jaune provisoire. Dans la descente, toutefois, Yates récupères des équipiers, qui ramènent le peloton à cinquante secondes à 29 bornes de la ligne, juste avant l’ascension d’une petite section du Col d’Eze. Matteo Trentin, impressionnant auprès de Yates, garde le contrôle du peloton, parfois aidé par Bahrain-Merida, mais cède logiquement du temps quand la route s’élève face aux trois grimpeurs en tête. L’écart repart à la hausse et est estimé à une minute au moment de basculer dans la descente, relativement sèche grâce à la disparition de la pluie. Omar Fraile en profite pour exhiber ses qualités de descendeur et prendre quelques secondes d’avance sur ses compatriotes. Le peloton, lui, ne reprend quasiment rien et entame le Col des Quatre Chemins, à 14 bornes du but, avec toujours une bonne minute de retard.
En tête, De La Cruz et Soler reviennent rapidement sur Fraile, et c’est le maillot blanc qui dicte à nouveau le tempo, puisqu’intéressé par la victoire finale. Dans le peloton, ça ne tarde pas à exploser, les coureurs lâchent un à un, et Bahrain-Merida reprend les commandes avant de lancer Ion Izagirre à l’attaque. Le Basque prend quelques longueurs et le maillot jaune Simon Yates ne peut répondre ! Le Britannique cale quelque peu, sans complètement défaillir, mais prend un autre coup sur la tête lorsque Tim Wellens démarre à son tour. Le Belge est suivi par Richard Carapaz, Dylan Teuns, Gorka Izagirre et s’en va reprendre Ion Izagirre. Yates tente pour sa part de limiter les dégâts. En tête, Soler aussi commence à éprouver des difficultés, après avoir beaucoup travaillé. Il est ainsi lâché momentanément par De La Cruz, mais parvient à maintenir un bon rythme pour revenir au sommet, à 10 bornes de la ligne. Dans le groupe Wellens, en contre, la collaboration est bonne, mais pourtant peu efficace, puisque l’écart reste de 45 secondes environ. Simon Yates est lui un peu plus loin, à une bonne minute.
Ne reste donc plus que la descente vers Nice, et Marc Soler semble en bonne voie de réaliser son coup de maitre ! Qui plus est, à 6 kilomètres, les frères Izagirre tombent au sol, et se font reprendre par le petit groupe Simon Yates. Intercalés, on ne trouve plus que Wellens, Carapaz et Teuns, et le coureur de la Lotto-Soudal tente de mettre les gaz. En tête, Fraile réussit à nouveau une belle descente, qui lui permet de revenir sur le duo De La Cruz-Soler, et même de passer à l’offensive. Ils sont toutefois bien roue dans roue à deux bornes de la ligne tandis qu’un regroupement entre les groupes Wellens et Yates s’opèrent derrière, à environ 45 secondes. Soler s’emploie dans les derniers hectomètres pour rallier la ligne le plus rapidement possible, sacrifiant évidemment la victoire d’étape. Et au sprint, De La Cruz vient battre Fraile de justesse à l’arrivée, conquérant la victoire à Nice pour la deuxième année d’affilée. Soler passe la ligne avec trois secondes de retard mais engrange 4 secondes de bonifications tandis que le groupe maillot jaune arrive avec … 38 secondes de retard sur la ligne. Après quelques petits calculs, Soler est donc sacré grand gagnant de Paris-Nice, pour quatre secondes devant Simon Yates, après un splendide numéro. Gorka Izagirre se classe lui troisième de ce Paris-Nice.
Classement de la huitième étape
1 David de la Cruz (Team Sky)
2 Omar Fraile (Astana Pro Team) m.t
3 Marc Soler (Movistar Team) à 0’03
4 Patrick Konrad (BORA – hansgrohe) à 0’38
5 Tim Wellens (Lotto Soudal) m.t
6 Simon Yates (Mitchelton-Scott) m.t
7 Dylan Teuns (BMC Racing Team) m.t
8 Richard Carapaz (Movistar Team) m.t
9 Gorka Izagirre (Bahrain Merida Pro Cycling Team) m.t
10 Ion Izagirre Bahrain Merida Pro Cycling Team) m.t
Classement général final
1 Marc Soler (Movistar Team)
2 Simon Yates (Mitchelton-Scott) à 0’04
3 Gorka Izagirre (Bahrain Merida Pro Cycling Team) à 0’14
4 Ion Izagirre (Bahrain Merida Pro Cycling Team) à 0’16
5 Tim Wellens (Lotto Soudal) m.t
6 Dylan Teuns (BMC Racing Team) à 0’32
7 Patrick Konrad (BORA – hansgrohe) à 0’44
8 Alexis Vuillermoz (AG2R La Mondiale) à 1’54
9 David de la Cruz (Team Sky) à 2’15
10 Felix Grossschartner (BORA – hansgrohe) à 2’35