Julian Alaphilippe : « Je ne me prends pas la tête »
Bien entendu l’idée est dans tous les esprits. Julian Alaphilippe (Quick Step) premier vainqueur français de Paris-Nice depuis… 20 ans ! et Laurent Jalabert en 1997. En remportant le chrono du Mont Brouilly le coureur de Quick Step a marqué les esprits en même temps qu’il a creusé les écarts. Mais est-ce que ce sera suffisant ? Autant le Mur de Fayence correspond bien à son explosivité et pourrait lui permettre d’accentuer encore plus son avantage autant il devra affronter de purs grimpeurs ce week-end dans la haute montagne, et notamment samedi avec l’arrivée au sommet du Col de la Couillole. Alaphilippe préfère ne pas encore y penser… ou pas trop.
Julian, vous avez écrasé ce chrono.
C’était vraiment le type de parcours qui me correspondait le mieux avec la première partie rapide, rendue un peu plus technique avec la pluie et l’ascension finale du Mont Brouilly. C’était parfait pour moi. J’avais de bonnes sensations et j’avais vraiment envie de bien faire. Depuis hier soir je pensais à ce parcours, à comment bien tout donner. Finalement je ne me suis pas vraiment posé de questions. Il fallait juste partir vite et être capable d’accélérer dans les derniers kilomètres.
Que représente cette victoire dans l’évolution de votre carrière ?
C’est une grande satisfaction car ça fait un petit moment que j’accumule les places d’honneur, que je suis proche de certaines victoires et qu’il ne me manque que très peu. Là il fallait que je saisisse ma chance. Avec les jambes que j’avais, ce parcours qui me correspondait, je ne pouvais pas laisser passer cette opportunité. J’ai vraiment tout donné. C’est un chrono, ce n’est pas comme une étape traditionnelle ou comme une grande classique mais j’espère que ça viendra un jour pour les autres victoires.
Vous commencez doucement à vous dire que vous êtes le favori numéro 1 pour remporter Paris-Nice dimanche ?
Je ne pense pas vraiment à dimanche encore. Demain est une nouvelle étape et je continue de prendre les choses jour après jour. On a vu avec les trois premières étapes que tout pouvait se passer. C’est une course de mouvement depuis le départ avec les bordures. Maintenant les reliefs vont s’accentuer dans les prochains jours et mes rivaux vont vouloir me rendre la course plus dure, je pense qu’il y a de quoi faire. C’est toujours un plaisir d’avoir un petit avantage mais 30’’ ou 1’ ce n’est pas grand dans un col de 15 kilomètres face aux meilleurs grimpeurs. Je sais que j’ai des aptitudes à bien passer la montagne mais… voilà. Franchement je n’y pense pas vraiment. Je ne me prends pas la tête.
On sent que vous ne voulez pas vous mettre la pression, mais l’idée que vous soyez en position d’être peut-être le premier français a remporté Paris-Nice depuis 20 ans ne vous a-t-elle pas traversé l’esprit ?
J’en suis conscient mais j’y penserai quand on sera plus proche de Nice. Pour être honnête j’y pense quand même un peu parce qu’il le faut. ça fait partie de la course et des responsabilités qu’engendrent le maillot jaune. Si je peux le garder le plus longtemps possible, ce serait bien.
Votre équipe sera aussi un atout avec de solides soutiens sur le plat et en montagne.
J’ai une énorme confiance en mon équipe, l’équipe a confiance en moi aussi. C’est ce qui fait que je suis épanoui et que j’arrive à réaliser de belles performances comme aujourd’hui. Sur ce chrono j’ai vraiment reçu les bons mots aux bons moments de la part de mon directeur sportif. Dans les premières étapes qui étaient très piégeuses on a su être acteur de la course. Tout ça ça n’est pas dû au hasard. Donc oui je suis confiant, j’ai la chance d’avoir des équipiers sur qui je peux compter.
Le Col de la Couillole est ce qui vous fait le plus peur ?
J’ai fait la reconnaissance, je sais à quoi m’attendre. Je l’ai reconnu à mon allure, dans des conditions d’entraînement plutôt agréables. Là ce sera en fin de course, à la fin d’une semaine déjà très difficile qui pèse sur les jambes. Mes adversaires ne lâcheront rien. Je m’attends à ce que ce soit vraiment difficile jusqu’à l’arrivée, comme c’est le cas depuis le départ. Il n’y a pas que le Col de la Couillole, chaque jour peut-être difficile, que ce soit l’étape de Fayence, même celle de demain en fonction de la météo. C’est pour ça que j’insiste sur le fait que je suis très content d’aujourd’hui, que j’en profite et que demain est un autre jour.