Giro 2018 : La RAI refuse d’aller faire les repérages techniques à Jérusalem

Mauro Vegni, le patron du Tour d’Italie, ne doit pas bien dormir ces jours-ci. L’accumulation est impressionnante ! Après la contestation des groupes Pro-Palestiniens, la colère et les menaces d’Israël suite à l’utilisation de l’appellation « Jérusalem Ouest », la situation s’est assombrie plus fortement ces dernières semaines avec la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël qui plonge le pays hôte du Grand Départ du Giro 2018 dans une incertitude sécuritaire durable. C’était déjà beaucoup. Mais hier en plus, le Monde entier apprenait le contrôle anormal de Christopher Froome (Team Sky)… censé être la grande star du Tour d’Italie 2018. Et si ce n’était pas encore assez, voilà que la RAI (télévision publique italienne), le diffuseur et producteur du Tour d’Italie refuse d’envoyer ses personnels en repérage technique à Jérusalem à cause du risque sécuritaire.

Choisir Israël comme « Grande Partenza » du Giro 2018 était un risque, comme tout le monde le sait. Mais il était difficilement imaginable que tant de choses s’accumulent. La participation de Froome devait encore ajouter au caractère exceptionnel de ce 101e Tour d’Italie. Mais aujourd’hui la présence du Britannique est remise en cause par son contrôle anormal au Salbutamol (lire ici) pour lequel il risque une suspension qui l’empêcherait probablement de participer au Giro. Et quand bien même il serait au départ, sa présence sera forcément très critiquée. Cependant le plus gros problème pour RCS, l’organisateur du Tour d’Italie, tient pour l’instant à la géopolitique. La reconnaissance par Donald Trump, le Président Américain, de Jérusalem comme capitale d’Israël plonge le pays dans une situation potentiellement explosive. Et même si les choses restent pour l’instant sous contrôle, l’incertitude demeure quant à la sécurité en Israël dans les mois à venir et à fortiori lorsque le pays accueillera un grand événement international comme le départ du Tour d’Italie.

Mais même avant la grande échéance le problème se pose pour Mauro Vegni. Les reconnaissances techniques par la RAI des trois étapes israéliennes ont été annulées ou plutôt reportées mais indéfiniment, comme le rapporte il Messaggero. « La RAI a décidé de ne pas envoyer ses techniciens en Israël à la suite de la note du Ministère des Affaires Etrangères d’Italie précisant le risque élevé de se rendre dans la zone en raison des événements de ces derniers jours, notamment l’attaque à New York » . Ces reconnaissances techniques sont indispensables pour assurer la retransmission télévisée des étapes. Pour l’instant il n’y a pas de solution. La possibilité de passer par un prestataire locale est évoquée mais elle n’est apparemment pas si simple que ça en raison des accords contractuels entre RCS et la RAI. Pourtant le Grand Départ de Belfast avait été filmé avec les moyens techniques d’EuroLynx (filiale d’EuroMédia) et celui d’Apeldoorn par les moyens techniques de NEP. Difficile de savoir quels sont les accords entre RCS et la RAI et quand bien même les moyens techniques sont fournis par un prestataire étranger, cela ne signifie pas que la RAI ne joue pas un rôle important dans la production des images.

Toujours est-il que toutes ces craintes font de plus en plus parler de la possibilité d’un plan B. Mauro Vegni l’a affirmé récemment, afin de rassurer tout le monde, il existe un plan B dans le sud de l’Italie. Il n’en a pas révélé plus si ce n’est qu’il faudrait des circonstances vraiment exceptionnelles pour qu’il soit mis en application. Cela ferait du Tour d’Italie 2018, une course 100% italienne. Ce n’est pas la première fois qu’on parle d’un plan B pour le Giro 2018. Souvenez-vous que le passage en Sicile a aussi un temps été remis en cause par un change politique à la tête de la région (lire ici). Les Pouilles étaient alors évoquées comme plan B. Elles pourraient également être le plan B si le départ d’Israël devenait impossible. La Sicile est aussi évoquée mais on ne sait pas dans quelle mesure vu que l’île italienne est déjà censée accueillir trois étapes.