Jakob Fuglsang : « Quand tous les détails sont au point … »

En arrivant sur le Critérium du Dauphiné, Jakob Fuglsang ne se doutait sûrement pas de ce qui l’attendait. Sevré de victoire depuis 2012 et bien souvent cantonné à un rôle d’équipier, le pensionnaire d’Astana a pris une dimension toute autre en l’espace de quelques jours. Les observateurs avaient d’ores et déjà noté son excellente condition et sa capacité à suivre les meilleurs en montagne, là où il pouvait parfois pêcher dans le passé. Sur le Dauphiné, le Danois n’aura finalement connu aucun trou d’air. Sans doute son bonheur était-il déjà complet au soir de sa victoire d’étape, sa première dans le WorldTour, à La Motte-Servolex. Depuis lors installé sur le podium provisoire du Critérium du Dauphiné, Jakob Fuglsang avait démarré l’ultime étape, ce dimanche, avec la ferme intention de le défendre. Viser plus haut, viser la victoire finale aurait semblé présomptueux au vu de la domination affichée par Richie Porte. Pourtant, ce soir, c’est bien lui qui va sabrer le champagne. Au terme d’une étape à l’intensité rare et au scénario complètement fou, le Danois a profité des errements du maillot jaune australien pour mettre en exergue ses qualités et son talent, toujours connus, mais trop peu souvent en application. Vice-champion olympique l’an passé, l’ancien coureur de la Saxo Bank a décroché ce dimanche son plus grand triomphe, dans les règles de l’art. 

Vous aviez dit ce matin qu’Astana attendrait la dernière ascension. Ce n’est pas vraiment ce qui s’est produit…

Au final, on voulait quand même gagner ! En début d’étape, quand Richie s’est retrouvé seul et que Valverde et Froome mettaient énormément de pression sur BMC, les autres voulaient déjà qu’on roule. Mais j’ai toujours dit : « non non, ce n’est pas dans notre intérêt de rouler maintenant. On veut attendre, on veut attendre… » Puis l’étape s’est poursuivie et ça n’a jamais cessé, avec des attaques, à gauche, à droite… Evidemment, à un certain point, nous avons pris part à la bataille. Puis quand Fabio (Aru) est parti avec Valverde, nous avions une belle main ! Je suis ensuite sorti avec Bardet et Dan Martin. Froome est revenu après la descente et il avait Kwiatkowski pour rouler dans la vallée avant d’aborder la montée finale. J’ai donc pu rester dans les roues et récupérer grâce à la présence à l’avant de Fabio. Tout a penché en notre faveur mais nous sommes toujours restés sur notre tactique : « on la joue cool, on reste calme, on attend la montée finale ».

Comment ce sont passés ces cinq derniers kilomètres ?

Je me disais qu’il fallait que je continue encore et toujours à pousser sur les pédales, mais sans en mettre trop, pour ne pas me retrouver dans le rouge car c’était vraiment une montée très difficile. Au final, j’ai enlevé mon oreillette car Dimitry Fofonov (son directeur sportif) me répétait que la route allait s’aplanir, mais ça ne cessait de monter, ça ne s’arrêtait pas (sourires) ! Heureusement, les jambes étaient là. Je me suis bien alimenté toute la journée car je savais que ça serait une étape super intense et je me suis senti bien du début à la fin. Aussi, j’ai cette particularité d’être meilleur quand le rythme est élevé dès le départ et j’en avais conscience au départ. J’étais confiant de pouvoir faire une belle dernière montée si je courrais intelligemment et que je ne dépensais pas trop d’énergie en amont.

Vous avez atteint un autre niveau sur ce Critérium du Dauphiné…

C’est vrai… Et c’est une belle ligne à mon palmarès. Je savais que j’étais très bien, que je m’étais bien préparé cette année et quand les tous les détails s’ajustent, ça fait une sacrée différence.

Maintenant, objectif Tour ?

Il était prévu que je fasse la Route du Sud mais je vais faire l’impasse pour ne pas gaspiller trop d’énergie. Je vais m’attacher à récupérer en vue du Tour de France et on verra bien. C’est encore loin, la fin du Tour encore davantage. Mais évidemment, tout cela est énorme pour moi et je suis heureux. Ce que j’ai gagné aujourd’hui, c’est déjà plus que ce que j’attendais de cette année. Tout le reste, maintenant, ne sera que bonus.

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