Critérium du Dauphiné : Dylan Van Baarle devance Jack Haig, Jakob Fuglsang sacré
Ce n’est pas par le feu d’artifices espéré que le Critérium du Dauphiné 2019 s’est conclu ce dimanche à Champéry, en Suisse. Au terme d’une courte étape bien accidentée mais sans grandes ascensions, Dylan Van Baarle a offert au Team Ineos sa deuxième victoire en deux jours, l’emportant au sprint face à son compère d’échappée Jack Haig (Mitchelton-Scott). Carl-Frederik Hagen (Lotto-Soudal) a décroché une belle troisième place tandis que les favoris n’ont pu se départager dans un final trop « facile ». Jakob Fuglsang a ainsi terminé dans la roue de ses concurrents et assuré son deuxième sacre sur le Critérium du Dauphiné après celui de 2017. Son dauphin n’est toutefois pas Adam Yates (Mitchelton-Scott), contraint à l’abandon, mais Tejay Van Garderen (EF Education First) tandis qu’Emanuel Buchmann (Bora-hansgrohe) se glisse à la troisième place du podium. Astana remporte par la même occasion sa dixième courses par étapes de la saison, la troisième WorldTour après les Tours de Catalogne et du Pays Basque.
Dans cette ultime étape du Critérium du Dauphiné, la bagarre est finalement de courte durée pour prendre l’échappée. Dans un départ en côte, il faut « seulement » dix bornes à douze hommes pour prendre le large. Assez facilement, Dylan van Baarle (Team INEOS), Carl Frederik Hagen (Lotto-Soudal), Herman Pernsteiner (Bahrain-Merida), Carlos Verona (Movistar), Felix Grossschartner (Bora-hansgrohe), Jack Haig (Mitchelton-Scott), Warren Barguil (Arkéa-Samsic), Sebastien Reichenbach (Groupama-FDJ), Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step), Sepp Kuss (Jumbo-Visma), Julien Bernard (Trek-Segafredo) et Alessandro De Marchi (CCC) s’enfuient et la formation Astana leur accorde volontiers un bon de sortie. Elle laisse même Nils Politt (Katusha-Alpecin) sortir en contre, et l’Allemand parvient à opérer la jonction peu après la troisième montée du jour, celle des Gets. Les coureurs entament déjà les 90 derniers kilomètes et le peloton naviguent tranquillement à trois minutes. L’écart grimpe même à quatre minutes au pied du Col du Corbier, considérée comme la plus exigeante ascension de la journée.
Toutefois, c’est le statu quo. L’échappée reste groupée et le peloton la grimpe au train, sans faire de dégâts. Au sommet, à 63 bornes du but, Julian Alaphilippe assure encore un peu plus son maillot à pois tandis que le peloton bascule tranquillement quatre minutes plus loin. C’est alors une longue vallée qui se profile en direction du Pas de Morgins. Le schéma de course reste stable mais un retournement de situation vient rebattre les cartes. Peu après le panneau indiquant les 50 derniers kilomètres, Adam Yates (Mitchelton-Scott) met le clignotant et abandonne la course, victime de maux d’estomac. C’est ainsi le dauphin du maillot jaune Jakob Fuglsang qui se retire et laisse donc encore davantage de marge au Danois d’Astana. La course reprend son cours malgré tout et les échappés s’en vont chercher le Pas de Morgins, au sommet duquel la frontière avec la Suisse est franchie. À nouveau, aucun mouvement n’est observée, et Alaphilippe ne prend même pas la peine de passer en tête à la bascule. En revanche, le peloton commence à s’active sous l’impulsion des équipes UAE Team Emirates puis AG2R-La Mondiale.
L’écart se réduit alors sous les trois minutes au sommet de cet antépénultième difficulté du jour. Les coureurs se lancent alors dans la longue descente vers le pied de la côte des Rives, et l’allure ne faiblit pas, bien au contraire, au sein du paquet. Ce sont alors les équipiers de Wout Poels qui mettent la pression et le chronomètre diminue au fil de la descente. En quatorze kilomètres, il passe de trois à deux minutes, et l’enchainement final se présente alors. Au sein de l’échappée, Carlos Verona (Movistar) et Warren Barguil (Arkéa-Samsic) sont les premiers à se porter à l’offensive. Le Breton fait une petite différence avec Carl-Frederik Hagen (Lotto-Soudal) mais Jack Haig (Mitchelton-Scott) fait l’effort et ramène quelques hommes avec lui. Parmi eux, l’Américain Sepp Kuss (Jumbo-Visma), qui place un contre tranchant. Seuls Haig et Hagen le suivent dans un premier temps, puis Dylan Van Baarle (Team Ineos) temporise avant de faire facilement la jonction. Au sein du peloton, la Movistar augmente le tempo et la sélection s’opère quelque peu. L’écart reste toutefois stabilisé à deux minutes et c’est bien en tête que se trouve le vainqueur du jour. Jack Haig le comprend bien et place une belle attaque à seize bornes de la ligne.
L’Australien s’isole un moment mais, à nouveau, Van Baarle parvient à rentrer au rythme. Derrière, en revanche, le ménage est fait. Hagen s’accroche en second rideau et Alaphilippe fait l’effort à contre-temps pour rentrer, mais les deux hommes buttent à 15-20 secondes du duo de tête. À 12 bornes du but, ces derniers terminent la côte des Rives et plongent dans la courte descente précédant la montée relativement simple vers Champéry. Au sein du peloton, aucune attaque n’est à signaler, mais un lâché important à est noter en la personne de Dylan Teuns, sixième du général. Toutefois, le reste des favoris est bien présent parmi la quinzaine de coureurs qui bascule sous la houlette d’Ineos. Se présente alors l’ultime difficulté du jour, longue de 5,5 km à 4,2%. En tête de course, Alaphilippe et Hagen continuent de collaborer en contre quelques instants, mais les jeux sont faits, et le Français décide d’ailleurs de se relever à cinq bornes de la ligne. Il laisse le Norvégien seul en poursuite, mais bien loin du duo Van Baarle-Haig, assuré de se jouer la gagne.
Dans le paquet, Astana reprend les commandes pour Jakob Fuglsang, dont le maillot jaune ne semble aucunement menacé sur des pentes bien trop roulantes. Personne n’ose d’ailleurs lancer une offensive, et les hommes de tête eux-mêmes restent roue dans roue jusque dans le dernier kilomètre. Malheureusement pour lui, Haig se retrouve devant Van Baarle sous la flamme rouge, et le Néerlandais reste bien calé dans la roue de l’Australien jusque dans les 300 derniers mètres avant de lancer son sprint et facilement s’imposer, offrant à Ineos son deuxième succès en deux jours. Deux kilomètres en amont, la Groupama-FDJ tente d’initier une offensive avec David Gaudu en rampe de lancement pour Thibaut Pinot. Le Franc-Comtois place un démarrage mais l’ensemble des favoris lui colle à la roue. Le final n’est pas assez dur et c’est finalement groupés que les prétendants au général en terminent. La bonne opération est pour Jakob Fuglsang, nullement inquiété, qui remporte le Critérium du Dauphiné pour la deuxième fois. Tejay van Garderen (EF Education First) et Emanuel Buchmann (Bora-hansgrohe) se hissent à ses côtés sur le podium final.
Classement de la huitième étape
1 Dylan van Baarle (Team INEOS)
2 Jack Haig (Mitchelton-Scott) m.t
3 Carl Fredrik Hagen (Lotto Soudal) à 0’50
4 Warren Barguil (Arkéa Samsic) à 1’12
5 Sepp Kuss Team (Jumbo-Visma) m.t
6 Sébastien Reichenbach (Groupama – FDJ) m.t
7 Julian Alaphilippe (Deceuninck – Quick Step) à 1’16
8 Alexey Lutsenko (Astana) à 1’59
9 Xandro Meurisse (Wanty – Gobert) m.t
10 Emanuel Buchmann (BORA – hansgrohe) m.t
Classement général final
1 Jakob Fuglsang (Astana)
2 Tejay van Garderen (EF Education First) à 0’20
3 Emanuel Buchmann (BORA – hansgrohe) à 0’21
4 Wout Poels (Team INEOS) à 0’28
5 Thibaut Pinot (Groupama – FDJ) à 0’33
6 Dylan Teuns (Bahrain Merida) à 1’11
7 Alexey Lutsenko (Astana) à 1’12
8 Dan Martin (UAE-Team Emirates) à 1’21
9 Nairo Quintana (Movistar) à 1’24
10 Romain Bardet (AG2R La Mondiale) à 1’38