Mondiaux – Espoirs Hommes : Marc Hirschi sacré en solitaire
Marc Hirschi ne laisse que des miettes. Déjà sacré champion d’Europe le mois dernier, le coureur suisse de 20 ans s’est cette fois-ci offert le titre mondial, ce vendredi, sur le parcours très escarpé d’Innsbruck. Au terme d’une sublime course collective de la sélection helvétique, c’est Hirschi qui a su conclure le travail. Sorti dans la dernière bosse avec Bjorg Lambrecht (Belgique) et Jaakko Hanninen (Finlande), le pensionnaire de la Sunweb Development a fait la différence dans l’ultime descente et n’a ensuite plus jamais été revu. Arrivé en solitaire, il décroche donc le maillot irisé et devient le premier coureur à doubler championnat d’Europe-championnat du Monde chez les Espoirs. Lambrecht doit lui se contenter de l’argent après son sprint victorieux face à Hanninen, beau médaillé de bronze.
Dans ce championnat du monde Espoirs 2018, la première attaque est signée du Polonais Szymon Tracz (Pologne). Ce dernier n’est dans un premier temps pas suivi dans sa tentative et mène donc les débats pendant une dizaine de kilomètres en solitaire. Ce n’est qu’après de longues minutes que deux hommes se lancent à sa poursuite : Izidor Penko (Slovénie) et Nickolas Zukowski (Canada). Dans un premier temps, toutefois, Tracz ne les attend pas, et le duo navigue à 30 secondes. Finalement, c’est à l’approche du kilomètre 30 que l’homme de tête décide de se relever et d’attendre du soutien. Dès lors, trois hommes s’unissent en tête de course avec près de trois minutes d’avance sur le peloton, emmené par l’Irlande d’Eddie Dunbar, récemment passé chez Sky. Les fuyards du jour continuent leur chemin ensemble jusqu’au pied de la première ascension du jour, le Gnadenwald. Alors, Penko est le premier à craquer et Tracz ne s’accroche que quelques instants de plus… Le Canadien Bukowski se retrouve seul en tête avec un peloton déjà bien agité, relativement tendu, et qui perd ses premiers éléments. L’écart passe sous la minute pendant la bosse, mais ça temporise ensuite, ce qui permet au rescapé de l’échappée d’entamer le premier des quatre tours de circuit autour d’Innsbruck avec 2’15 d’avance. Zukowski s’en va ensuite aborder la première montée d’Igls mais le paquet accélère nettement derrière.
Son avance fond et l’attaque des Danois met un terme prématuré à son entreprise. Au sommet, c’est alors un peloton groupé encore bien fourni qui bascule. Quelques attaques émaillent dans la descente et le plat qui suivent, mais à trois tours du but, cent concurrents composent encore le paquet. S’ensuit la seconde ascension d’Igls. Le train s’accélère progressivement et de nouvelles offensives font éruption. De fait, la sélection continue de s’opérer par l’arrière. En revanche, personne ne parvient à prendre les devants. L’Espagne tente bien d’animer les débats, sans véritable succès. Finalement, c’est dans la descente qu’un groupe parvient à faire le trou. On retrouve quatre Suisses, à savoir Patrick Müller, Lukas Ruegg, Gino Mader et Marc Hirschi, mais aussi Mikkel Frolich Honore (Danemark), Mark Padun (Ukraine) et Neilson Powless (Etats-Unis). Ce groupe réalise assez vite l’excellente opportunité qui se présente, et chacun y va alors de son relais. Surtout les Suisses. Derrière, les Italiens et les Russes se placent pour chasser mais l’écart atteint les 30 secondes à deux tours du but, soit à un peu moins de 50 kilomètres de la ligne. La différence augmente même à 45 secondes au pied de la nouvelle ascension d’Igls. Le peloton tergiverse quelque peu, au contraire des Helvètes en tête.
Malgré un beau matelas à l’avant, Mark Padun ne semble pas se satisfaire de la présence d’autant de Suisses à ses côtés. Il produit ainsi une attaque qui condamne Ruegg, et c’est tout. Quelques hectomètres derrière, la France apporte son aide à la poursuite mais l’écart reste inchangé. L’Italie décide alors de lancer un homme à l’offensive, Samuele Battistella, tandis que Müller et Padun s’isolent en tête. La course est bel et bien lancée, le peloton perd de nombreuses unités dont Ivan Sosa (Colombie), l’un des principaux favoris. Le groupe des « favoris » se réduit ainsi à une quinzaine d’unités seulement. Et les hommes forts décident enfin de sortir de leur réserve. Borg Lambrecht en personne une grosse accélération à l’approche du sommet. Alors, si Padun et Müller conservent 10 petites secondes au moment de basculer sur Mader, Hirschi, Honoré et Powless, ces derniers sont revus par les meilleurs du peloton. Lambrecht tente de relancer à nouveau sur le léger plat qui suit, mais c’est Eddie Dunbar (Irlande) qui place l’attaque la plus tranchante. Il est tout de même suivi par Gino Mader, et le duo s’intercale entre Padun/Muller et ce qui reste du peloton. À 30 kilomètres du but, les hommes de tête comptent quinze secondes d’avance sur le duo de poursuivants et trente sur le peloton. Bien qu’ayant un homme devant, Mader collabore avec Dunbar pour rejoindre la tête de course.
À l’entrée dans le dernier tour de circuit, la jonction n’est pas encore effective. Dix secondes séparent encore les deux duos tandis que le peloton reste pointé à 30 secondes. Dans la foulée, Mark Padun appuie ses coups de pédale tandis que Mader laisse faire Dunbar. Et donc, l’écart gonfle rapidement alors que le pied de l’ultime montée d’Igls est entamé. Dunbar et Mader sont repoussés à 30 secondes et sont même bientôt avalés par le peloton emmené à toute allure par Stef Cras pour Bjorg Lambrecht. On ne retrouve donc plus qu’un duo en tête et l’écart s’amaigrit grâce à l’énorme boulot de Cras. Cela condamne notamment Dunbar, bien trop généreux pendant une vingtaine de bornes. Stef Cras poursuit son effort quelques hectomètres supplémentaires puis, logiquement, doit s’écarter. Lambrecht se retrouve seul face à lui-même et prend ses responsabilités. Le Belge place quelques petites banderilles qui par leur répétition font énormément de dégâts. Padun et Muller sont bientôt réintégrés et Lambrecht n’emmène que Hirschi et le surprenant Jaakko Hanninen (Finlande) avec lui. Le pensionnaire de la Lotto-Soudal fait la totalité du travail et semble s’agacer de l’attentisme de ses deux concurrents.
À 15 bornes, il déclenche une nouvelle offensive sans parvenu à faire la différence. C’est donc à trois qu’ils basculent en tête une dernière fois dans la descente. Padun passe 15 secondes plus tard, rejoint par Gino Mader sorti d’un groupe de poursuivants.Dans la première partie de la descente, les trois leaders restent roue dans roue, mais peu après l’entrée dans les dix dernières bornes, Marc Hirschi place son démarrage. Lancé comme une fusée dans la descente, le Suisse parvient à prendre dix, vingt, cinquante et bientôt cent mètres. De retour sur le plat, Hirschi n’a donc plus à calculer et se met en mode rouleur pour les six derniers kilomètres. Derrière lui, Lambrecht et Hanninen collaborent mais paraissent bien moins efficace que le coureur de la Sunweb Development, déjà champion d’Europe cette année. À 4 kilomètres de la ligne, Hirschi creuse ainsi son avance à 12 secondes sur le duo de poursuite et plus de 30 sur Padun-Mader. En beau styliste, et avec un coup de pédale toujours puissant, Marc Hirschi s’envole alors vers le sacre et maintient son effort jusque dans les derniers hectomètres avant de savourer son titre arc-en-ciel. Derrière, Lambrecht prend le meilleur sur Hanninen au sprint pour récolter la médaille d’argent.
THAT move in the descent by @MarcHirschi 🇨🇭#InnsbruckTirol2018 pic.twitter.com/ViqoxAxh9q
— UCI (@UCI_cycling) 28 septembre 2018
2018 UCI U23 Road World Champion 🌈@MarcHirschi 🇨🇭@SwissCycling #InnsbruckTirol2018 pic.twitter.com/xvRTmRV45D
— UCI (@UCI_cycling) 28 septembre 2018
Classement
1 | HIRSCHI Marc | 4:24:05 | ||
2 | LAMBRECHT Bjorg | +15 | ||
3 | HANNINEN Jaakko | +15 | ||
4 | MADER Gino | +35 | ||
5 | PADUN Mark | +37 | ||
6 | CASTRILLO ZAPATER Jaime | +45 | ||
7 | POGACAR Tadej | +47 | ||
8 | HAYTER Ethan | +47 | ||
9 | MULLER Patrick | +47 | ||
10 | SHAW James | +47 |