Giro : Le bilan de la deuxième semaine

Après quinze jours de course et un premier week-end de haute montagne, Simon Yates a conforté son avance dans la course au maillot rose. Point d’orgue de la dernière semaine de ce Tour d’Italie, le contre-la-montre de 34km prévu ce mardi pourrait redistribuer les cartes avant d’entamer un ultime triptyque montagneux. 

Tops

Simon Yates (Mitchelton – Scott) : Alors que son équipe a parfaitement contrôlé la course en première semaine, parvenant même à placer son partenaire Esteban Chaves sur la deuxième marche du podium au classement général, le Britannique a continué d’appliquer sa stratégie offensive, même moins bien entouré. S’il a eu raison de son partenaire colombien qui a jeté l’éponge dans la course à la victoire finale et semble exténué, le maillot rose domine les autres favoris à chaque fois qu’ils se retrouvent en petit groupe. En profitant de la mésentente de ses rivaux en poursuite, Yates leur reprend encore 41 secondes dans les vingt derniers kilomètres de la 15e étape. Sur le Zoncolan samedi, il se retrouve sans coéquipier et réagit seul à l’attaque victorieuse de Chris Froome (Sky). A deux doigts de rattraper le quadruple vainqueur du Tour de France, Yates prend finalement la deuxième place et grappille encore des secondes sur ses adversaires directs. Le maillot rose a terminé neuf étapes sur quinze dans le top 10 depuis le début de la compétition et a 2’11 d’avance sur le tenant du titre Tom Dumoulin (Sunweb) au général.

Tom Dumoulin (Sunweb) : Dominateur sur les deux chronos proposés par le parcours du Giro 2017, le vainqueur sortant a remporté le premier c.l.m. du Tour d’Italie 2018 et devra faire aussi bien sur le second pour conserver une chance de victoire finale. Pour l’instant, le Néerlandais est dans les temps. Il a monté les cols les plus difficiles à son rythme, assis sur sa machine et n’a pas concédé un retard rédhibitoire sur le maillot rose. Mieux, il est en avance sur les purs grimpeurs Thibaut Pinot (Groupama – FDJ), Domenico Pozzovivo (Bahrein – Merida) ou encore Miguel Angel Lopez (Astana). S’il ne cesse de se montrer pessimiste sur ses chances de victoire finale, le leader de la Sunweb semble s’être au moins assuré un podium à Rome. Avec la montée en puissance du jeune Sam Oomen (10e dimanche, 15e samedi), Dumoulin peut maintenant compter sur un lieutenant capable d’imprimer un tempo régulier en tête de peloton dans les montées.

Christopher Froome (Sky) : Bien malin celui qui sait ce que réserve le quadruple vainqueur du Tour de France pour la troisième semaine. Le leader de la Sky a montré samedi sur les pentes du Monte Zoncolan qu’on ne peut jamais enterrer un coureur avec un tel palmarès. S’il a perdu du temps le lendemain, Froome a montré qu’il n’était pas tout à fait cuit pour la victoire finale. Il a répété à l’envie qu’il se battrait jusqu’au bout quoiqu’il arrive, quitte à finir 20e au général. Son objectif de monter en condition au fil du Giro semble bien en marche : méconnaissable sur les premiers jours de course, il a eu un sursaut d’orgueil en deuxième semaine. S’il tire profit de cette journée de repos et réalise un chrono à son niveau, il peut se replacer sérieusement dans le top 5 et entamer le dernier enchaînement montagneux avec des ambitions.

Flops

Fabio Aru (UAE) : Le champion d’Italie est à bout de forces. Après un début de Giro raté, il a tenté de prendre l’échappée dimanche, presque un chant du cygne pour le vainqueur de la Vuelta 2015. Le peloton a immédiatement réagi, le ramenant à la raison. C’est le début du calvaire pour le favori des tifosi. En difficulté à la moindre accélération, Fabio Aru s’entretient longuement avec son directeur sportif. Tout proche de l’abandon, il est finalement attendu par la moitié de son équipe qui l’emmène jusqu’à la ligne d’arrivée. Il en termine à plus de 19 minutes du vainqueur du jour. L’Italien doit maintenant profiter de la journée de repos pour se refaire une santé et tenter d’aller chercher une étape en troisième semaine.

Domenico Pozzovivo (Bahrein – Merida) : Troisième du général, l’ancien de l’équipe AG2R, aurait sans doute signé pour une place sur le podium après quinze jours de course. Néanmoins, son rêve de remporter le Giro un jour semble s’être définitivement envolé. En retard sur Tom Dumoulin à l’aube d’un contre-la-montre rectiligne de 34 bornes, le grimpeur italien de poche sait qu’il prendra un écart irréversible. Au même titre que Miguel Angel Lopez (Astana), Richard Carapaz (Movistar) et Thibaut Pinot (Groupama – FDJ), il a raté une occasion en or de prendre du temps au tenant du titre dans le final de la 15e étape. En se regardant plutôt qu’en se relayant, les grimpeurs ont laissé le rouleur Dumoulin refaire son retard sur le plat. Le Néerlandais les a rattrapé et a pris la troisième place, empochant même des bonifications. Une erreur dont Pozzovivo saura se souvenir si le classement général final se joue en secondes.

Thibaut Pinot (Groupama – FDJ) : Au même titre que Pozzovivo, le leader de la Groupama – FDJ sait que son groupe a raté une occasion en or lors de la 15e étape. « Ils comptaient tous leurs coups de pédale« , avait-il regretté quelques secondes après avoir passé la ligne d’arrivée. Lui n’a pas grand chose à se reprocher puisqu’il était le seul à appuyer de vrais relais. A son meilleur niveau actuellement, Thibaut Pinot va jouer le podium du Giro 2018 jusqu’au bout après sa 4e place en 2017. Il semble en revanche que son objectif de victoire finale à Rome ait du plomb dans l’aile, à moins de créer la surprise sur le chrono. Le leader français l’a déjà fait : sur le Tour de Romandie 2016, Pinot avait devancé Dumoulin, Bob Jungels (Quick Step) et Froome en remportant un contre-la-montre de 15km autour de Sion.
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