Paris-Nice : Le sacré coup double de Simon Yates

Cette fois-ci, Simon Yates aura mené à bien ses attaques. À l’offensive vendredi dans le final vers Vence, le jeune Britannique n’avait pas été couronné de succès. Ce n’était donc que partie remise. Dans une étape reine particulièrement exigeante sur Paris-Nice ce samedi, accompagnée d’une météo exécrable, le grimpeur de la Mitchelton-Scott s’est montré le plus fort dans l’ascension finale de La Colmiane. Après un énorme travail de sape de Roman Kreuziger, Simon Yates s’est isolé avec Ion Izagirre en tête de course avant de décramponner le Basque dans le dernier kilomètre et filer vers la victoire. Il a coupé la ligne avec huit secondes d’avance sur Dylan Teuns (BMC), finalement deuxième, et Izagirre, en profitant pour endosser le maillot jaune de leader suite aux défaillances de Luis Leon Sanchez (Astana) et Julian Alaphilippe (Quick Step Floors).

Comme attendu, dans cette étape reine de Paris-Nice lancée sous la pluie niçoise, c’est dans la première bosse du jour que l’échappée prend forme. Après plusieurs tentatives avortées dans la côte des Gattières, Thomas De Gendt (Lotto-Soudal) attaque pour prendre le maximum de points au sommet, et il est suivi par sept autres coureurs, avec qui il forme dès lors l’échappée du jour. Auprès du Belge, on retrouve Rory Sutherland (UAE Team Emirates), Tony Gallopin (AGR-La Mondiale), Jesus Herrada (Cofidis), Jarlinson Pantano (Trek-Segafredo), Amael Moinard (Fortuneo-Samsic), Nicolas Roche et Alessandro De Marchi (BMC). La Direct Energie tente de réagir dans la foulée, mais il est déjà trop tard. Les huit hommes prennent le large, environ deux minutes d’avance, jusqu’à ce que les équipiers du maillot jaune Luis Leon Sanchez (Astana) décident de contrôler. Ils voient bientôt la Bahrain-Merida et la Mitchelton-Scott venir à leurs côtés pour donner un coup de main en poursuite. Les fuyards du jour en font les frais puisque leur avantage n’excède alors que rarement les deux minutes. À 100 bornes de la ligne, toutefois, dans la côte de la Sainte-Baume, le peloton lève un peu le pied et permet aux attaquants du jour d’obtenir un peu plus de trois minutes d’avance.

Durant cette séquence, Dan Martin (UAE Team Emirates) jette l’éponge, comme son coéquipier Alexander Kristoff quelques instants plus tôt, et bien d’autres coureurs dans cette étape rendue difficile par la météo peu clémente. Le champion d’Espagne Jesus Herrada se montre d’ailleurs peu à l’aise dans les descentes humides et finit par rétrograder de l’échappée au peloton. Dans le Col Saint-Raphaël, De Gendt engrange de nouveaux points alors que le peloton remet en route. Surtout, dans la descente qui suit, à environ 60 bornes de la ligne, la Bahrain-Merida accélère le tempo et provoque des cassures. Sont alors piégés Tim Wellens (Lotto-Soudal), Sergio Henao (Team Sky) ou encore Lilian Calmejane (Direct Energie). Les coéquipiers des frères Izagirre poursuivent leur effort ayant noté l’absence de quelques favoris, et sont aidés dans cette tâche par la Mitchelton-Scott notamment. À 45 kilomètres de la ligne, Wellens et Henao comptent 30 secondes de retard, au sein d’un second peloton, et tentent de chasser pour reprendre leur place dans le groupe maillot jaune. Finalement, alors que l’avant-dernière difficulté du jour, la côte de Villars-sur-Var, est arpentée, le peloton revient à moins d’une minute de l’échappée. Wellens et Henao prennent quant à eux leurs responsabilités pour faire le jump tout seuls. Les écarts se réduisent, et dans la descente qui suit, la jonction est opérée.

Un peu plus loin, dans une autre portion descendante, Alessandro De Marchi passe au-dessus des rambardes et atterrit dans le ravin, sans gravité, tandis que Jarlinson Pantano touche lui le bitume. Cette chute à l’avant a pour conséquence de ralentir le peloton qui, au bas, se retrouve pointé à plus d’une minute. En tête, on ne retrouve alors plus que Gallopin, Roche et Moinard après l’accident dans l’échappée. De Gendt est lui avalé par le peloton mené par Astana, pointé à 1’30 du trio peu avant les vingt derniers kilomètres. Puis, dans l’approche de l’ascension finale de La Colmiane (16,3 km à 6,2%), l’équipe Astana repasse la vitesse supérieure. Au pied du juge de paix du jour, les hommes de tête n’ont donc plus que 45 secondes d’avance, et Moinard ne tarde pas à lâcher la roue de ses deux compères. Lilian Calmejane fait lui partie des premières victimes dans le peloton. À l’avant, Tony Gallopin se débarrasse de Nicolas Roche et prolonge l’aventure quelques minutes. Il est néanmoins maintenu à une quinzaine de secondes par un peloton pris en main par Bahrain-Merida, qui condamne d’ailleurs Esteban Chaves. Un peloton qui reprend finalement le dernier rescapé de l’échappée, Tony Gallopin, à douze bornes du sommet.

La formation Astana se contente alors d’imprimer un train régulier en tête de paquet et, pendant une dizaine de minutes, personne ne vient interrompre la bonne marche de l’équipe kazakhe, dont le leader Luis Leon Sanchez reste bien ancré aux premières positions. Les choses se gâtent toutefois à un peu plus de six kilomètres de la ligne. Simon Yates demande à Roman Kreuziger (Mitchelton-Scott) de durcir le tempo, et ça ne manque pas de faire des dégâts. Le Tchèque fait le ménage, le peloton de 30 coureurs se réduit de moitié, et parmi les victimes, le maillot jaune en personne ! Sanchez est décroché dès la première accélération et Kreuziger poursuit lui son travail de sape pendant deux kilomètres avant de lancer sur orbite Simon Yates ! Le Britannique pose un gros démarrage, que seul Ion Izagirre (Bahrain-Merida) peut encaisser. Derrière les deux hommes, Henao tente d’y aller, sans succès, alors que Julian Alaphilippe (Quick Step Floors) est tout aussi impuissant. C’est donc la Bora-hansgrohe puis la Sky qui prennent les rênes du groupe des favoris, à une quinzaine de secondes du duo Yates-Izagirre. De La Cruz imprime notamment un bon rythme pour Henao, mais le champion de Colombie n’apparait pas sous son meilleur jour, et ne peut faire autre chose que suivre. Ce dont n’est d’ailleurs plus capable Alaphilippe à deux bornes de la ligne.

Après avoir beaucoup tiré la langue, le Français explose après une offensive majeure de Dylan Teuns (BMC). Le jeune Belge tente d’aller chercher les deux hommes de tête, tandis que ce sont Tim Wellens (Lotto-Soudal), Gorka Izagirre (Bahrain-Merida) et Patrick Konrad (Bora-hansgrohe) qui résistent le mieux derrière les trois hommes de tête. À l’avant, Simon Yates tente une première fois de se débarrasser d’Izagirre, sans succès, mais sa seconde tentative est la bonne et le grimpeur de poche fait la différence peu avant la flamme rouge pour s’envoler vers la gagne. Le frère jumeau d’Adam creuse dans les derniers hectomètres et s’en va réaliser le coup double au sommet de La Colmiane. Huit secondes plus tard, c’est finalement Dylan Teuns (BMC) qui vient subtiliser la deuxième place à Ion Izagirre (Bahrain-Merida). Gorka Izagirre termine quelques instants plus tard avec Tim Wellens tandis que Julian Alaphilippe (Quick Step Floors) passe la ligne avec plus de deux minutes de retard et Luis Leon Sanchez avec plus de quatre minutes.

Classement de la septième étape

1 Simon Yates (Mitchelton-Scott)
2 Dylan Teuns (BMC Racing Team) à 0’08
3 Ion Izagirre (Bahrain Merida Pro Cycling Team) m.t
4 Gorka Izagirre (Bahrain Merida Pro Cycling Team) à 0’13
5 Tim Wellens (Lotto Soudal) m.t
6 Patrick Konrad (BORA – hansgrohe) à 0’20
7 Sergio Luis Henao (Team Sky) à 0’46
8 Marc Soler (Movistar Team) m.t
9 Jakob Fuglsang (Astana Pro Team) à 0’48
10 Sam Oomen (Team Sunweb) à 0’54

Général après la septième étape

1 Simon Yates (Mitchelton-Scott)
2 Ion Izagirre (Bahrain Merida Pro Cycling Team) à 0’11
3 Gorka Izagirre (Bahrain Merida Pro Cycling Team) à 0’12
4 Tim Wellens (Lotto Soudal) à 0’13
5 Dylan Teuns (BMC Racing Team) à 0’27
6 Marc Soler (Movistar Team) à 0’37
7 Patrick Konrad (BORA – hansgrohe) à 0’39
8 Sergio Luis Henao (Team Sky) à 0’57
9 Julian Alaphilippe (Quick-Step Floors) à 1’48
10 Alexis Vuillermoz (AG2R La Mondiale) à 1’49